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Perrault, Charles; Dezallier, Antoine [Bearb.]
Les Hommes Illustres Qui Ont Paru En France pendant ce Siecle: Avec leurs Portraits au naturel (Band 1) — A Paris: Chez Antoine Dezallier, 1696

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https://doi.org/10.11588/diglit.73756#0109

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NICOLAS CLAUDE FABRI
DE PEIRESC


A race des Fabri ou Fabriciens est originaire de Pise en Italie, &
Pa"a en Provence du temps de S. Loüis , par le moyen d'un H&
'5"" Fabri Chevalier , qui l'ayant suivi dans la Guerre Sainte , vint
'au retour descendre à Hieres , où il s'establit & eut des enfans cé-
lébrés & dans l'Epée & dans la Robe. Le Chancelier Seguier &
Monsieur de Pompadour Gouverneur du Limouzin prirent tous deux alliance
dans cette famille. Celuy dont nous parlons fut fils de Renaud Fabri & de
Marguerite Bompar que l'on dit avoir esté si belle que la Reyne Catherine de
Medicis , lorsqu'elle passaà Aix & qu'elle y fut visitée par les Dames de qualité
de la Ville, la baisa à cause de sa beauté : honneur qu'elle ne fit à aucune des
autres Dames.

On a de la peine à trouver un temps où celuy dont je parle ait esté en-
fant ;car dés les premieres années de sa vie le desir d'apprendre qui a toujours
esté en luy tres-ardent, luy fit mespriser tous les jeux & les amusemens de l'Enfan-
ce, & il ne prit plaisir qu'à écouter ce qu'on luy disoit ou d'utile ou de curieux.
La sagesse luy vint de si bonne-heure , qu'à l'âge de neuf ou dix ans il conduisoit:
son jeune frere qui estudioit au mesme College,qui le regardoit & l'écoutoit com-
me son Pere & comme son Precepteur. Au sortir du College on luy donna des
Maistres pour apprendre à monter à cheval, à faire des armes & àdanser, mais
comme toute son inclination estoit tournée du costé des Lettres , il ne faisoit ses
exercices qu'en presence de ses Maistres, employant le reste du temps ou à lire ou
à extraire des Livres , ou à composer. ll se mit alors dans l'estude des Medailles,
des Inscriptions, des Tombeaux , & autres Monumens , & enfin de tout ce qui
peut donner une connoissance exa&e & particuliere de l'Antiquité. En peu de
temps il surpassa les plus habiles dans cette science, & fit un amas considerable
de ce qui exerce & nourrit agreablement cette louable curiosité.
Il estudia ensuite le Droit sous les meilleurs Maistres de ce temps-là. Et par-
ce qu'il seroit trop long de rapporter tous les genres d'estude où il s'est appli-
qué , je me contenteray de dire qu'il n'y a aucune espece de Littérature où il
ne se soit adonné , & qu'il n'ait en quelque sorte épuisée, qu'il n'y a presque
point de Bibliothèque dans l'Europe qu'il n'ait veuë & examinée, point de Sça-
vans qu'il n'ait connus & à qui il riait fait du bien , en leur faisant part ou de
ses connoissances , ou de ses Livres , ou de ses Médailles , ou de sa bourse meC
me ; & s'il en areceu quelques bons offices , il n'a pas manqué de les leur ren-
dre avec usure. Sa maison estoit une espece d'Academie , non seulement à cau-
se du grand nombre de gens de lettres qui le venoient voir , mais mesme à ne
la regarder que du costé de ses domestiques, qui sçavoient tous quelque chose
avec distindion , jusqu'aux Laquais , dont le moindre pouvoit servir de Lecteur
en un besoin , & avoit l'industrie de relier des Livres & de les relier avec une
propreté singuliere.
Il eut au nombre de ses amis Baptiste de la Porte très-profond dans la con-
M
 
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