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https://doi.org/10.11588/diglit.73756#0125
PIERRE DU PUY
GARDE DE LA BIBLIOTHEQUE DU ROY.
L seroit mal-aisé de dire si c'est du costé du Sçavoir ou du costé
de la Vertu que celuy dont je parle a mérité davantage d'estre con-
sideré. L'Employ de Garde de la Bibliothèque du Roy,dont il
estoit infiniment digne est un préjugé de sa suffisance , & ses Ou-
vrages, qui font l'admiration des Sçavans, en sont une preuve ,
qui ne peut estre contestée.
A l'égard des mœurs , il n'y en eut jamais de plus douces , de plus réglées ,
ni de plus aimables; beaucoup de pieté & de modestie,une humeur obligeante,
une parfaite intégrité & un amour très-ardent pour sa Patrie formèrent son ca-
ra&ere. Il avoir encore un discernement admirable pour les affaires ; quelques
embarrassées qu'elles fussent , il trouvoit d'abord le point qui les décidoit. M.
le President de Thou son Allié qui se connoissoit si bien en hommes de merite
n'avoit point de plus grand plaisir que de s'entretenir avec luy ,& Monsieur
Rigault fut admis pour tiers dans leurs sçavantes Conversations.
On peut dire que la passion dominante de Monsieur Du Puy estoit l'amour
de sa Patrie. Presque tous ses Ouvrages ne tendent qu'à luy faire honneur, qu'à
en faire valoir ,&àen relever les avantages. Aussi dés qu'il fut de retour d'un
Voyage qu'il fit en Hollande avec M. Thumery de Boissise envoyé par le Roy ; où
il renouvella l'amitié que son Pere avoit entretenue avec tous les sçavans Hom-
mes des Pays-bas , il travailla à la recherche des Droits du Roy & à l'Inventaire
du Tresor des Chartes , dont l'examen , qu'il fit soigneusement , luy donna une
parfaite connoissance de tout ce qui regarde notre Histoire. Il embrassa avec
une joye incroyable la commission qui luy fut donnée de justifier avec Meilleurs
le Bret,& de Lorme, les Droits du Roy suries trois Eveschez de Metz,Toul,&
Verdun , & les usurpations du Duc de Lorraine sur ces mesmes Eveschez. Tout
le poids de cette Commission tomba sur luy, il en dresfa tous les Inventaires rai-
sonnez, & fournit quantité de Traittez & de Mémoires pour la vérification des
justes prétentions de la France.
Pour estre convaincu de son amour pour sa Patrie , & de son zele pour l'a¬
vantage de la Couronne, il ne faut que lire les titres de ses Ouvrages , dont voicy
une succinte énumération. Traittez; touchant les Droits du Roy fa plufeurs Eftats
^Seigneuries : Recherches pour montrer que plufieurs Provinces & Pilles du Royau-
me font du Domaine du Roy ; Preuves des libertés de l'Eglife Gallicane ; de la Loy
Salique ; Que le Domaine de la Couronne eft inaliénable ; Traitté des Apanages des
Encans de France; Mémoire du Droit d'^ubeine , & plusieurs autres de la mesme
nature. Il n'avoit pas de plus grande joye que lorsqu'il découvroit un Titre qui
ajoûtoit quelque chose à la gloire du Royaume , ou qui luy estoit de quelque
utilité. C'estoit une espece de Conqueste à son égard qui luy donnoit plus de
plaisir, que s'il avoit augmenté son propre Patrimoine.
Il mourut à Paris le vingt-sixiéme Decembre 1651. âgé de 69. ans. M. Rigault
écrivit sa vie , où l'on peut voir plus au long les qualitez admirables de cet excek
O
GARDE DE LA BIBLIOTHEQUE DU ROY.
L seroit mal-aisé de dire si c'est du costé du Sçavoir ou du costé
de la Vertu que celuy dont je parle a mérité davantage d'estre con-
sideré. L'Employ de Garde de la Bibliothèque du Roy,dont il
estoit infiniment digne est un préjugé de sa suffisance , & ses Ou-
vrages, qui font l'admiration des Sçavans, en sont une preuve ,
qui ne peut estre contestée.
A l'égard des mœurs , il n'y en eut jamais de plus douces , de plus réglées ,
ni de plus aimables; beaucoup de pieté & de modestie,une humeur obligeante,
une parfaite intégrité & un amour très-ardent pour sa Patrie formèrent son ca-
ra&ere. Il avoir encore un discernement admirable pour les affaires ; quelques
embarrassées qu'elles fussent , il trouvoit d'abord le point qui les décidoit. M.
le President de Thou son Allié qui se connoissoit si bien en hommes de merite
n'avoit point de plus grand plaisir que de s'entretenir avec luy ,& Monsieur
Rigault fut admis pour tiers dans leurs sçavantes Conversations.
On peut dire que la passion dominante de Monsieur Du Puy estoit l'amour
de sa Patrie. Presque tous ses Ouvrages ne tendent qu'à luy faire honneur, qu'à
en faire valoir ,&àen relever les avantages. Aussi dés qu'il fut de retour d'un
Voyage qu'il fit en Hollande avec M. Thumery de Boissise envoyé par le Roy ; où
il renouvella l'amitié que son Pere avoit entretenue avec tous les sçavans Hom-
mes des Pays-bas , il travailla à la recherche des Droits du Roy & à l'Inventaire
du Tresor des Chartes , dont l'examen , qu'il fit soigneusement , luy donna une
parfaite connoissance de tout ce qui regarde notre Histoire. Il embrassa avec
une joye incroyable la commission qui luy fut donnée de justifier avec Meilleurs
le Bret,& de Lorme, les Droits du Roy suries trois Eveschez de Metz,Toul,&
Verdun , & les usurpations du Duc de Lorraine sur ces mesmes Eveschez. Tout
le poids de cette Commission tomba sur luy, il en dresfa tous les Inventaires rai-
sonnez, & fournit quantité de Traittez & de Mémoires pour la vérification des
justes prétentions de la France.
Pour estre convaincu de son amour pour sa Patrie , & de son zele pour l'a¬
vantage de la Couronne, il ne faut que lire les titres de ses Ouvrages , dont voicy
une succinte énumération. Traittez; touchant les Droits du Roy fa plufeurs Eftats
^Seigneuries : Recherches pour montrer que plufieurs Provinces & Pilles du Royau-
me font du Domaine du Roy ; Preuves des libertés de l'Eglife Gallicane ; de la Loy
Salique ; Que le Domaine de la Couronne eft inaliénable ; Traitté des Apanages des
Encans de France; Mémoire du Droit d'^ubeine , & plusieurs autres de la mesme
nature. Il n'avoit pas de plus grande joye que lorsqu'il découvroit un Titre qui
ajoûtoit quelque chose à la gloire du Royaume , ou qui luy estoit de quelque
utilité. C'estoit une espece de Conqueste à son égard qui luy donnoit plus de
plaisir, que s'il avoit augmenté son propre Patrimoine.
Il mourut à Paris le vingt-sixiéme Decembre 1651. âgé de 69. ans. M. Rigault
écrivit sa vie , où l'on peut voir plus au long les qualitez admirables de cet excek
O