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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 23.1900

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Nr. 3
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Müntz, Eugène: À travers la Souabe, [4]: Stuttgart - Ulm - Blaubeuren - Sigmaringen; notes d'art et d'architecture
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https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0211

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198

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

que le comte de Yalencia de don Juan ou M. Maurice Maindron,
qu’il appartiendrait de se prononcer sur la valeur de cette série. Je
me bornerai à signaler, à côté d’innombrables engins de destruction,
quelques vitraux suisses de la Renaissance.

Le musée même des Hohenzollern est installé dans une sorte de
chapelle gothique, construite en 1862, à larges baies, garnies malheu-
reusement de vitres dépolies, ce qui raréfie l’éclairage. A l’entrée
sont déposées douze paires de babouches en feutre, vastes comme
des bateaux, et que les visiteurs sont tenus de chausser, afin de ne
pas détériorer le parquet. Pour les y encourager, le gardien leur
donne l’exemple. C’est ainsi accoutré que je franchis le seuil de
cette collection inestimable.

Dés l’abord, on est frappé de la richesse des vitrines, où s'accu-
mulent des ivoires du vne ou du vme siècle, provenant de la vente
faite, il y a quelques années, par la ville de Yolterra, et d’autres
ayant fait partie de la collection Spitzer, puis des plats dans lesquels
les merveilleux potiers de Gubbio et d’Urbino ont fixé, pour la
postérité la plus reculée, sous l’immarcessible émail, les couleurs
les plus savoureuses de leur palette. Ailleurs, c’est une précieuse
suite de dessins, parmi lesquels brille la superbe Adoration des
Mages esquissée par Bald. Peruzzi pour une des tapisseries du
Vatican L

L’école italienne compte un joli cassone du xve siècle, orné de
scènes de la vie de la Vierge placées chacune sous une petite arcade.
Le coloris, malheureusement, a poussé au noir.

Plus importante est la Vierge avec sainte Anne, que la critique
moderne s’accorde, ou peu s’en faut, à attribuer au Corrège. Le
tableau — d’un ton violacé — est tellement repeint, tout comme
celui du musée Stædel, à Francfort, qu'il est impossible de savoir
ce qui en est : il n’en reste littéralement que la carcasse. Je me
bornerai à constater que la sainte Anne, représentée sous les traits
d’une vieille femme, rappelle les types chers à Mantegna.

L’école flamande, à son tour, offre quelques tableaux qui ne
sont nullement à dédaigner. A Gérard David le catalogue attribue
une Annonciation, aux draperies bleuâtres (nos 2, 4). D’un côté,
l’ange Gabriel ; de l’autre, à genoux, la Vierge, remarquable par
son visage plein et recueilli. Le coloris est très vigoureux ; il est
fâcheux que le tableau ait été outrageusement verni.

Le petit Memling (n° 194), La Vierge trônant entre saint Georges

1- Publiée dans mes Tapisseries de Raphaël, p. 36.
 
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