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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
nous en fournit un exemple saisissant. Dans cet édifice, malgré
toute la volonté de construire selon les principes de l’art gothique,
on ne put résister au désir de placer sur les grands arcs une puis-
sante ligne horizontale, et cette ligne, à elle seule, a suffi à détruire
toute la logique et toute, la signification de l’édifice gothique.
Et en Italie, c’est à Florence seulement que le mouvement de
la Renaissance pouvait appa-
raître.
En effet, de nombreuses
régions de l'Italie, la Vénétie,
la Sicile, la Napolitaine, entiè-
rement soumises à l’influence
byzantine, avaientdepuis long-
temps perdu de vue les tradi-
tions latines. D’autres régions,
telles que le Milanais, par suite
de leur voisinageavecla France
et l’Allemagne, s’étaient laissé
séduire par toutes les nouveau-
tés gothiques. Rome seule, en
dehors de Florence, aurait pu
faire la Renaissance; mais de-
puis plusieurs siècles elle se
débattait au milieu des plus
durs embarras politiques et le
départ des Papes, au début du
xive siècle, acheva de lui faire
perdre toute influence dans le
domaine des arts.
A Florence, au contraire, tout se réunissait pour rendre inévi-
table le mouvement de la Renaissance. C’étaient tout d’abord les
traditions d’une vieille école, d’une école qui, n’ayant rien emprunté
à Byzance et ne s’étant assimilé que très imparfaitement les nou-
veautés gothiques, avait conservé, plus que tout autre, un vieux
fond d’idées latines. D’autre part, l’activité de ses hommes de
lettres avait, dès le xive siècle, ramené les esprits vers l’étude de
l’antiquité classique et, par une Renaissance des lettres, préparé la
Renaissance des arts. Au xv° siècle, Florence est dans une situation
politique et sociale des plus prospères et, comme toutes les villes
riches, heureuses, vivant au milieu de la paix, elle voit apparaître
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nous en fournit un exemple saisissant. Dans cet édifice, malgré
toute la volonté de construire selon les principes de l’art gothique,
on ne put résister au désir de placer sur les grands arcs une puis-
sante ligne horizontale, et cette ligne, à elle seule, a suffi à détruire
toute la logique et toute, la signification de l’édifice gothique.
Et en Italie, c’est à Florence seulement que le mouvement de
la Renaissance pouvait appa-
raître.
En effet, de nombreuses
régions de l'Italie, la Vénétie,
la Sicile, la Napolitaine, entiè-
rement soumises à l’influence
byzantine, avaientdepuis long-
temps perdu de vue les tradi-
tions latines. D’autres régions,
telles que le Milanais, par suite
de leur voisinageavecla France
et l’Allemagne, s’étaient laissé
séduire par toutes les nouveau-
tés gothiques. Rome seule, en
dehors de Florence, aurait pu
faire la Renaissance; mais de-
puis plusieurs siècles elle se
débattait au milieu des plus
durs embarras politiques et le
départ des Papes, au début du
xive siècle, acheva de lui faire
perdre toute influence dans le
domaine des arts.
A Florence, au contraire, tout se réunissait pour rendre inévi-
table le mouvement de la Renaissance. C’étaient tout d’abord les
traditions d’une vieille école, d’une école qui, n’ayant rien emprunté
à Byzance et ne s’étant assimilé que très imparfaitement les nou-
veautés gothiques, avait conservé, plus que tout autre, un vieux
fond d’idées latines. D’autre part, l’activité de ses hommes de
lettres avait, dès le xive siècle, ramené les esprits vers l’étude de
l’antiquité classique et, par une Renaissance des lettres, préparé la
Renaissance des arts. Au xv° siècle, Florence est dans une situation
politique et sociale des plus prospères et, comme toutes les villes
riches, heureuses, vivant au milieu de la paix, elle voit apparaître