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LA C11ALDÉE ET L'ASSYRIE.
client auquel il n'avait pas songé tout d'abord. A l'origine de presque
toutes les découvertes qui comptent dans l'histoire de la civilisation,
vous pouvez supposer, vous devinez un de ces hasards heureux. Pour
préparer leurs aliments, les premiers habitants de la plaine dressèrent,
avec quelques poignées de terre humide, des foyers rustiques où ils
firent flamber roseaux secs et branchages; un d'eux s'aperçut qu'au
contact prolongé de la flamme l'argile rougissait et devenait dure
comme le roc. Cette simple remarque contenait en germe tous les
développements futurs de la céramique. Nous prenons ici ce mot dans
son sens le plus général, clans son sens étymologique ; c'est l'art de
façonner l'argile plastique et de la cuire pour en obtenir soit des maté-
riaux de construction, soit des vases d'usage domestique et, plus lard,
des pièces d'ornement et de luxe1.
Avant même que fussent bâtis et que s'allumassent les feux du bri-
quetier et du potier, on avait pu reconnaître que, sous un ciel comme
celui de la Chaldée, le soleil, à lui seul, suffît à se charger tout au
moins d'une partie de la besogne; pour peu que l'argile ait été conve-
nablement pétrie, quand les rayons de ces étés torrides l'ont frappée
pendant de longues semaines, ils lui donnent une consistance qui la
fait déjà très apte à rendre, dans certains cas, d'utiles services. Chez
les peuples où nous remontons jusqu'aux tout premiers essais de
l'industrie naissante, on rencontre les débris de vases qui paraissent
n'avoir été séchés qu'au soleil. Mais des poteries friables et poreuses
comme celles qui n'ont pas subi l'épreuve du feu sont d'un usage très
incommode et très restreint; on y renonça donc complètement dès
que l'on sut, tant bien que mal, cuire les vases, d'abord clans les
cendres chaudes du foyer domestique, puis, bientôt après, dans la
brûlante chaleur du four clos et maçonné. Il en est autrement de la
brique. Tout incomplète qu'elle soit, la dessiccation produite par le
soleil de pareils climats suffît pour la mettre à même d'être employée
avec profit dans certaines parties tout au moins des constructions.
Quand elle est clans cet état, on l'appelle brique crue, pour la distinguer
de celle que la flamme du bois a séchée et durcie.
Quelle que dût être la manière dont elle serait utilisée, toute l'ar-
gile destinée à la bâtisse subissait une première préparation : elle était
I. G. Curtius est d'avis que le mot xepau.o; et par lui tous ses dérivés (xepcineO;, xcpajxîia,
xe&afEixri, etc.) se rattachent plutôt à une racine cra qui exprime l'idée de vuirc qu'à
celle qui se trouve dans x£pdvvj(jn et qui a le sens de mêler, pétrir. [Grimdzûge der Gricchi-
schen Etijmologie, p. 147, 3e édition.)
LA C11ALDÉE ET L'ASSYRIE.
client auquel il n'avait pas songé tout d'abord. A l'origine de presque
toutes les découvertes qui comptent dans l'histoire de la civilisation,
vous pouvez supposer, vous devinez un de ces hasards heureux. Pour
préparer leurs aliments, les premiers habitants de la plaine dressèrent,
avec quelques poignées de terre humide, des foyers rustiques où ils
firent flamber roseaux secs et branchages; un d'eux s'aperçut qu'au
contact prolongé de la flamme l'argile rougissait et devenait dure
comme le roc. Cette simple remarque contenait en germe tous les
développements futurs de la céramique. Nous prenons ici ce mot dans
son sens le plus général, clans son sens étymologique ; c'est l'art de
façonner l'argile plastique et de la cuire pour en obtenir soit des maté-
riaux de construction, soit des vases d'usage domestique et, plus lard,
des pièces d'ornement et de luxe1.
Avant même que fussent bâtis et que s'allumassent les feux du bri-
quetier et du potier, on avait pu reconnaître que, sous un ciel comme
celui de la Chaldée, le soleil, à lui seul, suffît à se charger tout au
moins d'une partie de la besogne; pour peu que l'argile ait été conve-
nablement pétrie, quand les rayons de ces étés torrides l'ont frappée
pendant de longues semaines, ils lui donnent une consistance qui la
fait déjà très apte à rendre, dans certains cas, d'utiles services. Chez
les peuples où nous remontons jusqu'aux tout premiers essais de
l'industrie naissante, on rencontre les débris de vases qui paraissent
n'avoir été séchés qu'au soleil. Mais des poteries friables et poreuses
comme celles qui n'ont pas subi l'épreuve du feu sont d'un usage très
incommode et très restreint; on y renonça donc complètement dès
que l'on sut, tant bien que mal, cuire les vases, d'abord clans les
cendres chaudes du foyer domestique, puis, bientôt après, dans la
brûlante chaleur du four clos et maçonné. Il en est autrement de la
brique. Tout incomplète qu'elle soit, la dessiccation produite par le
soleil de pareils climats suffît pour la mettre à même d'être employée
avec profit dans certaines parties tout au moins des constructions.
Quand elle est clans cet état, on l'appelle brique crue, pour la distinguer
de celle que la flamme du bois a séchée et durcie.
Quelle que dût être la manière dont elle serait utilisée, toute l'ar-
gile destinée à la bâtisse subissait une première préparation : elle était
I. G. Curtius est d'avis que le mot xepau.o; et par lui tous ses dérivés (xepcineO;, xcpajxîia,
xe&afEixri, etc.) se rattachent plutôt à une racine cra qui exprime l'idée de vuirc qu'à
celle qui se trouve dans x£pdvvj(jn et qui a le sens de mêler, pétrir. [Grimdzûge der Gricchi-
schen Etijmologie, p. 147, 3e édition.)