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Perrault, Charles; Dezallier, Antoine [Oth.]
Les Hommes Illustres Qui Ont Paru En France pendant ce Siecle: Avec leurs Portraits au naturel (Band 1) — A Paris: Chez Antoine Dezallier, 1696

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https://doi.org/10.11588/diglit.73756#0169

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JEAN FRANÇOIS SARRASIN.
Ean François Sarrasin natif de Caën & fils d'un
Tresorier de France de la mesme Ville a esté un des plus beaux
Genies pour les belles Lettres , des plus-faciles & des plus uni^
versels qu'on ait veus il y a long-temps. Personne n'a esté plus
galand, plus agréable , ni plus enjoué dans la conversation. Il
plaisoit aux Dames , aux Gens de Lettres , aux Gens de Cour ,

aux plus habiles &: aux moins éclairez , il estoit tousjours admirable , soit qu'il
fallust tenir sa place dans une Conversation réglée & serieuse , soit qu'il fallust
parmi des personnes tout-à-fait amies & familieres s'emporter aces innocentes
debauches d'esprit & à ces sages folies , où les discours concertez cedent quel-
quefois la place aux caprices & aux boutades de la Poësie , & ou presque tout
est de saison hormis la raison fiere & severe.
Sa manière d'escrire & de composer semble tenir comme le milieu pour la
Prose entre Balzac & Voiture , & pour les Vers , entre Voiture & Malherbe.
Par la on ne prétend pas le mettre , ni au dessus ni au dessous de ceux à qui
on le compare , mais marquer seulement le jugement que plusieurs personnes
ont fait de sa maniere d'escrire, & en Prose & en Vers. Sa Prose n'a pas un
tour si élevé que celle de Balzac , & elle ne descend pas aussi tant dans le naïf
& le plaisant, que celle de Voiture, qui ne dédaigne pas d'employer les Pro-
verbes d'une maniere à la vérité qui les rend quelquefois plus précieux, & plus
agréables que les expressions les plus polies & les plus relevées. Il en est de
mesme de sa Poësie qui ne le prend pas sur un ton aussi fier & aussi perçant
que les Odes de Malherbe , & qui en mesme-temps ne se joue pas aussi familiè-
rement de sa matiere qu'a fait Voiture, si ce n'est dans quelques Poësies qu'il
a faites exprés pour se divertir , comme celle des Bouts-rimez & quelques-autres.
Dans ce milieu qu'il a tenu il a fait voir qu'il estoit né pour tous les genres
d'écrire. Ses Ouvragés sont presque tous differens les uns des autres, & il sem-
ble qu'il n'ait eu dessein que de donner des échantillons de toutes sortes de
stiles pour montrer qu'il excelloit en tous également. Sa Relation du Siege
de Dunkerque fait voir à quel point il possedoit l'Art de bien narrer. Sa cons
piration de Walstein montre combien il auroit esté capable non seulement d'é¬
crier la Vie des grands Hommes & d'en faire des Images vivantes , mais d'é¬
crire un corps d'Histoire , ayant fait voir dans cet ciTay qu'il possede toutes les
qualitez d'un grand Historien. La vie de Pomponius Atticus qu'il a traduite
du Latin de Cornelius Nepos fait voir combien il auroit excellé à écrire des
Vies. Le Dialogue sur la question, s'il faut qu'un jeune homme soit amoureux,
montre qu'il avoit beaucoup d'érudition , & qu'il n'ignoroit aucune des finesi
ses du Dialogue. Ses Poësies ne sont pas moins de disferente espece. L'Ode
qu'il aintitulée,Calliope,est de la plus haute & de la plus noble Poësie , le des^
sein en est ingénieux, ayant trouvé moyen en célébrant la Victoire que M. le
Prince remporta à la bataille de Lens , de parler de toutes ses autres Conques-
tes qu'il feint avoir esté cizelées sur la cuirasse de ce grand Prince. Il a laifle
les fragmens d'un Poëme héroïque, qui ont toute la beauté des plus excellons
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