DOI issue:
Nr. 6
DOI article:Rais, Jules: Le salon de 1900, [2]
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.24720#0534
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS
par eux — rendues aux graveurs. L’objection des exigences édito-
riales n’est d’aucune valeur ici. Ce sont des « chefs-d’œuvre » que
nous y doivent des artisans. Au petit nombre qu’on en voit, il faut
croire que beaucoup d’élèves s’abstraient dans leur maîtrise. Pour-
tant, autour de M. J.-P. Laurens, l’aquafortiste rude, l’ironiste
auguste de cette estampe hugolesque Le Pape et le Christ, voici
MM. Jean-Pierre, Laing, M. Chahine, notateur de mouvements
expressifs, de grâces souples et nuancées, M. Coppier (et, parmi ses
envois inédits pour nos lecteurs, La Sphinge, dont la conception
n’est guère moins à louer que la technique coloriste), MM. Buland,
Cuisinier, Roy, Pinet, Coroënne, Aid, Popesco, Mllcs Parson, Stein.
La lithographie, la gravure sur bois nous valent des compositions
originales de Mlle Atché et de M. Bouisset, de MM. Julien et Ardail.
Et pour la gravure d’interprétation, quel moyen de professer le
pessimisme quand elle se glorifie de planches comme cette Adoration
des Bergers d’après van der Goes de M. Léopold Flameng, le Vive
VEmpereur d'après F. Flameng de M. Auguste Boulard, la Procession
des Rois Mages de Benozzo Gozzoli, où M. Patricot mêle tant de
puissance à tant de délicatesse sereine, gracile et blonde. Elle retient
encore par les eaux-fortes de MM. Burney, Dézarrois, Pennequin,
Bouvenne, par les bois mouvementés de Léveillé d’après M. Rodin,
de MM. Martin, Deveste, Rochette, François, Leyat, collaborant à
donner des illustrations de M. Maurice Denis pour Y Imitation une
transposition xylographique? et (ici, on croirait excursionner dans
quelque vieille salle d’antan oubliée sans les traductions faites par
M. Maillet et Sourbier de VIsmaël de Cazin, et d'un portrait d’Aman
Jean) par les lithographies de MM. Hodebert, Lerendu, Lachmitt,
Martin, Leleu, Damourette, Massot, de Mmes Granès et Goltdammer.
VI
Au crépuscule, un étang dans la forêt; les derniers rayons, les
premiers fantômes s’égouttent là, glissent, plongent. Tel est le
thème favori des paysagistes de ce Salon. Quel motif commun les
achemine vers de semblables décors d’automne, d’ombre et de
silence, sinon une pareille nostalgie, un secret instinct de refléter
aussi quelque chose, un peu de tendresse diffuse, de vie profonde,
le soleil qui saigne, le nuage qui s’évapore, la branche qui frémit,
la solitude intérieure qui, comme ces soirs, s’effare, pleure, se
referme? Dans le paysage, d’une conquête si récente, l’artiste
GAZETTE DES BEAUX-ARTS
par eux — rendues aux graveurs. L’objection des exigences édito-
riales n’est d’aucune valeur ici. Ce sont des « chefs-d’œuvre » que
nous y doivent des artisans. Au petit nombre qu’on en voit, il faut
croire que beaucoup d’élèves s’abstraient dans leur maîtrise. Pour-
tant, autour de M. J.-P. Laurens, l’aquafortiste rude, l’ironiste
auguste de cette estampe hugolesque Le Pape et le Christ, voici
MM. Jean-Pierre, Laing, M. Chahine, notateur de mouvements
expressifs, de grâces souples et nuancées, M. Coppier (et, parmi ses
envois inédits pour nos lecteurs, La Sphinge, dont la conception
n’est guère moins à louer que la technique coloriste), MM. Buland,
Cuisinier, Roy, Pinet, Coroënne, Aid, Popesco, Mllcs Parson, Stein.
La lithographie, la gravure sur bois nous valent des compositions
originales de Mlle Atché et de M. Bouisset, de MM. Julien et Ardail.
Et pour la gravure d’interprétation, quel moyen de professer le
pessimisme quand elle se glorifie de planches comme cette Adoration
des Bergers d’après van der Goes de M. Léopold Flameng, le Vive
VEmpereur d'après F. Flameng de M. Auguste Boulard, la Procession
des Rois Mages de Benozzo Gozzoli, où M. Patricot mêle tant de
puissance à tant de délicatesse sereine, gracile et blonde. Elle retient
encore par les eaux-fortes de MM. Burney, Dézarrois, Pennequin,
Bouvenne, par les bois mouvementés de Léveillé d’après M. Rodin,
de MM. Martin, Deveste, Rochette, François, Leyat, collaborant à
donner des illustrations de M. Maurice Denis pour Y Imitation une
transposition xylographique? et (ici, on croirait excursionner dans
quelque vieille salle d’antan oubliée sans les traductions faites par
M. Maillet et Sourbier de VIsmaël de Cazin, et d'un portrait d’Aman
Jean) par les lithographies de MM. Hodebert, Lerendu, Lachmitt,
Martin, Leleu, Damourette, Massot, de Mmes Granès et Goltdammer.
VI
Au crépuscule, un étang dans la forêt; les derniers rayons, les
premiers fantômes s’égouttent là, glissent, plongent. Tel est le
thème favori des paysagistes de ce Salon. Quel motif commun les
achemine vers de semblables décors d’automne, d’ombre et de
silence, sinon une pareille nostalgie, un secret instinct de refléter
aussi quelque chose, un peu de tendresse diffuse, de vie profonde,
le soleil qui saigne, le nuage qui s’évapore, la branche qui frémit,
la solitude intérieure qui, comme ces soirs, s’effare, pleure, se
referme? Dans le paysage, d’une conquête si récente, l’artiste