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https://doi.org/10.11588/diglit.73756#0061
PRESTRE DE L'ORATOIRE.
ELuY dont je vais parler merite tellement d’estre mis au nombre
des plus sçavans hommes de son siecle, que s'il y a quelque chose
à luy reprocher, c'est peut-estre d'avoir poussé trop loin la curiosi-
te de ses estudes en voulant espuisertoute la vaine Icience des Rab-
bins, ainsi qu’il l’a luy-mesme reconnu. Il naquit à Blois en l’an-
née 1591. de Luc Morin marchand & de Jacquette Gaussand tous deux de la
Religion pretenduë reformée. Ily commença ses estudes & les continua à la Ro-
chelle où il acquit une parfaite connoissance des langues Grecque & Latine. Il
passà de là à Leyden où il apprit la Philosophie, le Droit & les Mathématiques,
après quoy il s’appliqua à l’étude de la Théologie & des langues Orientales.
Lors qu’il se fut renduhabile dans les sciences & dans les langues, il se donna
tout entier à la lecture de l'Ecriture Sainte, des Peres & des Conciles. Le fruit
principal qu'il retira de cette occupation , fut de commencer à reconnoître la
fausseté de sa Religion, & de toutes les maximes que ses Maîtres de Theologie
lui avoient enseignées ; à quoi ne servirent pas peu les disputes qui sarvinrent alors
entre les Partisans d’Arminius & ceux de Gomarus sur les matieres de la grâce
& de la predestination. Car ne trouvant rien qui le contentast dans les sentimens
& des uns & des autres , il se mit à estudier à fond ceux des Doseurs Catholi-
ques; de sorte que ce qui avoit esté l’écueil de plusieurs autres , le conduisit au
port&àla connoissance de la vérité. Estant arrivé à Paris , il entra dans l’esti-
me&dans la familiarité de tous les Sçavans , & particulièrement du Cardinal
du Perron, qui fut surpris de trouver tant d’érudition & tant de connoissance des
choses les plus rares dans un homme aussi peu avancé en âge qu’il l’estoit alors.
Ce ne fut pas une mediocre joye à ce grand Personnage , lorsquïl l'eut éclairci
sur les points les plus difficiles de la Controverse , de le voir se rendre , avec le se-
cours de la grâce , àla force de ses raisons. Après avoir demeuré quelque temps
dans la famille de ce Cardinal, il passà dans la Congrégation de l’Oratoire que
le Cardinal de Berulle venoit d’instituer en France , où il reçut tous les Ordres sa-
crez. On a remarqué que depuis qu’il eut reçu celui de Prêtrise , il ne passà au-
cun jour de sa vie sans celebrer la Messe, en reconnoissance de la grâce que
Dieu lui avoit faite de sortir des tenebres de l’heresie.
Il fit sa principale occupation de refuter ou de vive voix ou par écrit, les mesmes
erreurs dont il avoit esté infecté dans sa jeunesse. Il s’appliqua encore beaucoup à
convaincre les Juiss & à les tirer de leur aveuglement , se servant à cette fin par-
ticulièrement de la Vulgate & des Septante qu’il fit réimprimer à Paris en l'année
16x8. & qu’il soùtint contre ceux qui les voulurent attaquer , par un Ouvrage ad-
mirable qu’il donna au Public l’année suivante , sous le titre & Exercitationes Bibli-
cæ, Ouvrage qu'il retoucha pendant vingt années , & qui a été réimprimé après
sa mort par les soins du Pere Fronton le Duc. Il composa estant encore fort jeu-
ne, l'Histoire de la délivrance de l’Eglise par Constantin, & celle du Progrès de
la Souveraineté des Papes, par la pieté & par la libéralité de nos Rois. Il avoit
F
ELuY dont je vais parler merite tellement d’estre mis au nombre
des plus sçavans hommes de son siecle, que s'il y a quelque chose
à luy reprocher, c'est peut-estre d'avoir poussé trop loin la curiosi-
te de ses estudes en voulant espuisertoute la vaine Icience des Rab-
bins, ainsi qu’il l’a luy-mesme reconnu. Il naquit à Blois en l’an-
née 1591. de Luc Morin marchand & de Jacquette Gaussand tous deux de la
Religion pretenduë reformée. Ily commença ses estudes & les continua à la Ro-
chelle où il acquit une parfaite connoissance des langues Grecque & Latine. Il
passà de là à Leyden où il apprit la Philosophie, le Droit & les Mathématiques,
après quoy il s’appliqua à l’étude de la Théologie & des langues Orientales.
Lors qu’il se fut renduhabile dans les sciences & dans les langues, il se donna
tout entier à la lecture de l'Ecriture Sainte, des Peres & des Conciles. Le fruit
principal qu'il retira de cette occupation , fut de commencer à reconnoître la
fausseté de sa Religion, & de toutes les maximes que ses Maîtres de Theologie
lui avoient enseignées ; à quoi ne servirent pas peu les disputes qui sarvinrent alors
entre les Partisans d’Arminius & ceux de Gomarus sur les matieres de la grâce
& de la predestination. Car ne trouvant rien qui le contentast dans les sentimens
& des uns & des autres , il se mit à estudier à fond ceux des Doseurs Catholi-
ques; de sorte que ce qui avoit esté l’écueil de plusieurs autres , le conduisit au
port&àla connoissance de la vérité. Estant arrivé à Paris , il entra dans l’esti-
me&dans la familiarité de tous les Sçavans , & particulièrement du Cardinal
du Perron, qui fut surpris de trouver tant d’érudition & tant de connoissance des
choses les plus rares dans un homme aussi peu avancé en âge qu’il l’estoit alors.
Ce ne fut pas une mediocre joye à ce grand Personnage , lorsquïl l'eut éclairci
sur les points les plus difficiles de la Controverse , de le voir se rendre , avec le se-
cours de la grâce , àla force de ses raisons. Après avoir demeuré quelque temps
dans la famille de ce Cardinal, il passà dans la Congrégation de l’Oratoire que
le Cardinal de Berulle venoit d’instituer en France , où il reçut tous les Ordres sa-
crez. On a remarqué que depuis qu’il eut reçu celui de Prêtrise , il ne passà au-
cun jour de sa vie sans celebrer la Messe, en reconnoissance de la grâce que
Dieu lui avoit faite de sortir des tenebres de l’heresie.
Il fit sa principale occupation de refuter ou de vive voix ou par écrit, les mesmes
erreurs dont il avoit esté infecté dans sa jeunesse. Il s’appliqua encore beaucoup à
convaincre les Juiss & à les tirer de leur aveuglement , se servant à cette fin par-
ticulièrement de la Vulgate & des Septante qu’il fit réimprimer à Paris en l'année
16x8. & qu’il soùtint contre ceux qui les voulurent attaquer , par un Ouvrage ad-
mirable qu’il donna au Public l’année suivante , sous le titre & Exercitationes Bibli-
cæ, Ouvrage qu'il retoucha pendant vingt années , & qui a été réimprimé après
sa mort par les soins du Pere Fronton le Duc. Il composa estant encore fort jeu-
ne, l'Histoire de la délivrance de l’Eglise par Constantin, & celle du Progrès de
la Souveraineté des Papes, par la pieté & par la libéralité de nos Rois. Il avoit
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