Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (3. Per. 19.1898)

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

et de leurs paysages malingres et lamentables de banlieue plâtreuse
et de fortifications, n’a-t-il point montré, dans ce rare et délicieux
portrait de sa fille, si blanc, si discret, si chaste, qui rappelle les
visions les plus apaisées de Fantin-Latour, toute la distinction et la
tenue des plus nobles classiques? Et M. Carrière? Peut-on être plus
merveilleusement doué, non point seulement du véritable esprit de
compréhension psychologique, mais même du sens des beaux
modelés, que ce visionnaire embrumé, si vous voulez, — mais que
nous importe? — qui, dans cette décoration voilée de la Sorbonne,
comme dans ce portrait de vieille femme el d’enfant, construit ses
personnages par larges plans bien établis, avec la science consommée
d’un statuaire ?

Les fantaisies les plus capricieuses de M. Be-snard, fondées toutes,
même dans ses tours les plus prestigieux, sur l’observation très
ingénue de la façon dont se comportent les êtres et les choses, les
formes et les tons à travers les conflits des ombres et des reflets, el
des lumières contrariées, son Flamenco, d’un goût de terroir si
savoureux, son Marché aux chevaux, d’une si ardente lumière, et
surtout le beau Portrait de thécitre, où s’avance allègrement une
étrange et piquante jeune femme dans le chatoiement des couleurs
tendres el animées, avec un bel entrain de jeunesse, de joie et de
santé, ne le placent-ils pas, sans hésitation, à côté des plus féconds
et des plus brillants maîtres officiels de notre école?

LÉONCE RE N EDITE

(La suite prochainement.)