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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Müntz, Eugène: À travers la Souabe, [3]: Stuttgart - Ulm - Blaubeuren - Sigmaringen; notes d'art et d'archéologie
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0074

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A TRAVERS LA SOUABE

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retable peint par Schaffner, chaque personnage porte encore un
cercle d’or contenant son nom en belles lettres romaines.

Deux panneaux exposés à la sacristie complètent, à la cathé-
drale d’Ulm, l’œuvre religieux de Martin Schaffner. Ils nous montrent,
d’un côté, sainte Elisabeth de Hongrie et un mendiant, de l’autre,
sainte Anne, la Vierge et l’Enfant Jésus. Ce sont des figures élancées
et pleines de caractère, qui ne laissent rien à désirer, ni comme
liberté, ni comme ampleur (l’on critiquera seulement la dispropor-
tion de taille entre sainte Anne et la Vierge, entre sainte Elisabeth
et le mendiant). Quant à la gamme, elle est lumineuse, piquante,
imprévue ; c’est un délicieux composé de bleu cendré, de vert
pomme, etc., alternant avec un fond d’or. On dirait la Vierge de
Sant’ Onofrio interprétée par un Allemand. Par le mélange de force
et de clarté dans ses couleurs, Schaffner rappelle aussi le maître de
la Mort de la Vierge.

Dans la chapelle des Besserer, Schaffner se montre à nous pour
la première fois comme portraitiste. Son portrait d'Eitel Besserer
(1516, et non 1510, comme le porte le guide de M. Pfleiderer) est une
pure merveille. Le personnage, dont l’aspect rébarbatif et Pair ren-
frogné sont encore renforcés par un épais bonnet de fourrure, est
admirable comme vigueur et comme fondu de coloris ; il l’emporte
en souplesse et en chaleur sur les portraits de Durer et peut se
mesureravec les plus beaux de Holbein le jeune. Il nous prouve que,
si les maîtres de l’école d’Ulm ont un faire extraordinairement doux
et suave, à l’occasion ils savent aussi montrer de la force.

Au Musée d’art industriel d’Ulm, un retable portant le mono-
gramme MS (les deux lettres sont enlacées) et la date 1518 me
semble aussi sortir du pinceau de Schaffner. On y voit, au centre,
une Crucifixion, sculptée en bois, et sur les volets, en peinture,
sainte Barbe et sainte Catherine, saint Pierre et saint Paul. Ces
figures séduisent par un coloris charmant, quoique tirant quelque
peu sur le noir.

La verve de ce vrai peintre s’épuise à Ulm, où il nous apparaît
comme transfiguré. A l’époque où il travaillait pour la cathédrale, la
dose de réalisme que conservait sa robuste constitution germanique
était suffisante encore pour mitiger, sans produire de conflit, les
éléments empruntés à l’Italie. A peu d’années de là, ceux-ci prirent
le dessus : où nous avions salué un mélange vivant et succulent,
nous trouvons désormais une facilité et une correction qui avoi-
sinent la froideur. Tel est le trait dominant du retable ou plutôt

XXIII. — 3S PÉRIODE.

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