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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Per. 19.1898

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Nr. 6
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Müntz, Eugène: Les influences classiques et le renouvellement de l'art dans les Flandres au XVe siècle, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24683#0504

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478

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

Y

Les débuts de l'école flamande sont caractérisés par le réalisme,
un réalisme à outrance, qui n’atteint au grand style que chez les van
Eyck et qui, chez Rogier van der Weyden, Thierry Bouts et leurs
contemporains, ne se fait pardonner ses excès que grâce à la puis-
sance du coloris.

Avec Memling, le suave et tendre Memling, nous pénétrons
dans des régions plus clémentes, une zone plus tempérée. C’est que
Memling était Allemand d’origine, non Flamand, et que les Allemands
de ce temps, maîtres de l’école de Cologne et maîtres de l’école de
Souabe, Schongauer, Zeitblom, Holbein le vieux, et bien d’autres,
mêlaient au réalisme je ne sais quel culte de l’idéal. Mais Memling
n’aurait-il pas reçu une autre initiation encore? On a affirmé qu’il
visita 1 Italie. Si le fait n’est pas démontré, l'influence italienne du
moins est visible : sans action sur l'ordonnance des tableaux du
maître et même sur les types, elle éclate tout d’abord dans l’orne-
mentation. Nul doute sur la provenance des génies nus qui folâtrent
dans une série de ses tableaux : ils ont l’Italie pour patrie et
se rattachent, tout permet de l’affirmer, aux modèles de Mantegna.
Ces génies apparaissent dans la Madone au donateur du musée de
Vienne et dans la Madone entre deux anges du musée des Offices.
Ils ont pour pendant, comme chez Mantegna et Crivelli, de char-
mantes guirlandes de fruits et de fleurs1.

L’historien de la Renaissance dans les Flandres, Schoy, a déjà
proclamé qu’avant d’être bâtie l’architecture gréco-romaine fut
peinte et sculptée aux Pays-Bas. Mais il commet immédiatement une
grosse erreur en disant que les premiers peintres flamands qui adop-
tèrent l’architecture italienne furent B. van Orley, Massys, Léon de
Leyde, Blondel, Dirk van Staar, Jehan Swart et Coxcie2. En remon-
tant d’un demi-siècle, nous trouvons chez Memling un étrange et
peu séduisant compromis entre le gothique et la Renaissance.

Dans les Sept Douleurs de la Vierge, peintes en 1479 pour la
corporation des libraires et enlumineurs de Bruges (musée de Turin),

1. Une Madone du musée de Lyon (n° 187), conçue dans les données de Mem-
ling, mais d’un faire plus fin et plus serré, contient aussi de charmants génies
nus, tout à fait mantegnesques, assis sur des entablements; le soubassement, sur
lequel reposent des colonnes en jaspe, est orné de fleurs de lys florentines peintes
en grisaille. Ici encore, l’influence italienne est indéniable.

2. Histoire de l’influence italienne sur l’architecture dans les Pays-Bas, p. 68, 83.
 
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