A TRAVERS LA SOUABE
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et brillant de la cathédrale d’Ulm. Les têtes y sont de bois : rien
n’approche de la raideur de l’Enfant Jésus tendant une pomme à son
père nourricier ; il n’y a pas jusqu’au chardonneret qui ne soit gro-
tesque.
La Sainte Cène et les épi-
sodes de la Passion (1515) du
musée d’Augsbourg doivent
avoir été abîmés par les restau-
rations. Sinon comment expli-
quer que le peintre, à la gamme
si légère et si transparente, de
la cathédrale d’Ulm et de la
Pinacothèque de Munich, ait
dessiné ses personnages avec
tant de grossièreté et leur ait
donné une couleur si pâteuse,
notamment dans lesn05 6 7 et 68 ?
On attribue à la même
période Y Adoration des Mages
du Musée germanique de Nu-
remberg. Ici, Schaffner se
montre supérieur : ses figures,
qui s’étalent un peu trop en
largeur, procèdent à la fois par
leur désinvolture des modèles
italiens, et de Lucas de Leyde
parleur charmant coloris blond
sur lequel tranchent les carna-
tions rouges des pommettes.
Cela est d’un art tout ensemble
naïf et profane : l'influence ultra-
montaine éclate surtout dans
l’ornementation des pilastres, la-
quelle n’a plus rien de gothique.
Le chef-d’œuvre de Schaffner, c’est le maître-autel de la cathé-
drale d’Ulm. Nous y voyons, au centre, sous une sculpture en bois
polychrome, ouvrage anonyme, daté de 1521, une prédelle1 conte-
nant La Sainte Cène\ sur les volets intérieurs de gauche, La Descen-
SAINTE ANNE, LA VIERGE ET L ENFANT JESUS
PAR MARTIN SCHAFFNER
1. L’on croit, à tort, que les prédelles se trouvent uniquement en Italie.
L’Allemagne du xve et du xvie siècle aussi en a fait fréquemment usage.
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et brillant de la cathédrale d’Ulm. Les têtes y sont de bois : rien
n’approche de la raideur de l’Enfant Jésus tendant une pomme à son
père nourricier ; il n’y a pas jusqu’au chardonneret qui ne soit gro-
tesque.
La Sainte Cène et les épi-
sodes de la Passion (1515) du
musée d’Augsbourg doivent
avoir été abîmés par les restau-
rations. Sinon comment expli-
quer que le peintre, à la gamme
si légère et si transparente, de
la cathédrale d’Ulm et de la
Pinacothèque de Munich, ait
dessiné ses personnages avec
tant de grossièreté et leur ait
donné une couleur si pâteuse,
notamment dans lesn05 6 7 et 68 ?
On attribue à la même
période Y Adoration des Mages
du Musée germanique de Nu-
remberg. Ici, Schaffner se
montre supérieur : ses figures,
qui s’étalent un peu trop en
largeur, procèdent à la fois par
leur désinvolture des modèles
italiens, et de Lucas de Leyde
parleur charmant coloris blond
sur lequel tranchent les carna-
tions rouges des pommettes.
Cela est d’un art tout ensemble
naïf et profane : l'influence ultra-
montaine éclate surtout dans
l’ornementation des pilastres, la-
quelle n’a plus rien de gothique.
Le chef-d’œuvre de Schaffner, c’est le maître-autel de la cathé-
drale d’Ulm. Nous y voyons, au centre, sous une sculpture en bois
polychrome, ouvrage anonyme, daté de 1521, une prédelle1 conte-
nant La Sainte Cène\ sur les volets intérieurs de gauche, La Descen-
SAINTE ANNE, LA VIERGE ET L ENFANT JESUS
PAR MARTIN SCHAFFNER
1. L’on croit, à tort, que les prédelles se trouvent uniquement en Italie.
L’Allemagne du xve et du xvie siècle aussi en a fait fréquemment usage.