)% PAUL PELLISSON FONTANIER.
cinq années. Cependant ce long sejour dans une prison a elle toute la source
de son bonheur , & l'on ne sçauroit trop admirer la conduite de Dieu sur luy.
La Providence qui vouloit le convertir & ensuite en former un des plus forts &
des plus solides delfenseurs de la Foy Catholique , après luy avoir donné le temps
de se former un excellent Hile dans l'estude des Lettres humaines & dans l'e¬
xercice de l'éloquence , le mit dans cette solitude pour luy faire faire les resse-
xions,les lectures & les estudes necessaires à un employ si important. Il y leur
non seulement toute l'Ecriture Sainte avec ses Commentaires , mais tous les
Peres de l'Eglise. Il lut aulli presque tous les Livres de Controverse. Pour se
délasser il composa un Poëme de plus de treize cens Vers sous le titre d'Alcs
medon,& comme il n'avoit ni papier ni encre , il l'écrivit tout entier sur des
marges de Livres avec de petits morceaux de plomb qu'il prenoit aux vitres
de sa chambre.
Lors qu'il eut recouvré sa liberté , il abjura son heresie dans l'Eglise de
Chartres , & se donna tout entier à composer des Ouvrages pour la Conver-
sion de ses freres errans. Le Roy qui avoir eu tousjours beaucoup d'estime
pour luy , voulut qu'il s'attachast auprès de sa Personne , & connoissànt la
beauté & la delicatesse de sa plume , le chargea d'écrire l'Histoire de son
Regne. Ceux qui ont leu ce qu'il en a composé , asseurent que rien n'est plus
beau dans ce genre d'écrire. Il fut receu Maistre des Comptes à Montpellier
en 1655. Après avoir négocie ' le restablissement de cette Compagnie qui avoir
esté interdite en 1670. il se fit Maistre des Requestes en 1674. Il fut nommé
Oeconome de Cluni & de S. Germain des Prez en 1675. En 1676. il fut préposé à
l'administration du tiers des Oeconomats ; & en 1679. il fut fait Oeconome
de S. Denis. Sa fortune changea plusieurs fois , mais son cœur demeura tous-
jours le mesme. Ce qui peut abbatre , ce qui peut corrompre luy laissa toute sa
fermeté & toute sa droiture. Ce fut luy qui pour satisfaire à la passion qu'il avoir
pour la gloire du Roy, proposa à l'Academie Françoise de donner un Prix de
Poësie comme elle en donne un de Prose , & de le donner à celuy dont l'Ou-
vrage en Vers auroit le mieux celebré les loüanges du Roy. Ce prix est une
Medaille d'or de 300. livres , dont il faisoit la dépense & que l'Academie a con-
tinué de faire après sa mort.
Il fit des presens considerables à diverses Eglises pour marquer sa foy sur le
mystere de l'Eucharistie , qui avoir estè long-temps le plus grand obstacle de sa
conversion, entr'autres d'une lampe d'argent de 2000. livres qu'il donna aux
Filles de la Visitation de la rue S. Antoine pour èclairer nuit & jour devant le
S. Sacrement. Ce don n a esté sçu qu'aprés sa mort. Tous les ans il celebroit le
jour de sa réunion à l'Eglise en s'approchant des Sacremens ; & depuis sa sortie
de la Bastille,il ne laissa point passer d'année sans délivrer quelque prisonnier.
Ses principaux Ouvrages de Prose, sont l'Histoire de l'Academie Françoise ; un
Panegyrique du Roy prononcé dans la mesme Academie , lequel a esté traduit
en Latin , en Espagnol , en Italien, en Anglois & mesme en Arabe par le Patriar-
che du Mont - Liban : La Preface des Oeuvres de Sarrasin : Les Ressexions sur
les differens de la Religion en quatre Volumes & une espece de Manuel de cour-
tes Prieres pour dire pendant la Messe : Il travailloit à un Traité sur l'Eucharistie
quand il fut prévenu delà mort le 7. Février 1695. de sorte qu'on peut dire qu'il
est mort en combattant pour la Religion.
cinq années. Cependant ce long sejour dans une prison a elle toute la source
de son bonheur , & l'on ne sçauroit trop admirer la conduite de Dieu sur luy.
La Providence qui vouloit le convertir & ensuite en former un des plus forts &
des plus solides delfenseurs de la Foy Catholique , après luy avoir donné le temps
de se former un excellent Hile dans l'estude des Lettres humaines & dans l'e¬
xercice de l'éloquence , le mit dans cette solitude pour luy faire faire les resse-
xions,les lectures & les estudes necessaires à un employ si important. Il y leur
non seulement toute l'Ecriture Sainte avec ses Commentaires , mais tous les
Peres de l'Eglise. Il lut aulli presque tous les Livres de Controverse. Pour se
délasser il composa un Poëme de plus de treize cens Vers sous le titre d'Alcs
medon,& comme il n'avoit ni papier ni encre , il l'écrivit tout entier sur des
marges de Livres avec de petits morceaux de plomb qu'il prenoit aux vitres
de sa chambre.
Lors qu'il eut recouvré sa liberté , il abjura son heresie dans l'Eglise de
Chartres , & se donna tout entier à composer des Ouvrages pour la Conver-
sion de ses freres errans. Le Roy qui avoir eu tousjours beaucoup d'estime
pour luy , voulut qu'il s'attachast auprès de sa Personne , & connoissànt la
beauté & la delicatesse de sa plume , le chargea d'écrire l'Histoire de son
Regne. Ceux qui ont leu ce qu'il en a composé , asseurent que rien n'est plus
beau dans ce genre d'écrire. Il fut receu Maistre des Comptes à Montpellier
en 1655. Après avoir négocie ' le restablissement de cette Compagnie qui avoir
esté interdite en 1670. il se fit Maistre des Requestes en 1674. Il fut nommé
Oeconome de Cluni & de S. Germain des Prez en 1675. En 1676. il fut préposé à
l'administration du tiers des Oeconomats ; & en 1679. il fut fait Oeconome
de S. Denis. Sa fortune changea plusieurs fois , mais son cœur demeura tous-
jours le mesme. Ce qui peut abbatre , ce qui peut corrompre luy laissa toute sa
fermeté & toute sa droiture. Ce fut luy qui pour satisfaire à la passion qu'il avoir
pour la gloire du Roy, proposa à l'Academie Françoise de donner un Prix de
Poësie comme elle en donne un de Prose , & de le donner à celuy dont l'Ou-
vrage en Vers auroit le mieux celebré les loüanges du Roy. Ce prix est une
Medaille d'or de 300. livres , dont il faisoit la dépense & que l'Academie a con-
tinué de faire après sa mort.
Il fit des presens considerables à diverses Eglises pour marquer sa foy sur le
mystere de l'Eucharistie , qui avoir estè long-temps le plus grand obstacle de sa
conversion, entr'autres d'une lampe d'argent de 2000. livres qu'il donna aux
Filles de la Visitation de la rue S. Antoine pour èclairer nuit & jour devant le
S. Sacrement. Ce don n a esté sçu qu'aprés sa mort. Tous les ans il celebroit le
jour de sa réunion à l'Eglise en s'approchant des Sacremens ; & depuis sa sortie
de la Bastille,il ne laissa point passer d'année sans délivrer quelque prisonnier.
Ses principaux Ouvrages de Prose, sont l'Histoire de l'Academie Françoise ; un
Panegyrique du Roy prononcé dans la mesme Academie , lequel a esté traduit
en Latin , en Espagnol , en Italien, en Anglois & mesme en Arabe par le Patriar-
che du Mont - Liban : La Preface des Oeuvres de Sarrasin : Les Ressexions sur
les differens de la Religion en quatre Volumes & une espece de Manuel de cour-
tes Prieres pour dire pendant la Messe : Il travailloit à un Traité sur l'Eucharistie
quand il fut prévenu delà mort le 7. Février 1695. de sorte qu'on peut dire qu'il
est mort en combattant pour la Religion.