^ GUILLAUME DU VA I R.
on le peut voir dans le recueil de ses Ouvrages qui composent un très-gros
volume. On y trouve des Traitez de Philosophie Chrestienne , ou il est mal-aisé
de déterminer ce qu'on doit y admirer le plus ou du bon sens, ou de la pieté , ou
de l'éloquence; ony lit une infinité de Harangues sur toutes sortes de sujets
dont la variété marque une abondance & une facilité de genie tres-singulieres.
On y trouve ausli des Traductions de plusieurs Oraisons de Demosthene & de
Ciceron , dont la beauté n'est guere inferieure à celle de leurs Originaux. Il a
eu une politerfe qu'il ne doit qu'à luy seul , & qui a esté comme l'Aurore de
celle qui brille aujourd'huy dans la Chaire , dans le Barreau & dans tous les
Ouvrages de nos meilleurs Auteurs. Les Livres de ce temps-là sont tellement
pleins & couverts de citations , qu'on ne voit presque point le fond de l'Ou-
vrage. Ceux qui en usoient ainsi , pensoient imiter les Anciens , ne consi-
derant pas que les Anciens eux-mesmes ne citoient presque jamais. Mon-
sieur du Vair qui sçavoit que d'imiter un Auteur , n'est pas de rapporter
ce qu'il a dit , mais de dire les choses en la maniere qu'il les eust dites , a
imité parfaitement les Anciens en parlant de son chef de mesme qu'ils ont
parlé du leur , & en mettant en œuvre la pluspart de leurs pensées , mais
après se les estre rendues propres par la méditation sans se servir de leurs mes-
mes paroles. Il mourut en l'année 162.1. à Tonneins en Agenois où il estoit
à la suite du Roy durant le siege de Clerac. Son corps fut porté aux Bernardins
de Paris, où l'on voit cette Epitaphe composée par luy mesme : Guillelmus du
Vair Epifopus Lexoïienfs, Francis Procancellarius , Fie expessat refurreslionem &
mifericordiam. Le President de Gramond qui a fait son éloge , a dépeint ce grand
homme en des termes si naturels & si magnifiques , que je ne puis m'empescher
de les rapporter : Erat majeftate uenerabilis , qualis Roma ohm iidit & mirata eft
Fabricios , Cincinnatos , aut Fabios , Sagax, Severus , Sapiens , Oratorum fui temporis
princeps , qui locutione^ Gallicam aut restitait dccori fa , aut decorem primes in eam
invexit.
on le peut voir dans le recueil de ses Ouvrages qui composent un très-gros
volume. On y trouve des Traitez de Philosophie Chrestienne , ou il est mal-aisé
de déterminer ce qu'on doit y admirer le plus ou du bon sens, ou de la pieté , ou
de l'éloquence; ony lit une infinité de Harangues sur toutes sortes de sujets
dont la variété marque une abondance & une facilité de genie tres-singulieres.
On y trouve ausli des Traductions de plusieurs Oraisons de Demosthene & de
Ciceron , dont la beauté n'est guere inferieure à celle de leurs Originaux. Il a
eu une politerfe qu'il ne doit qu'à luy seul , & qui a esté comme l'Aurore de
celle qui brille aujourd'huy dans la Chaire , dans le Barreau & dans tous les
Ouvrages de nos meilleurs Auteurs. Les Livres de ce temps-là sont tellement
pleins & couverts de citations , qu'on ne voit presque point le fond de l'Ou-
vrage. Ceux qui en usoient ainsi , pensoient imiter les Anciens , ne consi-
derant pas que les Anciens eux-mesmes ne citoient presque jamais. Mon-
sieur du Vair qui sçavoit que d'imiter un Auteur , n'est pas de rapporter
ce qu'il a dit , mais de dire les choses en la maniere qu'il les eust dites , a
imité parfaitement les Anciens en parlant de son chef de mesme qu'ils ont
parlé du leur , & en mettant en œuvre la pluspart de leurs pensées , mais
après se les estre rendues propres par la méditation sans se servir de leurs mes-
mes paroles. Il mourut en l'année 162.1. à Tonneins en Agenois où il estoit
à la suite du Roy durant le siege de Clerac. Son corps fut porté aux Bernardins
de Paris, où l'on voit cette Epitaphe composée par luy mesme : Guillelmus du
Vair Epifopus Lexoïienfs, Francis Procancellarius , Fie expessat refurreslionem &
mifericordiam. Le President de Gramond qui a fait son éloge , a dépeint ce grand
homme en des termes si naturels & si magnifiques , que je ne puis m'empescher
de les rapporter : Erat majeftate uenerabilis , qualis Roma ohm iidit & mirata eft
Fabricios , Cincinnatos , aut Fabios , Sagax, Severus , Sapiens , Oratorum fui temporis
princeps , qui locutione^ Gallicam aut restitait dccori fa , aut decorem primes in eam
invexit.