CHAPITRE 11
DU PRINCIPE ET DES CARACTÈRES GÊNÉ H AUX DE L'ARCHITECTURE
CHALDÉO-ASSYRIENNE
SI. — LES MATÉRIAUX
C'est la Chaldée qui a été le berceau de la civilisation et, par
suite, de l'art dont nous cherchons à définir les caractères; or, dans
toute celle région, le sol, jusqu'à de grandes profondeurs, n'est formé
que d'une terre fine et meuble, semblable à celle dont est composé le
Delta du Nil. Sur quelques points seulement se dressent au-dessus de
la plaine, dans le voisinage du golfe Persique, des crêtes rocheuses,
restes d'anciennes îles, que les atterrissements des fleuves ont, avec
les siècles, rattachées au continent. Ces affleurements ont d'ailleurs
trop peu d'importance pour que l'on ait pu songer à en tirer parti. A
tout prendre, on peut dire que la pierre fait absolument défaut à la
Chaldée. Comme tous les grands fleuves, le Tigre et l'Euphrate, dans
leur haute et moyenne vallée, charrient et répandent au loin des frag-
ments de roc arrachés à leurs montagnes natales; niais, dès qu'ils
entrent dans les terrains d'alluvion cl que leur courant s'endort, vers
la frontière de l'Assyrie et delà Chaldée, tous les galets se précipitenl
au fond; l'eau n'entraîne et ne dépose plus que ces menues parcelles
qui créent à la longue les immenses bancs d'argile. Entre Bagdad et la
nier, n'importe où, prenez une bêche et creuse/, tant qu'il vous plaira :
vous ne trouverez seulement pas un caillou gros comme une noix.
La roche franche, la pierre naturelle faisant défaut, il fallut trou-
ver moyen de s'en passer et de la remplacer. On inventa la pierre arti-
ficielle, la pierre factice, ce que nous appelons la brique. C'est que
1 esprit humain ne se résigne jamais à s'arrêter devant l'obstacle qui
semble lui barrer le passage; quand il ne peut le franchir, il finit tou-
jours par le tourner. Il lui suffit, pour se tirer d'embarras et pour se
remettre en marche, d'un incident imprévu qui lui suggère un expé-
IOHE 11. 18
DU PRINCIPE ET DES CARACTÈRES GÊNÉ H AUX DE L'ARCHITECTURE
CHALDÉO-ASSYRIENNE
SI. — LES MATÉRIAUX
C'est la Chaldée qui a été le berceau de la civilisation et, par
suite, de l'art dont nous cherchons à définir les caractères; or, dans
toute celle région, le sol, jusqu'à de grandes profondeurs, n'est formé
que d'une terre fine et meuble, semblable à celle dont est composé le
Delta du Nil. Sur quelques points seulement se dressent au-dessus de
la plaine, dans le voisinage du golfe Persique, des crêtes rocheuses,
restes d'anciennes îles, que les atterrissements des fleuves ont, avec
les siècles, rattachées au continent. Ces affleurements ont d'ailleurs
trop peu d'importance pour que l'on ait pu songer à en tirer parti. A
tout prendre, on peut dire que la pierre fait absolument défaut à la
Chaldée. Comme tous les grands fleuves, le Tigre et l'Euphrate, dans
leur haute et moyenne vallée, charrient et répandent au loin des frag-
ments de roc arrachés à leurs montagnes natales; niais, dès qu'ils
entrent dans les terrains d'alluvion cl que leur courant s'endort, vers
la frontière de l'Assyrie et delà Chaldée, tous les galets se précipitenl
au fond; l'eau n'entraîne et ne dépose plus que ces menues parcelles
qui créent à la longue les immenses bancs d'argile. Entre Bagdad et la
nier, n'importe où, prenez une bêche et creuse/, tant qu'il vous plaira :
vous ne trouverez seulement pas un caillou gros comme une noix.
La roche franche, la pierre naturelle faisant défaut, il fallut trou-
ver moyen de s'en passer et de la remplacer. On inventa la pierre arti-
ficielle, la pierre factice, ce que nous appelons la brique. C'est que
1 esprit humain ne se résigne jamais à s'arrêter devant l'obstacle qui
semble lui barrer le passage; quand il ne peut le franchir, il finit tou-
jours par le tourner. Il lui suffit, pour se tirer d'embarras et pour se
remettre en marche, d'un incident imprévu qui lui suggère un expé-
IOHE 11. 18