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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Nr. 6
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Bénédite, Léonce: Les salons de 1898, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0466

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GAZETTE DES BEaUX-ARTS

nos habitudes. Comment distinguer aujourd’hui la peinture décora-
tive, l’histoire, le genre historique, le genre proprement dit, le por-
trait, le paysage, les intérieurs, etc., quand des décorations de palais
ont l’air de grandes vignettes, quand des portraits affectent, au con-
traire, des prétentions décoratives, quand l’histoire et le paysage
entrent dans une si intime collaboration, tantôt pour évoquer plus
fortement le passé par la sensation du présent, tantôt pour aviver le
présent des charmes du souvenir?

A" a-t-il vraiment un autre point de vue auquel nous puissions
nous placer, désormais, pour suivre le développement des artistes,
que de les considérer suivant la façon dont leur vision se comporte
devant les spectacles de la vie ou dont leur cerveau conçoit les formes
du rêve, de rechercher à quel point ils s'écartent de la tradition ou
bien comment, au contraire, ils la continuent ou la renouvellent ?

Nous avons déjà constaté que la physionomie du Salon, cette
année, se présente sous un aspect inaccoutumé. Elle offre un en-
semble relativement complet de l’état actuel de notre école. Peu
d’abstentions s’y font remarquer. Chacun a voulu répondre à l’appel,
comme pour une répétition préliminaire de la grande Exposition de
1900. Ce spectacle ne nous a pas été donné très souvent d’une mani-
festation aussi imposante. La première conséquence heureuse en a
été le choix exceptionnel d’acquisitions opérées par l’Etat. Le Luxem-
bourg ne trouve pas, tous les ans, d'aussi belles occasions de s’enri-
chir. 11 s’ensuit, également, qu’un étranger, peu au courant de notre
mouvement artistique, qui étudierait notre exposition avec soin et
avec méthode, pourrait, cette fois, sans trop de difficultés, malgré
quelques tâtonnements à travers la houle confuse et bruyante des
compositions bâtardes et secondaires et des vulgaires carrés de toile
sans intérêt, se faire une idée à peu près juste des tendances géné-
rales de notre art et du caractère de nos principales personnalités.

Mais comment essaierait-il de se guider à travers le dédale em-
brouillé de ces productions de nature si contradictoire? J’aime à
croire que, suivant dans son étude les évolutions parallèles de l’esprit
humain dans notre temps, il tenterait de se constituer une histoire
du développement de la pensée artistique parmi les générations
successives qui composent l’art vivant. 11 trouverait, debout encore,
toutes les formes du passé, les écoles fondées l’une sur l’autre depuis
le début du siècle, les débris du classicisme et du romantisme, du
naturalisme, du réalisme, de l’impressionnisme, du symbolisme,
toutes ces formules qui indiquent les éternels conflits entre les cou-
 
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