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https://doi.org/10.11588/diglit.73756#0198
,6 NICOLAS P O ÜS SÏ N.
dans le Desert, & le frappement de la Roche ; Rebecca , les Aveugles de Jé-
richo, celuy du Deluge,celuy de Pyrrhus & plusieurs autres qui font un des
principaux ornemens du Cabinet du Roy.
M. Desnoyers qui l'estimoit & l'aimoit beaucoup l'obligea par les Lettres
prenantes qu'il luy écrivit , & par celles qu'il porta le Roy à luy écrire , de venir
en France pour honorer la Sur-Intendance des Bastimens que Sa Majesté venoit
de luy donner. Les premiers Ouvrages qu'on luy fit faire dés qu'il fut arrivé fut
le Tableau d'Autel de la Chappelle de S. Germain en Laye , qui est une Cene,
ou la beauté de l'Ordonnance & particulierement l'entente des lumieres ne re-
connoissent rien de plus beau en ce genre-là. Il fit , à peu prés dans le mesme-
temps, le Tableau du grand Autel du Noviciat des Jesuites qui est de la mesme
force. 11 fut chargé de faire des Dessfeins pour la grande Gallerie du Louvre.
Il est aisé de s'imaginer qu'avec le merite qu'il avoir , & qu'ayant esté mis à la
teste de tous les Ouvrages de Peinture & en quelque façon d'Architecture ,
parce qu'il y en entroit beaucoup dans le Dessein du Plafond de cette Galle-
rie , il ne manqua pas d'Ennemis qui le contredirent , mais il soustint son Des-
sein par de très-bonnes raisons , faisant voir que s'il n'estoit pas aussi orné ni
aussi chargé d'Ouvrages que l'auroient voulu ses Adversaires , il le faisoit à cau^
se de la longueur extraordinaire de ce Vaisseau , afin que la veüe ne fust pas
fatiguée d'un trop grand nombre de differens objets , afin que l'Ouvrage se pust
achever & ne fust pas d'une despense immense & en quelque façon sans bor^
hes. On luy reprocha que dans plusieurs de ses Tableaux il y avoir quelque
choie de dur , de sec , & d'immobile , deffaut qu'on prétendoit venir de ce
qu'il s'estoit trop appliqué à estudier & à copier les Bas-reliefs Antiques.
Quelques-uns le blâmerent ausli d'avoir donné à l'air de teste du Christ du
Tableau de S. Germain en Laye & de plusieurs autres Tableaux , quelque
chose qui tenoit plus d'un Jupiter tonnant que du Sauveur du monde: & en-
fin qu'ayant voulu trop s'éloigner des manieres douces & tendres qui estoient
fort à la mode , comme celles de l'Albane & du Guide , auquel il préferoit
beaucoup le Dominiquain , comme plus fort dans le Dessein & dans les Ex-
prenions , il avoit donné un peu trop dans la maniere austere & précise. D'autres
prétendent que ces deffauts ne sont autre chose que des beautez un peu trop
grandes pour les yeux qui n'y sont pas accoustumez. Quoyqu'il en soit per-
sonne n'a esté plus loin pour bien marquer le vray cara&ere de ses Person-
nages , &: sur tout pour la beauté , la noblesse & la naïveté des Expressions
qui est sans contredit la plus belle & la plus touchante partie de la Peinture.
Il mourut à Rome le 19 Novembre 1665. âgé de 71. ans & 5. mois.
dans le Desert, & le frappement de la Roche ; Rebecca , les Aveugles de Jé-
richo, celuy du Deluge,celuy de Pyrrhus & plusieurs autres qui font un des
principaux ornemens du Cabinet du Roy.
M. Desnoyers qui l'estimoit & l'aimoit beaucoup l'obligea par les Lettres
prenantes qu'il luy écrivit , & par celles qu'il porta le Roy à luy écrire , de venir
en France pour honorer la Sur-Intendance des Bastimens que Sa Majesté venoit
de luy donner. Les premiers Ouvrages qu'on luy fit faire dés qu'il fut arrivé fut
le Tableau d'Autel de la Chappelle de S. Germain en Laye , qui est une Cene,
ou la beauté de l'Ordonnance & particulierement l'entente des lumieres ne re-
connoissent rien de plus beau en ce genre-là. Il fit , à peu prés dans le mesme-
temps, le Tableau du grand Autel du Noviciat des Jesuites qui est de la mesme
force. 11 fut chargé de faire des Dessfeins pour la grande Gallerie du Louvre.
Il est aisé de s'imaginer qu'avec le merite qu'il avoir , & qu'ayant esté mis à la
teste de tous les Ouvrages de Peinture & en quelque façon d'Architecture ,
parce qu'il y en entroit beaucoup dans le Dessein du Plafond de cette Galle-
rie , il ne manqua pas d'Ennemis qui le contredirent , mais il soustint son Des-
sein par de très-bonnes raisons , faisant voir que s'il n'estoit pas aussi orné ni
aussi chargé d'Ouvrages que l'auroient voulu ses Adversaires , il le faisoit à cau^
se de la longueur extraordinaire de ce Vaisseau , afin que la veüe ne fust pas
fatiguée d'un trop grand nombre de differens objets , afin que l'Ouvrage se pust
achever & ne fust pas d'une despense immense & en quelque façon sans bor^
hes. On luy reprocha que dans plusieurs de ses Tableaux il y avoir quelque
choie de dur , de sec , & d'immobile , deffaut qu'on prétendoit venir de ce
qu'il s'estoit trop appliqué à estudier & à copier les Bas-reliefs Antiques.
Quelques-uns le blâmerent ausli d'avoir donné à l'air de teste du Christ du
Tableau de S. Germain en Laye & de plusieurs autres Tableaux , quelque
chose qui tenoit plus d'un Jupiter tonnant que du Sauveur du monde: & en-
fin qu'ayant voulu trop s'éloigner des manieres douces & tendres qui estoient
fort à la mode , comme celles de l'Albane & du Guide , auquel il préferoit
beaucoup le Dominiquain , comme plus fort dans le Dessein & dans les Ex-
prenions , il avoit donné un peu trop dans la maniere austere & précise. D'autres
prétendent que ces deffauts ne sont autre chose que des beautez un peu trop
grandes pour les yeux qui n'y sont pas accoustumez. Quoyqu'il en soit per-
sonne n'a esté plus loin pour bien marquer le vray cara&ere de ses Person-
nages , &: sur tout pour la beauté , la noblesse & la naïveté des Expressions
qui est sans contredit la plus belle & la plus touchante partie de la Peinture.
Il mourut à Rome le 19 Novembre 1665. âgé de 71. ans & 5. mois.