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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Portalis, Roger: Claude Hoin, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0031

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CLAUDE H0IN

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M. Camille Oudiette, à Saint-Germain-en-Laye ; de M. Royer-Collard,
à Tours ; du musée de Dijon ; enfin, celui que possède Mme de Cham-
beret dans cette ville, superbe de maîtrise, d’une vie intense et
d’une largeur remarquable dans le métier. Le pastel est un art de
femme, a-t-on dit : il suffit de voir celui-ci pour être d’un avis
opposé, tant il est énergique et viril, au contraire. Signé Claude
Hoin, ci-devant peintre de Monsieur et du duc de Bouillon, peint par
lui-même, 1808, ce beau portrait prouve que l’artiste, malgré ses
cinquante-six ans, n’avait encore rien perdu de sa virtuosité. Il s’est
montré la ligure tournée presque de face, les yeux clairs largement
ouverts, le nez accentué et d’un beau dessin, les cheveux blancs
accommodés à l’ancienne mode ; expression intelligente et sympa-
thique, coloris bien vivant. Nous le préférons au pastel du musée,
qui semble un peu postérieur, à en juger par l’arrangement de la
cravate et du manteau, bien que la coiffure en ailes de pigeon rap-
pelle encore celle du xvme siècle.

Son pendant, bien intéressant pour nous, n’est autre que l’image
de la femme adorée dont nous allons raconter le roman intime,
d’Amélie Thuaut, veuve Lefort, devenue Mm0 Claude Hoin, par son
ami Cde Hoin, 1806. Avec quelle curiosité n’avons-nous pas regardé
ces beaux yeux bruns, que le peintre a célébrés avec tant de chaleur,
cette bouche spirituelle et moqueuse, ce nez légèrement retroussé,
toute cette figure grassouillette qu’encadrent des frisons noirs
retombant sur le front et les oreilles, à la mode du temps ! un
collier de perles, quelques fleurs au corsage chastement décolleté,
achèvent de la parer. Elle pouvait avoir alors trente-deux ans et
paraît plutôt petite et potelée. Bien que sans grande beauté, elle a
du charme, une aimable physionomie, et son image explique jusqu’à
un certain point la grande passion qu’elle avait inspirée à l’artiste.
On disait de La Tour qu’il voulait causer longuement avec son
modèle avant que de le peindre. L’artiste aura pu étudier celui-ci à
loisir, s’imprégner de la ressemblance et insuffler à son œuvre le
charme intime qui s’en dégage.

Pour finir avec les portraits conservés dans la même maison, à
Dijon, disons qu’il s’y trouve également les pastels ovales des frères du
peintre, le chirurgien et le procureur, moins importants que les pré-
cédents, et celui de Madame F. J. Hoin, seconde femme du premier et
dernière du nom. La tradition veut que l’artiste ait représenté sa
belle-sœur de manière à dissimuler certaine imperfection dans les
yeux, survenue pendant une maladie dont le médecin l’avait guérie.
 
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