14 LA CHALDÉE ET L'ASSYRIE.
nord et de l'est, on a souvent en vue, dans le lointain, des chaînes de
collines, ou même les hautes têtes de pics neigeux. En Chaldée, rien
de semblable; ni premiers plans, ni toile de fond; pas d'autres acci-
dents de terrain que ceux qui ont été créés par l'industrie humaine;
point de limites à cette plaine que l'œil essaye en vain de mesurer et
qui, comme la mer, se confond à l'horizon avec le ciel.
§ 3. — DES ÉLÉMENTS PRIMITIFS DE LA POPULATION.
Les deux grands facteurs de toute vie et de toute production végé-
tale sont la chaleur et l'eau ; des deux parties de la contrée que nous
venons de décrire, c'est donc la plus méridionale qui a dû être habitée
la première ; tout au moins est-ce elle qui la première a dû fournir à
ses habitants des ressources assez larges et assez assurées pour les
convier et les aider à faire l'apprentissage de la civilisation.
Au nord, les deux fleuves sont encore très éloignés l'un de l'autre ;
ils sont séparés par de vastes espaces, où sont compris bien des dis-
tricts qu'il a toujours été et qu'il sera toujours très difficile d'arroser
et, par suite, de mettre en culture. Au contraire, vers le sud, au-des-
sous du trente-quatrième degré de latitude, l'Euphrate et le Tigre
commencent à se rapprocher au point de n'être plus guère séparés
que par une journée de marche, et, sur une longueur d'environ quatre-
vingts lieues, jusque tout près de leur confluent, ils coulent presque
parallèles. Là, si la chaleur est plus intense que dans l'Assyrie septen-
trionale, rien, en revanche, n'est plus aisé que de procurer cà toutes les
portions du territoire le bienfait de l'irrigation; quand les eaux sont
basses dans les fleuves et dans les canaux, on y puise à l'aide de
machines très simples, analogues à celles que nous avons décrites à
propos de l'Egypte1. C'est donc de ce côté qu'il faut chercher le
théâtre des premiers essais qui aient été tentés en Asie pour passer
de la vie toujours inquiète et précaire du pêcheur, du chasseur et du
pasteur nomade à celle de l'agriculteur sédentaire, attaché pour
toujours au sol par les peines qu'il a prises pour le féconder et par
la maison qu'il a bâtie au bord de son champ. Nous avons, dans les
chapitres dixième et onzième de la Genèse, l'écho des plus anciens
I. Histoire de l'art, t. I, p. la. Sur les chadoufs chaldéens, voir Layard, Discoveries,
p. 109-110.
nord et de l'est, on a souvent en vue, dans le lointain, des chaînes de
collines, ou même les hautes têtes de pics neigeux. En Chaldée, rien
de semblable; ni premiers plans, ni toile de fond; pas d'autres acci-
dents de terrain que ceux qui ont été créés par l'industrie humaine;
point de limites à cette plaine que l'œil essaye en vain de mesurer et
qui, comme la mer, se confond à l'horizon avec le ciel.
§ 3. — DES ÉLÉMENTS PRIMITIFS DE LA POPULATION.
Les deux grands facteurs de toute vie et de toute production végé-
tale sont la chaleur et l'eau ; des deux parties de la contrée que nous
venons de décrire, c'est donc la plus méridionale qui a dû être habitée
la première ; tout au moins est-ce elle qui la première a dû fournir à
ses habitants des ressources assez larges et assez assurées pour les
convier et les aider à faire l'apprentissage de la civilisation.
Au nord, les deux fleuves sont encore très éloignés l'un de l'autre ;
ils sont séparés par de vastes espaces, où sont compris bien des dis-
tricts qu'il a toujours été et qu'il sera toujours très difficile d'arroser
et, par suite, de mettre en culture. Au contraire, vers le sud, au-des-
sous du trente-quatrième degré de latitude, l'Euphrate et le Tigre
commencent à se rapprocher au point de n'être plus guère séparés
que par une journée de marche, et, sur une longueur d'environ quatre-
vingts lieues, jusque tout près de leur confluent, ils coulent presque
parallèles. Là, si la chaleur est plus intense que dans l'Assyrie septen-
trionale, rien, en revanche, n'est plus aisé que de procurer cà toutes les
portions du territoire le bienfait de l'irrigation; quand les eaux sont
basses dans les fleuves et dans les canaux, on y puise à l'aide de
machines très simples, analogues à celles que nous avons décrites à
propos de l'Egypte1. C'est donc de ce côté qu'il faut chercher le
théâtre des premiers essais qui aient été tentés en Asie pour passer
de la vie toujours inquiète et précaire du pêcheur, du chasseur et du
pasteur nomade à celle de l'agriculteur sédentaire, attaché pour
toujours au sol par les peines qu'il a prises pour le féconder et par
la maison qu'il a bâtie au bord de son champ. Nous avons, dans les
chapitres dixième et onzième de la Genèse, l'écho des plus anciens
I. Histoire de l'art, t. I, p. la. Sur les chadoufs chaldéens, voir Layard, Discoveries,
p. 109-110.