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Perrault, Charles; Dezallier, Antoine [Oth.]
Les Hommes Illustres Qui Ont Paru En France pendant ce Siecle: Avec leurs Portraits au naturel (Band 1) — A Paris: Chez Antoine Dezallier, 1696

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https://doi.org/10.11588/diglit.73756#0177

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JEAN-BAPTISTE POQUELIN
DE MOLIERE
Oliere naquit avec une telle inclination pour la Comedie
qu'il ne fut pas poslible de l'empescher de se faire Comedien. A
peine eut-il achevé ses Estudes , où il réüssit parfaitement , qu'il
Rejoignit avec plusieurs jeunes gens de son âge & de son goust ,
& prit la résolution de former une Trouppe de Comediens pour

aller dans les Provinces jouer la Comedie. Son Pere bon Bourgeois de Paris
& Tapissier du Roy fâché du party que son Fils avoir pris , le fit solliciter par
tout ce qu'il avoit d'Amis de quitter cette pensée , promettant s'il vouloit re-
venir chez luy, deluy achepter une Charge telle qu'il la souhaitteroit ; pourvu
qu'elle n excedast pas ses forces. Ni les prieres , ni les remontrances de ses Amis
soustenues de ces promesses ne purent rien sur son Esprit. Ce bon Pere luy en-
voya ensuite le Maistre chez qui il l'avoit mis en pension pendant les premieres
années de ses Estudes , esperant que par l'autorité que ce Maistre avoit eüe sur
luy pendant ces temps-là , il pourroit le ramener à son devoir ; mais bien loin
que le Maistre luy persuadast de quitter la Profeslion de Comedien , le jeune
Moliere luy persuada d'embrasser la mesme Profession, & d'estre le Docteur
de leur Comedie , luy ayant representé que le peu de Latin qu'il sçavoit le ren-
droit capable d'en bien faire le Personnage , & que la vie qu'ils meneroient ;
seroit bien plus agréable que celle d'un Homme qui tient des Pensionnaires.
Sa Trouppe estant formée il alla joüer à Roüen , & de-là à Lyon , où ayant
plu au Prince de Conty , qui jeune alors & non encore dans les sentimens de
Pieté qui l'ont porté à écrire si solidement & ^chrétiennement contre la Co-
medie , les prit pour ses Comediens & leur donna des Appointemens. De-là ils
vinrent à Paris , où ils joüerent devant le Roy & toute la Cour. Il est vray que
la Trouppe ne réüssit pas cette premiere fois : mais Moliere fit un Compliment
au Roy,spirituel , si delicat & si bien tourné , & joüa si bien son roolle dans
la petite Comedie qu'il donna ensuite de la grande, qu'il emporta tous les suf-
frages, & obtint la permission de joüer à Paris. Il satisfit fort le Public sur tout
par les Pieces de sa Composition, qui estant d'un genre tout nouveau attirè-
rent une grande affluence de Spectateurs.
Jusques-là il y avoit eu de l'esprit & de la plaisanterie dans nos Comedies ,
mais il y ajousta une grande naïveté avec des Images si vives des mœurs de
son siecle , & des Caraéteres si bien marquez , que les Representations sem-
bloient moins estre des Comedies que la vérité mesme , chacun s'y reconnois
soit & plus encore son voisin , dont on est plus aise de voir les defauts que
les siens propres. On y prit un plaisir singulier , & mesme on peut dire qu'elles
furent d'une grande utilité pour bien des Gens.
Moliere avoit remarqué que les François avoient deux defauts bien consia
derables ; L'un , que presque tous les jeunes Gens avoient du dégoust pour la
Profession de leurs Peres , & que ceux qui n'estoient que Bourgeois vouloienc
vivre en Gentils-hommes & ne rien faire ; ce qui ne manque point de les ruiner
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