LES SALONS DE 1898
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paysagistes et que de talent et de diversité parmi eux! La nature n'a
jamais eu tant et de plus lidèles adorateurs. Us s’entendent, d'ail-
leurs, à merveille, car ils Laiment chacun à sa façon, se rappelant
comment tous les maîtres les plus opposés l’ont aimée jadis, et
ajoutant leur encens personnel à ce culte fervent. Les uns la détail-
lent minutieusement, comme MM. V. Binet, Jan Monchablon cl
Muenier; les autres la voient largement, comme MM. Damoye,
Quignon, Quost, Guillemet. Il y a les poètes, qui continuent, en la
renouvelant la tradition des Rousseau, des Corot ou des Millet;
MM. J. Breton et Demont et Mmc Demont-Breton, toute une famille
de rêveurs qui observent, et d'observateurs qui songent ; les beaux
maîtres tels que MM. Harpignics, Cazin et Pointelin, honneur de
notre école, qui comprennent les grandes harmonies naturelles, et
MM. Lagardc, Billotte, Bouché, Zuber, Dufour, Jouhert, Guéry, et les
analystes consciencieux ou subtils : Barau, Gagliardini, Lhermitte.
Maufra, Thaulow, Baertsoen, car il n’y a même plus de nationalités el
toutes les écoles sont mêlées. Chaque région a maintenant ses pein-
tres : le Nord avec M. Tattegrain, qui ne quitte pas les plages de
Berck ; la Provence avec MM. Montenard, Dauphin, Olive, Allègre;
la Lorraine avec M. Petitj ean. Les Bretons sont recrutés plus par-
ticulièrement dans la colonie des jeunes coloristes, avec MM. Cottet,
Simon, Dauchez, que nous reverrons plus tard. Puis voici le groupe,
chaque jour plus nombreux, des orientalistes, Dinet avec ses belles
femmes assoupies sur les terrasses, Girardot, qui nous conduit à
travers le grouillement bariolé d’une grande fête marocaine, Bom-
pard, Rigolot, Chudant, M. Perret, Taupin, etc.
Si nous devons laisser de notre temps une image fidèle, n’est-ce
point par le portrait, peut-être, que nous serons le mieux compris de
la postérité ? Ce n’est pas seulement qu’on y trouvera le document
contemporain sous une forme abondante et variée, mais plutôt que
l’esprit d’observation et d’analyse, le sens psychologique de notre
race, sa mesure, son tact et son jugement, ne se sont jamais mieux
aftirmés qu’en cette représentation de la physionomie humaine, dans
laquelle nous avons, de tout temps, excellé. Nous nous sommes
attachés à reproduire les traits de ceux qui nous entourent, en les
caractérisant, en les animant, en les vivifiant par tous les moyens.
L’élément intellectuel, le principe littéraire qui entre pour sa part
dans la compréhension du portrait, est venu, par exception, féconder
ce genre. On a mis les gens dans leur milieu naturel, dans leurs
intérieurs ou en plein air, dans l'exercice de leurs fonctions ou
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paysagistes et que de talent et de diversité parmi eux! La nature n'a
jamais eu tant et de plus lidèles adorateurs. Us s’entendent, d'ail-
leurs, à merveille, car ils Laiment chacun à sa façon, se rappelant
comment tous les maîtres les plus opposés l’ont aimée jadis, et
ajoutant leur encens personnel à ce culte fervent. Les uns la détail-
lent minutieusement, comme MM. V. Binet, Jan Monchablon cl
Muenier; les autres la voient largement, comme MM. Damoye,
Quignon, Quost, Guillemet. Il y a les poètes, qui continuent, en la
renouvelant la tradition des Rousseau, des Corot ou des Millet;
MM. J. Breton et Demont et Mmc Demont-Breton, toute une famille
de rêveurs qui observent, et d'observateurs qui songent ; les beaux
maîtres tels que MM. Harpignics, Cazin et Pointelin, honneur de
notre école, qui comprennent les grandes harmonies naturelles, et
MM. Lagardc, Billotte, Bouché, Zuber, Dufour, Jouhert, Guéry, et les
analystes consciencieux ou subtils : Barau, Gagliardini, Lhermitte.
Maufra, Thaulow, Baertsoen, car il n’y a même plus de nationalités el
toutes les écoles sont mêlées. Chaque région a maintenant ses pein-
tres : le Nord avec M. Tattegrain, qui ne quitte pas les plages de
Berck ; la Provence avec MM. Montenard, Dauphin, Olive, Allègre;
la Lorraine avec M. Petitj ean. Les Bretons sont recrutés plus par-
ticulièrement dans la colonie des jeunes coloristes, avec MM. Cottet,
Simon, Dauchez, que nous reverrons plus tard. Puis voici le groupe,
chaque jour plus nombreux, des orientalistes, Dinet avec ses belles
femmes assoupies sur les terrasses, Girardot, qui nous conduit à
travers le grouillement bariolé d’une grande fête marocaine, Bom-
pard, Rigolot, Chudant, M. Perret, Taupin, etc.
Si nous devons laisser de notre temps une image fidèle, n’est-ce
point par le portrait, peut-être, que nous serons le mieux compris de
la postérité ? Ce n’est pas seulement qu’on y trouvera le document
contemporain sous une forme abondante et variée, mais plutôt que
l’esprit d’observation et d’analyse, le sens psychologique de notre
race, sa mesure, son tact et son jugement, ne se sont jamais mieux
aftirmés qu’en cette représentation de la physionomie humaine, dans
laquelle nous avons, de tout temps, excellé. Nous nous sommes
attachés à reproduire les traits de ceux qui nous entourent, en les
caractérisant, en les animant, en les vivifiant par tous les moyens.
L’élément intellectuel, le principe littéraire qui entre pour sa part
dans la compréhension du portrait, est venu, par exception, féconder
ce genre. On a mis les gens dans leur milieu naturel, dans leurs
intérieurs ou en plein air, dans l'exercice de leurs fonctions ou