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PIERRE DE MARCA
ARCHEVESQUE DE PARIS.
Ierre de Marca Archevesque de Paris naquit dans la Ville de
Gant proche de celle de Pau capitale de Bearn,de parens nobles &
qui font remonter leur genealogie jusqu'au onzième sicelé ;ou un
Garcias de Marca, Capitaine de Cavalerie,rendit de grands services
à Gaston Prince de Bearn. Il commença à y avoir des gens de
Robe dans cette famille en l'année 1444. Et celuy dont nous parlons naquit
en l'année 1594. Comme les Huguenots estoient alors les maistres dans
le Bearn , &: que les Curés n'y failoient presque aucune fonction , son pe-
rç pour avoir la consolation de voir baptiser son fils dans le sein de l'Eglise
Catholique , le fit porter au Monastere de S. Pé de Generês du Diocese de
Tarbe,oûil reçut le Baptesme des mains d'un Religieux de cette maison, qui
par un esprit prophetique dit ces paroles après l'avoir baptisé : Tu es Petrus , &
fuper banc Petram ædificabo Ecclefam mearn, La suite a justifié l'heureuse applica-
tion de ces paroles. Car dés qu'il eut fait ses estudes tant d'Humanité & de Phi-
losophie que de Droit Civil & Canon , sa principale occupation fut de dispu-
ter contre les Huguenots & de les convertir : ce qu'il continua lors mesme qu'il
fut marié, & que ses affaires domestiques sembloient devoir le détourner de cet
employ. Il épousa fort jeune encore Marguerite de Fargues , issuë de la tnaison
des anciens Vicomtes de Lavedan en Bigorre , qu'il perdit après quelques an-
nées de mariage. En ce temps-là le Roy ayant entrepris de restablir les Eccle-
siastiques dans la possession de tous leurs biens , dont les Huguenots s'estoient
emparez, &: cette affaire ayant trouvé de grandes difficultez , le jeune Mar-
ca aydé de son pere y séconda si heureusement les intentions de Sa Majesté ,
qu'elle se termina par la restitution entiere de tous les biens des Catholiques^
Le Roy érigea alors le Conseil souverain de Bearn en Parlement , & luy en don-
na gratuitement une charge de President au Mortier , qu'il exerça avec toute
la capacité & toute l'intégrité qu'on pouvoit attendre d'un homme de son
merite. Le Roy ayant perdu en l'année 1639. un procès dans son Conseil d'E-
stat , & croyant l'avoir perdu injustement , il s'en plaignit au Chancelier Se-
guier en presence du Cardinal de Richelieu , & luy ordonna de choisir deux
hommes de sçavoir & de pieté pour les mettre dans son Conseil. En ce
temps-là Monsieur de Marca estoit à Paris pour les affaires du Parlement de
Pau, & s'étoit fait connoistre à Monsieur le Chancelier , qui le crût en quelque
sorte envoyé du Ciel pour remplir une des places de Consèiller d'Estat qu'il
avoir à donner. Ce fut en ce temps-là qu'il publia l'Histoire de Bearn & du
Pais adjacent , Livre tres curieux & plein d'excellentes recherches , qu'il
dédia à Monsieur le Chancelier , en reconnoissance des obligations qu'il luy
avoir. Il parût peu de temps après un Livre intitulé Optatus Galles de e^en^
do Schifaate , qui avertissoit les Êvesques d'un schisme prest à éclorre, en insi-
nuant que le Cardinal de Richelieu vouloir porter le Roy à establir un Patria^
che en France , & l'on ajoustoit que le Cardinal devoir estre ce Patriarche,
PIERRE DE MARCA
ARCHEVESQUE DE PARIS.
Ierre de Marca Archevesque de Paris naquit dans la Ville de
Gant proche de celle de Pau capitale de Bearn,de parens nobles &
qui font remonter leur genealogie jusqu'au onzième sicelé ;ou un
Garcias de Marca, Capitaine de Cavalerie,rendit de grands services
à Gaston Prince de Bearn. Il commença à y avoir des gens de
Robe dans cette famille en l'année 1444. Et celuy dont nous parlons naquit
en l'année 1594. Comme les Huguenots estoient alors les maistres dans
le Bearn , &: que les Curés n'y failoient presque aucune fonction , son pe-
rç pour avoir la consolation de voir baptiser son fils dans le sein de l'Eglise
Catholique , le fit porter au Monastere de S. Pé de Generês du Diocese de
Tarbe,oûil reçut le Baptesme des mains d'un Religieux de cette maison, qui
par un esprit prophetique dit ces paroles après l'avoir baptisé : Tu es Petrus , &
fuper banc Petram ædificabo Ecclefam mearn, La suite a justifié l'heureuse applica-
tion de ces paroles. Car dés qu'il eut fait ses estudes tant d'Humanité & de Phi-
losophie que de Droit Civil & Canon , sa principale occupation fut de dispu-
ter contre les Huguenots & de les convertir : ce qu'il continua lors mesme qu'il
fut marié, & que ses affaires domestiques sembloient devoir le détourner de cet
employ. Il épousa fort jeune encore Marguerite de Fargues , issuë de la tnaison
des anciens Vicomtes de Lavedan en Bigorre , qu'il perdit après quelques an-
nées de mariage. En ce temps-là le Roy ayant entrepris de restablir les Eccle-
siastiques dans la possession de tous leurs biens , dont les Huguenots s'estoient
emparez, &: cette affaire ayant trouvé de grandes difficultez , le jeune Mar-
ca aydé de son pere y séconda si heureusement les intentions de Sa Majesté ,
qu'elle se termina par la restitution entiere de tous les biens des Catholiques^
Le Roy érigea alors le Conseil souverain de Bearn en Parlement , & luy en don-
na gratuitement une charge de President au Mortier , qu'il exerça avec toute
la capacité & toute l'intégrité qu'on pouvoit attendre d'un homme de son
merite. Le Roy ayant perdu en l'année 1639. un procès dans son Conseil d'E-
stat , & croyant l'avoir perdu injustement , il s'en plaignit au Chancelier Se-
guier en presence du Cardinal de Richelieu , & luy ordonna de choisir deux
hommes de sçavoir & de pieté pour les mettre dans son Conseil. En ce
temps-là Monsieur de Marca estoit à Paris pour les affaires du Parlement de
Pau, & s'étoit fait connoistre à Monsieur le Chancelier , qui le crût en quelque
sorte envoyé du Ciel pour remplir une des places de Consèiller d'Estat qu'il
avoir à donner. Ce fut en ce temps-là qu'il publia l'Histoire de Bearn & du
Pais adjacent , Livre tres curieux & plein d'excellentes recherches , qu'il
dédia à Monsieur le Chancelier , en reconnoissance des obligations qu'il luy
avoir. Il parût peu de temps après un Livre intitulé Optatus Galles de e^en^
do Schifaate , qui avertissoit les Êvesques d'un schisme prest à éclorre, en insi-
nuant que le Cardinal de Richelieu vouloir porter le Roy à establir un Patria^
che en France , & l'on ajoustoit que le Cardinal devoir estre ce Patriarche,