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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 2
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Duret, Théodore: La gravure japonaise: à propos des récentes acquisitions du Cabinet des Estampes
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0145

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LA GRAVURE JAPONAISE

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seuls de suivre le développement chronologique en son entier,
tandis qu’en Europe c’est le contraire qui sera vrai.

Pour s’expliquer cette différence, il faut se rendre compte de
ce fait que la gravure artistique n’a pas eu, au Japon, le même point
de départ qu’en Europe. La gravure est née d'elle-même en Europe,
avec des procédés originaux, et s’est ensuite développée isolément.
On peut donc réunir un cabinet d’estampes en feuilles séparées, qui
offre des spécimens complets de l’art de la gravure à toutes les
époques. Si la gravure européenne est entrée dans les livres ce n’est
qu’accessoirement et les livres illustrés ne forment qu’une branche
secondaire de l’art.

Au Japon, au contraire, la gravure artistique n’a pas eu de
technique propre ni de moyens spéciaux. Elle n’a d’abord été qu’une
application particulière, une extension des moyens qu’on employait
depuis longtemps pour la production des livres et l’impression de
l’écriture. Voulant reproduire l’écriture par l’impression, les Japo-
nais gravaient sur des planches de bois les pages écrites et se
servaient ensuite de ces planches pour imprimer les feuilles du
livre. A un moment donné, ils se sont mis à graver, non plus seu-
lement de l’écriture, mais aussi des dessins, et la gravure artistique
s’est alors trouvée incorporée au milieu des pages écrites imprimées.
La gravure japonaise n’a point perdu son caractère originel. Elle
est restée exclusivement de la gravure sur bois, et c’est sur le tard
seulement qu’elle a pris son essor propre, à l’état d’estampes ou
de feuilles détachées. Pendant un siècle, elle s’est tenue étroitement
associée à l’imprimerie sur bois, dont elle était comme une exten-
sion, et, pendant tout ce temps, ses productions ne se rencontrent
que dans des œuvres que nous sommes obligés d’appeler livres

effet, enrichi de la collection de livres et d’albums illustrés formée par M. Théo-
dore Duret. Cette collection, commencée au Japon même, lors du voyage que
M. Duret y fit en 1871, en compagnie de M. Cernuschi, a été continuée depuis
systématiquement, de manière à s’étendre à tous les genres de la gravure compris
dans les livres et les albums. On pourra donc bientôt trouver à la Bibliothèque
Nationale la suite complète des monuments d’une des branches les plus intéres-
santes de l’art japonais.

M. Th. Duret doit rédiger, pour la Bibliothèque, un catalogue qui servira de
guide sur un terrain où, sans indication spéciale, il serait difficile de s’orienter et
de trouver le fil conducteur. Les pages suivantes, qui pourront servir de préface
à ce catalogue, résument l’histoire de la gravure artistique au Japon, telle que
les dernières recherches des japonisants permettent de la fixer.

N. D. L. R.
 
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