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MR LE
PRESIDENT
DE THOU
A Famille de M'dë Thôu est une des illustres Familles de là
Robe. Celui dont nous faisons l'Eloge avoit recueilli comme pat
droit de succession toutes les bonnes qualitez de ses Ahcestres ,
la droiture de l'ame, l'amour de la Justice , & tout ce qui forme
une probité consommée , le courage, la sagesse & la science, il
sembloit mesme qu'il les eut reçues à condition de les porter à un plus haut
degré de perfection , tant il prit de peine à le rendre un des premiers hommes
de son siecle. Il naquit à Paris en l'année 155, & fit ses études aux Universitez
de Paris & d'Orléans. Après s'y estre enrichi de la connoisTance des Lettres
humaines & de la Jurisprudence , il voyagea en Italie , en Flandres & en Alle-
magne , ou il s'instruisit à fonds des mœurs, des coustumes , des interests des
Princes, & de la Geographie de tous ces Pays disferens ; Estudes qui luy servi-
rent merveilleusement, non seulement pour toutes les grandes négociations ou
il fut employé , mais pour mettre à fin ausssi glorieusement & aussi utilement
qu'il le fit ensuite , l'admirable Histoire qu'il nous a laissée.
Au retour de ses voyages il fut fait Conseiller & Maistre des Requestes , &
peu de temps après President au Mortier. Ses disferentes Charges luy donnè-
rent lieu de faire voir les talens qu'il avoit receus de la Nature , & qu'il avoit
cultivez par une estude continuelle. Aussi-tost que la journée des barricades
eut obligé le Roy Henry III. à quitter Paris , il se rendit incessamment auprès
de Sa Majestè, qui s'estant servi quelque temps de ses conseils , l'envoya en
plusieurs Pays estrangers pour diverses négociations. Lors qu'il estoit à Ve-
nife, & que là il eut appris la mort malheureuse du Roy , il alla aussi-tost
trouver Henry IV. qui le receut avec toutes les marques d'estime & de bien-
veillance imaginables , & qui l'admit dans tous ses conseils les plus secrets.
Et comme un des principaux talens de ce grand homme estoit de manier les
esprits par la force de son éloquence naturelle & acquise , & de les tourner
comme il luy plaisoit , Sa Majesté s'en servit en plusieurs affaires très-impor-
tantes. Il fut employé dans la Conference de Suresnes , & pour traiter avec les
Députez du Duc de Mercœur.
Le Roy luy donna la Charge de Garde de sa Bibliothèque, vacante par la
mort du grand Amiot Traducteur de Plutarque. Cette illustre Bibliothèque la
plus belle du monde , après celle du Vatican , ne tomba pas en de moins dignes
mains & n'en receut pas moins d'honneur qu'elle luy en fit. Elle devint plus que
jamais le réduit de ce qu'il y avoit de plus sçavans hommes & de plus vertueux
parmy les gens de Lettres , & ça estè particulierement sous sa conduite qu'elle
s'est rendue recommandable , tant par les hommes vivans qui y conferoient de
toutes sortes de sciences , que par les Autheurs morts qu'on y alloit consulten
Il fut nomme entre les Commissaires de la celebre Conference de Fontaine^
bleau, où le Cardinal du Perron confondit luy seul Duplessis Mornay souste-
nu de douze Ministres les plus habiles de ce temps-là.
L
MR LE
PRESIDENT
DE THOU
A Famille de M'dë Thôu est une des illustres Familles de là
Robe. Celui dont nous faisons l'Eloge avoit recueilli comme pat
droit de succession toutes les bonnes qualitez de ses Ahcestres ,
la droiture de l'ame, l'amour de la Justice , & tout ce qui forme
une probité consommée , le courage, la sagesse & la science, il
sembloit mesme qu'il les eut reçues à condition de les porter à un plus haut
degré de perfection , tant il prit de peine à le rendre un des premiers hommes
de son siecle. Il naquit à Paris en l'année 155, & fit ses études aux Universitez
de Paris & d'Orléans. Après s'y estre enrichi de la connoisTance des Lettres
humaines & de la Jurisprudence , il voyagea en Italie , en Flandres & en Alle-
magne , ou il s'instruisit à fonds des mœurs, des coustumes , des interests des
Princes, & de la Geographie de tous ces Pays disferens ; Estudes qui luy servi-
rent merveilleusement, non seulement pour toutes les grandes négociations ou
il fut employé , mais pour mettre à fin ausssi glorieusement & aussi utilement
qu'il le fit ensuite , l'admirable Histoire qu'il nous a laissée.
Au retour de ses voyages il fut fait Conseiller & Maistre des Requestes , &
peu de temps après President au Mortier. Ses disferentes Charges luy donnè-
rent lieu de faire voir les talens qu'il avoit receus de la Nature , & qu'il avoit
cultivez par une estude continuelle. Aussi-tost que la journée des barricades
eut obligé le Roy Henry III. à quitter Paris , il se rendit incessamment auprès
de Sa Majestè, qui s'estant servi quelque temps de ses conseils , l'envoya en
plusieurs Pays estrangers pour diverses négociations. Lors qu'il estoit à Ve-
nife, & que là il eut appris la mort malheureuse du Roy , il alla aussi-tost
trouver Henry IV. qui le receut avec toutes les marques d'estime & de bien-
veillance imaginables , & qui l'admit dans tous ses conseils les plus secrets.
Et comme un des principaux talens de ce grand homme estoit de manier les
esprits par la force de son éloquence naturelle & acquise , & de les tourner
comme il luy plaisoit , Sa Majesté s'en servit en plusieurs affaires très-impor-
tantes. Il fut employé dans la Conference de Suresnes , & pour traiter avec les
Députez du Duc de Mercœur.
Le Roy luy donna la Charge de Garde de sa Bibliothèque, vacante par la
mort du grand Amiot Traducteur de Plutarque. Cette illustre Bibliothèque la
plus belle du monde , après celle du Vatican , ne tomba pas en de moins dignes
mains & n'en receut pas moins d'honneur qu'elle luy en fit. Elle devint plus que
jamais le réduit de ce qu'il y avoit de plus sçavans hommes & de plus vertueux
parmy les gens de Lettres , & ça estè particulierement sous sa conduite qu'elle
s'est rendue recommandable , tant par les hommes vivans qui y conferoient de
toutes sortes de sciences , que par les Autheurs morts qu'on y alloit consulten
Il fut nomme entre les Commissaires de la celebre Conference de Fontaine^
bleau, où le Cardinal du Perron confondit luy seul Duplessis Mornay souste-
nu de douze Ministres les plus habiles de ce temps-là.
L