^ LE COMTE DE PAGAN.
à ceux qui le suivoient : Voici le chemin de la gloire , il se laissa glisser le long de
cette Montagne;& ses compagnons l'ayant suivi, ils arrivèrent les premiers à
l'attaque comme il se l'étoit proposé A leur abord il y eut un furieux choc ,
& les Troupes étant venues les soûtenir ils forcèrent les barricades. Ce fut
après cette action héroïque qu'il eut le plaisir d'entendre le Roy, dont il avoir
l'honneur de soûtenir la main gauche , la raconter au Duc de Savoye avec des
loüanges extraordinaires en presence d'une Cour tres-nombreuse. Le Roy ayant
assiegé Nancy en 1633. il eut aussi l'honneur de tracer avec Sa Majesté les li-
gnes & les Forts de la circonvalation. En l'année 1641. le Roy le choisit pour
aller servir en Portugal en qualité de Maréchal de Camp, & ce fut dans cette
même année qu'il acheva de perdre entierement la veuë par une maladie.
Dés qu'il se vit hors d'estar de fervir par son bras & par son courage , il
reprit plus vivement que jamais l'eflude des Mathématiques & des Fortifica-
tions pour devenir utile par son esprit & par son industrie , & pour pouvoir
encore par là combattre pour son Prince & pour sa Patrie. Il donna d'abord
son Traité des Fortifications , qui fut mis au jour en l'année 1645. Tous ceux
qui se connoissfent en cette Science , conviennent que jusques-là il ne s'estoit
rien vû de plus beau ni de meilleur sur cette matiere , & que si l'on y a fait
depuis de nouvelles découvertes , elles en sont sorties en quelque façon comme
les concluions sorcent de leurs principes. Il donna en 1651. ses Theoremes
Geometriques , qui marquent une parfaite connoissance de la Geometrie & de
toutes les parties des Mathématiques. En 1655. ^ '' imprimer une Paraphrafe
en François de la relation Espagnole de la Riviere des Amazones du P. Christo-
phe de Rennes Jesùite. On asseure que tout aveugle qu'il estoit , il disposa
luy-même la carte de cette Riviere & des païs adjacens , laquelle se voit à la
teste de cet Ouvrage.
En 1657. il donna la Theorie des Planettes debarassée de la multipli-
cité des cercles excentriques & des epicycles , que les Astronomes ont in-
ventez pour expliquer leur mouvement , en les faisant mouvoir par des Elipses,
qui font trouver avec une facilité incroyable le vray lieu & le vray mouvement
des Planettes. Cet Ouvrage ne l'a pas moins distingué parmi les Astrono-
mes que celui des Fortifications parmi les Ingenieurs. Il fit imprimer en 1658.
ses Tables Agronomiques tres-succinébes & tres-claires. Mais comme il est
difficile que les grands hommes n'ayent pas quelque foiblesse , la sienne
fut d'avoir été prévenu en faveur de l'Astrologie judiciaire ; & quoiqu'il ait esté
le plus retenu de ceux qui ont écrit sur cette matiere , ce qu'il en a écrit ne
sçauroit estre mis au nombre des choses qui lui doivent faire de l'honneur. Il
estoit aimé & visité de toutes les personnes illustres en dignité & en science , &
sa maison étoit le réduit de ce qu'il y avoit de plus honnestes gens &àla Cour &
à la Ville. Il mourut à Paris le 18. Novembre 1665. âgé de soixante & un an & huit
mois. Le Roy le fit visiter pendant sa maladie par son premier Medecin , &
donna beaucoup d'autres marques de l'estime extraordinaire qu'il faisoit de
son merite. Il est enterré dans l'Eglise des Religieuses de la Croix au Faux-bourg
S. Antoine. Il est mort sans enfans & sans avoir été marié ; ainsi la branche de
sa famille , qui passa de Naples en France en 1552. finit en sa personne.
à ceux qui le suivoient : Voici le chemin de la gloire , il se laissa glisser le long de
cette Montagne;& ses compagnons l'ayant suivi, ils arrivèrent les premiers à
l'attaque comme il se l'étoit proposé A leur abord il y eut un furieux choc ,
& les Troupes étant venues les soûtenir ils forcèrent les barricades. Ce fut
après cette action héroïque qu'il eut le plaisir d'entendre le Roy, dont il avoir
l'honneur de soûtenir la main gauche , la raconter au Duc de Savoye avec des
loüanges extraordinaires en presence d'une Cour tres-nombreuse. Le Roy ayant
assiegé Nancy en 1633. il eut aussi l'honneur de tracer avec Sa Majesté les li-
gnes & les Forts de la circonvalation. En l'année 1641. le Roy le choisit pour
aller servir en Portugal en qualité de Maréchal de Camp, & ce fut dans cette
même année qu'il acheva de perdre entierement la veuë par une maladie.
Dés qu'il se vit hors d'estar de fervir par son bras & par son courage , il
reprit plus vivement que jamais l'eflude des Mathématiques & des Fortifica-
tions pour devenir utile par son esprit & par son industrie , & pour pouvoir
encore par là combattre pour son Prince & pour sa Patrie. Il donna d'abord
son Traité des Fortifications , qui fut mis au jour en l'année 1645. Tous ceux
qui se connoissfent en cette Science , conviennent que jusques-là il ne s'estoit
rien vû de plus beau ni de meilleur sur cette matiere , & que si l'on y a fait
depuis de nouvelles découvertes , elles en sont sorties en quelque façon comme
les concluions sorcent de leurs principes. Il donna en 1651. ses Theoremes
Geometriques , qui marquent une parfaite connoissance de la Geometrie & de
toutes les parties des Mathématiques. En 1655. ^ '' imprimer une Paraphrafe
en François de la relation Espagnole de la Riviere des Amazones du P. Christo-
phe de Rennes Jesùite. On asseure que tout aveugle qu'il estoit , il disposa
luy-même la carte de cette Riviere & des païs adjacens , laquelle se voit à la
teste de cet Ouvrage.
En 1657. il donna la Theorie des Planettes debarassée de la multipli-
cité des cercles excentriques & des epicycles , que les Astronomes ont in-
ventez pour expliquer leur mouvement , en les faisant mouvoir par des Elipses,
qui font trouver avec une facilité incroyable le vray lieu & le vray mouvement
des Planettes. Cet Ouvrage ne l'a pas moins distingué parmi les Astrono-
mes que celui des Fortifications parmi les Ingenieurs. Il fit imprimer en 1658.
ses Tables Agronomiques tres-succinébes & tres-claires. Mais comme il est
difficile que les grands hommes n'ayent pas quelque foiblesse , la sienne
fut d'avoir été prévenu en faveur de l'Astrologie judiciaire ; & quoiqu'il ait esté
le plus retenu de ceux qui ont écrit sur cette matiere , ce qu'il en a écrit ne
sçauroit estre mis au nombre des choses qui lui doivent faire de l'honneur. Il
estoit aimé & visité de toutes les personnes illustres en dignité & en science , &
sa maison étoit le réduit de ce qu'il y avoit de plus honnestes gens &àla Cour &
à la Ville. Il mourut à Paris le 18. Novembre 1665. âgé de soixante & un an & huit
mois. Le Roy le fit visiter pendant sa maladie par son premier Medecin , &
donna beaucoup d'autres marques de l'estime extraordinaire qu'il faisoit de
son merite. Il est enterré dans l'Eglise des Religieuses de la Croix au Faux-bourg
S. Antoine. Il est mort sans enfans & sans avoir été marié ; ainsi la branche de
sa famille , qui passa de Naples en France en 1552. finit en sa personne.