Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 2): Chaldée et Assyrie — Paris, 1884

DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.11734#0217

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LA CONSTRUCTION.

207

tenait, dans la vie sociale, une bien autre place qu'en Egypte ou en
Grèce. Presque toujours en campagne ou en chasse, les rois, avec
toute leur cour, devaient passer sous la tente une grande partie de
l'année. D'ailleurs, quand, au printemps, la terre se couvre partout
d'une herbe plantureuse et de fleurs éclatantes, l'homme, dans ces
contrées, éprouve un irrésistible désir d'aller, pendant quelques
semaines, s'établir dans la prairie, au milieu de toute celle verdure et
de tous ces parfums. Il en est de même lorsque, au cœur de l'été, il
fuit la plaine aride el les murs échauffés de la ville pour courir
demander aux premières pentes des montagnes voisines un peu d'ombre
et de fraîcheur; c'est alors pour lui le plus vif des plaisirs que de
s'installer el de camper sous les arbres de la forêt.

Aujourd'hui encore, dans toute la Mésopotamie, on voit la maison
et la tente se dresser côte à côte, el l'homme passer, sans aucun effort,
de l'une à l'autre de ces existences qui nous paraissent si différentes.
En certaines saisons, des tribus nomades viennent planter, dans l'en-
ceinte même des villes, à Bagdad el à Mossoul, leurs tentes noires,
faites de longues perches et d'un tissu serré de poil de chèvre1. Cer-
tains bas-reliefs semblent indiquer qu'il en était de même autrefois
en Assyrie. On y reconnaît des lentes éparses dans le champ qu'enve-
loppe une ligne de murailles et de tours2. Abraham et Lot dormaient
sous leur tente, alors même que pour un temps ils habitaient la ville.
Lot, à Sodome, avait à la fois sa maison et sa tente3. Chaque année, à
Mossoul el dans les villages voisins, une partie de la population séden-
taire s'en va, pendant les mois d'avril et de mai, conduire ses troupeaux
e! jouir du plein air dans les pâturages des environs; le citadin el le
paysan reprennent Là, jusqu'au moment des grandes chaleurs, la vie
du pâtre qui n'a jamais couché sous un toit.

Les siècles n'ont rien changé à ces habitudes, parce qu'elles sont
de celles que le climat lui-même a suggérées, imposées et perpétuées;
elles ont dû beaucoup contribuer au développement de celle architec-
ture légère que l'on pourrait presque appeler l'architecture de la tente.
Aujourd'hui, dans ce pays où tout trahit l'universelle décadence, la
tente n'est plus guère qu'un abri; quoique parfois, chez quelques chefs
de tribu moins appauvris et moins ruinés que les autres, elle ait encore
son ampleur el son élégance, tout ce qu'on lui demande d'ordinaire,

1. Layard, Nincveh, t. Il, p.

2. Layahd, Monuments of Nineveh, lrc série, pl. 77; 2e série, planches 2i, 30.

3. Genèse, XIII, 12 et XIX.
 
Annotationen