BIBLIOGRAPHIE
80
Debucourt a vu, comme Boilly, cléliler pendant trois quarts de siècle tant de
régimes différents et traversé tant de courants contraires que son œuvre, en
dépit des défaillances qu’il trahit et en ne tenant point compte des besognes de
commande, sera toujours consulté. Du déclin et de la chute de la royauté légitime
à l’avènement de la monarchie de Juillet, il ne demanda aux circonstances qu’un
légitime gagne-pain, et parfois même lui arriva-t-il d’accommoder à ces cir-
constances une estampe destinée à célébrer tout autre événement; à cet égard,
les transformations qu’a subies l’une d’elles sont tout à fait typiques : en 1791,
au moment où Louis XVI sanctionna la première constitution, Debucourt avait
mis au jour une planche intitulée Vive le Roi! qui, trois ans plus tard, devint une
allégorie en l’honneur de la Réception du décret du 18 floréal an 1T instituant la
fête de l’Être Suprême, et qui fournit un troisième tirage, cette fois relatif à la
signature du traité de paix entre la République française et l’Autriche ! Que nous
importent aujourd’hui les tergiversations politiques de ce brave Debucourt? Son
indifférence même nous est un sûr garant de sa bonne foi, et nous sommes cer-
tain qu’un témoin aussi désintéressé n'a jamais dû dire que la vérité.
MAURICE T O U R N E U X
LES SAINTS ÉVANGILES, traduction par l’abbé Glaire, illustrations d’après les
maîtres des xive, xve et xvic siècles L
a publication, sous une forme artistique, des Évangiles, asouvent
tenté les éditeurs modernes. A l’envi, ils nous les ont offerts
parés d’un luxe typographique plus ou moins grand, ornés de
compositions tantôt empruntées aux maîtres anciens, tantôt
signées d’artistes modernes en renom. Curmer, en 1836, donne
une traduction des Saints Évangiles par l’abbé Dassance, illus-
trée par Cavelier, Gérard Seguin, Brévière et surtout Tony
Johannot de gravures sur acier et d’encadrements dans le goût romantique
d’alors, où l’on voit des anges à longues robes volant parmi des arabesques. Plus
tard, en 1864, il renouvelle sa tentative sous une forme toute différente, en
enchâssant les Évangiles des dimanches et des fêtes de l’anncc dans des encadre-
ments et des miniatures d’un style médiéval plus authentique, empruntés aux
plus beaux manuscrits et reproduits en chromolithographie avec une perfec-
tion difficile alors à réaliser, qui fait de cet ouvrage, bien connu des biblio-
philes, un des livres les plus artistiques du siècle.
Entre temps, en 1862, l’Imprimerie Impériale avait donné une belle édition
in-folio des Saints Évangiles, ornée de grands frontispices de Lehmann et de
vignettes de MM. Barrias, Bouguereau, Lenepveu et V. Biennoury.
C’est ensuite —- pour ne citer que les essais les plus marquants — la
grande édition de la Bible publiée chez Marne, illustrée par ce brillant et fécond
improvisateur qui s’appelait Gustave Doré de compositions parfois dramatiques
et grandioses dans la partie de l’Ancien Testament, mais singulièrement
calmes et froides dans les Evangiles, et d'un orientalisme tout de convention.
1. Paris, Jean Boussod, Manzi, Joyant et Gie. Deux vol. in-4° de xxxi-148 p. et de
196 p., av. 354 gravures dans le texte et hors texte.
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Debucourt a vu, comme Boilly, cléliler pendant trois quarts de siècle tant de
régimes différents et traversé tant de courants contraires que son œuvre, en
dépit des défaillances qu’il trahit et en ne tenant point compte des besognes de
commande, sera toujours consulté. Du déclin et de la chute de la royauté légitime
à l’avènement de la monarchie de Juillet, il ne demanda aux circonstances qu’un
légitime gagne-pain, et parfois même lui arriva-t-il d’accommoder à ces cir-
constances une estampe destinée à célébrer tout autre événement; à cet égard,
les transformations qu’a subies l’une d’elles sont tout à fait typiques : en 1791,
au moment où Louis XVI sanctionna la première constitution, Debucourt avait
mis au jour une planche intitulée Vive le Roi! qui, trois ans plus tard, devint une
allégorie en l’honneur de la Réception du décret du 18 floréal an 1T instituant la
fête de l’Être Suprême, et qui fournit un troisième tirage, cette fois relatif à la
signature du traité de paix entre la République française et l’Autriche ! Que nous
importent aujourd’hui les tergiversations politiques de ce brave Debucourt? Son
indifférence même nous est un sûr garant de sa bonne foi, et nous sommes cer-
tain qu’un témoin aussi désintéressé n'a jamais dû dire que la vérité.
MAURICE T O U R N E U X
LES SAINTS ÉVANGILES, traduction par l’abbé Glaire, illustrations d’après les
maîtres des xive, xve et xvic siècles L
a publication, sous une forme artistique, des Évangiles, asouvent
tenté les éditeurs modernes. A l’envi, ils nous les ont offerts
parés d’un luxe typographique plus ou moins grand, ornés de
compositions tantôt empruntées aux maîtres anciens, tantôt
signées d’artistes modernes en renom. Curmer, en 1836, donne
une traduction des Saints Évangiles par l’abbé Dassance, illus-
trée par Cavelier, Gérard Seguin, Brévière et surtout Tony
Johannot de gravures sur acier et d’encadrements dans le goût romantique
d’alors, où l’on voit des anges à longues robes volant parmi des arabesques. Plus
tard, en 1864, il renouvelle sa tentative sous une forme toute différente, en
enchâssant les Évangiles des dimanches et des fêtes de l’anncc dans des encadre-
ments et des miniatures d’un style médiéval plus authentique, empruntés aux
plus beaux manuscrits et reproduits en chromolithographie avec une perfec-
tion difficile alors à réaliser, qui fait de cet ouvrage, bien connu des biblio-
philes, un des livres les plus artistiques du siècle.
Entre temps, en 1862, l’Imprimerie Impériale avait donné une belle édition
in-folio des Saints Évangiles, ornée de grands frontispices de Lehmann et de
vignettes de MM. Barrias, Bouguereau, Lenepveu et V. Biennoury.
C’est ensuite —- pour ne citer que les essais les plus marquants — la
grande édition de la Bible publiée chez Marne, illustrée par ce brillant et fécond
improvisateur qui s’appelait Gustave Doré de compositions parfois dramatiques
et grandioses dans la partie de l’Ancien Testament, mais singulièrement
calmes et froides dans les Evangiles, et d'un orientalisme tout de convention.
1. Paris, Jean Boussod, Manzi, Joyant et Gie. Deux vol. in-4° de xxxi-148 p. et de
196 p., av. 354 gravures dans le texte et hors texte.