LE CHATEAU DES COMTES DE GAND
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tare extérieure du petit fortin d’entrée. A l'étage supérieur, près
des créneaux, la façade est percée d'une meurtrière en croix, sous
laquelle vient s’encastrer un cartouche quadrilobé, dont l'inscrip-
tion remonte à Philippe d’Alsace :
M.C.LXXX . PHIL . COMES . FLAXD . ET . VIROM . FILI . THERICI . COM . ET . CIB1L1E .
FEC . H . CASTEL . PONI .
C'est-à-dire : 1180. Philippu.s cornes Flandrie et Viromandie,
fUius Theodorici comitis et Cibilie, fecit hoc castellum poni. Exposée
à la pluie, à la poussière, à toutes les intempéries, cette inscription
devint au bout de peu de temps presque illisible et fut recouverte
d’une plaque de bronze de forme identique, sur laquelle le texte
fut modifié de la façon suivante :
AXXO . DNI . M . C . LXXX . PHILIPP . COMES . FLANDRLE . ET . VIROMANDIE . FIL1ES .
THEODERICI . COMITIS ET . CIBILIE . FECIT . H ANC . PORTAM .
La lame se détacha, paraît-il, en 1803. Depuis ce moment, l'in-
scription primitive a reparu; on remarquera que Philippe d'Alsace
s’y attribue l’honneur d’avoir reconstruit le château, fecit hoc cas-
tellum poni, tandis que, suivant le texte de la plaque métallique,
le comte se serait contenté de faire bâtir le portail, fecit hancportam.
Les archéologues ont cru voir une contradiction dans ces rédactions
différentes. Les deux inscriptions, au lieu de se détruire, se com-
plètent. Philippe d'Alsace termina la construction du château et édifia
cette jolie poterne d’entrée, formant corps avec le mur d’enceinte,
lequel déroule des deux côtés son chapelet d’échauguettes.
Pénétrons maintenant sous la sombre voûte servant d’entrée au
castel. Jadis, paraît-il, ses parois étaient recouvertes de fresques
naïves, reproduisant les traits des premiers maîtres de la Flandre,
des sujets religieux, des emblèmes héraldiques. Aujourd’hui, les
pierres en sont noires et tristes, et nous comprenons tout de suite
que le vieux monument dut être, à un moment donné, une prison
inexorable dont les murs épais donnaient l’épouvante. De distance
en distance, néanmoins, on remarque des corbeaux de pierre rose,
joliment sculptés, qui jettent une note gaie sur les parois verticales
du couloir. La présence de ces motifs saillants ferait croire que le
passage était défendu naguère par des passavants ou ponts volants
destinés à arrêter les assaillants maîtres déjà de la porte. Cette hypo-
thèse n’a pu être confirmée.
Nous sommes à présent à l'intérieur du château. Le donjon est
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tare extérieure du petit fortin d’entrée. A l'étage supérieur, près
des créneaux, la façade est percée d'une meurtrière en croix, sous
laquelle vient s’encastrer un cartouche quadrilobé, dont l'inscrip-
tion remonte à Philippe d’Alsace :
M.C.LXXX . PHIL . COMES . FLAXD . ET . VIROM . FILI . THERICI . COM . ET . CIB1L1E .
FEC . H . CASTEL . PONI .
C'est-à-dire : 1180. Philippu.s cornes Flandrie et Viromandie,
fUius Theodorici comitis et Cibilie, fecit hoc castellum poni. Exposée
à la pluie, à la poussière, à toutes les intempéries, cette inscription
devint au bout de peu de temps presque illisible et fut recouverte
d’une plaque de bronze de forme identique, sur laquelle le texte
fut modifié de la façon suivante :
AXXO . DNI . M . C . LXXX . PHILIPP . COMES . FLANDRLE . ET . VIROMANDIE . FIL1ES .
THEODERICI . COMITIS ET . CIBILIE . FECIT . H ANC . PORTAM .
La lame se détacha, paraît-il, en 1803. Depuis ce moment, l'in-
scription primitive a reparu; on remarquera que Philippe d'Alsace
s’y attribue l’honneur d’avoir reconstruit le château, fecit hoc cas-
tellum poni, tandis que, suivant le texte de la plaque métallique,
le comte se serait contenté de faire bâtir le portail, fecit hancportam.
Les archéologues ont cru voir une contradiction dans ces rédactions
différentes. Les deux inscriptions, au lieu de se détruire, se com-
plètent. Philippe d'Alsace termina la construction du château et édifia
cette jolie poterne d’entrée, formant corps avec le mur d’enceinte,
lequel déroule des deux côtés son chapelet d’échauguettes.
Pénétrons maintenant sous la sombre voûte servant d’entrée au
castel. Jadis, paraît-il, ses parois étaient recouvertes de fresques
naïves, reproduisant les traits des premiers maîtres de la Flandre,
des sujets religieux, des emblèmes héraldiques. Aujourd’hui, les
pierres en sont noires et tristes, et nous comprenons tout de suite
que le vieux monument dut être, à un moment donné, une prison
inexorable dont les murs épais donnaient l’épouvante. De distance
en distance, néanmoins, on remarque des corbeaux de pierre rose,
joliment sculptés, qui jettent une note gaie sur les parois verticales
du couloir. La présence de ces motifs saillants ferait croire que le
passage était défendu naguère par des passavants ou ponts volants
destinés à arrêter les assaillants maîtres déjà de la porte. Cette hypo-
thèse n’a pu être confirmée.
Nous sommes à présent à l'intérieur du château. Le donjon est