LA SCULPTURE ASSYRIENNE.
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soumis à Londres. D'après l'inscription qui accompagne cette partie
de l'œuvre, nous aurions ici, dans le registre supérieur, un sacrifice
que Salmanasar accomplit en Arménie sur les bords du lac de Van. La
figure du roi n'a pu entrer dans notre planche; mais on y voit tous les
ustensiles sacrés qui lui ont servi pour la cérémonie. C'est, en com-
mençant par la droite, une sorte de grand candélabre, un autel à trois
pieds, deux hampes montées sur un pied et terminées par des disques.
Faut-il y reconnaître des enseignes militaires, analogues à celle que
nous avons déjà représentée (fig. 236), ou des emblèmes religieux du
soleil et de la lune? Nous n'avons pas à discuter ici cette question. Vient
ensuite une stèle dressée sur le roc et peut-être taillée sur la surface
même de ce rocher ; d'autres bas-reliefs de la même série nous mon-
trent que Salmanasar avait érigé des stèles du même genre dans tous
les pays qu'il avait conquis. A gauche, on voit des soldats occupés à
jeter dans le lac les membres des animaux qui ont été sacrifiés ; c'est
une offrande à la divinité de ces eaux claires et profondes, peut-être à
Anou qui était censé résider dans les fleuves, dans les lacs et dans la
mer. Les habitants des eaux se disputent ces morceaux de viande qu'ils
happent au passage ; on reconnaît un gros poisson, une tortue et un
quadrupède qui pourrait être une loutre '.
Le registre inférieur nous montre l'armée assyrienne en marche.
A gauche, M. Pinches croit reconnaître le camp fortifié, dans lequel
on aurait laissé des chevaux qui, en cas de défaite, pouvaient servir à
la fuite. Il y a bien là une de ces enceintes, représentées en projec-
tion, dont nous avons parlé ailleurs2; mais le cheval est au-dessus
d'une arche très nettement tracée, dans la photographie que nous
avons sous les yeux. Que ferait cette arche au milieu du camp? Nous
nous demandons s'il ne faut pas voir ici une tête de pont fortifiée. Il
est surabondamment démontré que les Chaldéens et les Assyriens ont
fait un grand usage de la voûte. Pourquoi ne l'auraient-ilspas employée
à construire des ponts sur leurs fleuves, ailleurs qu'à Babylone? Là où
ces ponts se trouvaient sur la frontière, à l'entrée de quelque impor-
tant défilé, rien de plus naturel que d'en défendre les abords par un
ouvrage flanqué de tours. Le cheval serait en train de traverser le
1. M. Pinciies (p. 3 de son introduction) parlo d'un « crocodile et d'un jeune hippopo-
tame ». Je ne crois pas qu'aucun de ces deux animaux ait jamais pu vivre dans les eaux
très fraîches du lac de Van, où descendent, au printemps, des quantités considérables de
neiges fondues.
2. Chapitre 11, g 10.
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soumis à Londres. D'après l'inscription qui accompagne cette partie
de l'œuvre, nous aurions ici, dans le registre supérieur, un sacrifice
que Salmanasar accomplit en Arménie sur les bords du lac de Van. La
figure du roi n'a pu entrer dans notre planche; mais on y voit tous les
ustensiles sacrés qui lui ont servi pour la cérémonie. C'est, en com-
mençant par la droite, une sorte de grand candélabre, un autel à trois
pieds, deux hampes montées sur un pied et terminées par des disques.
Faut-il y reconnaître des enseignes militaires, analogues à celle que
nous avons déjà représentée (fig. 236), ou des emblèmes religieux du
soleil et de la lune? Nous n'avons pas à discuter ici cette question. Vient
ensuite une stèle dressée sur le roc et peut-être taillée sur la surface
même de ce rocher ; d'autres bas-reliefs de la même série nous mon-
trent que Salmanasar avait érigé des stèles du même genre dans tous
les pays qu'il avait conquis. A gauche, on voit des soldats occupés à
jeter dans le lac les membres des animaux qui ont été sacrifiés ; c'est
une offrande à la divinité de ces eaux claires et profondes, peut-être à
Anou qui était censé résider dans les fleuves, dans les lacs et dans la
mer. Les habitants des eaux se disputent ces morceaux de viande qu'ils
happent au passage ; on reconnaît un gros poisson, une tortue et un
quadrupède qui pourrait être une loutre '.
Le registre inférieur nous montre l'armée assyrienne en marche.
A gauche, M. Pinches croit reconnaître le camp fortifié, dans lequel
on aurait laissé des chevaux qui, en cas de défaite, pouvaient servir à
la fuite. Il y a bien là une de ces enceintes, représentées en projec-
tion, dont nous avons parlé ailleurs2; mais le cheval est au-dessus
d'une arche très nettement tracée, dans la photographie que nous
avons sous les yeux. Que ferait cette arche au milieu du camp? Nous
nous demandons s'il ne faut pas voir ici une tête de pont fortifiée. Il
est surabondamment démontré que les Chaldéens et les Assyriens ont
fait un grand usage de la voûte. Pourquoi ne l'auraient-ilspas employée
à construire des ponts sur leurs fleuves, ailleurs qu'à Babylone? Là où
ces ponts se trouvaient sur la frontière, à l'entrée de quelque impor-
tant défilé, rien de plus naturel que d'en défendre les abords par un
ouvrage flanqué de tours. Le cheval serait en train de traverser le
1. M. Pinciies (p. 3 de son introduction) parlo d'un « crocodile et d'un jeune hippopo-
tame ». Je ne crois pas qu'aucun de ces deux animaux ait jamais pu vivre dans les eaux
très fraîches du lac de Van, où descendent, au printemps, des quantités considérables de
neiges fondues.
2. Chapitre 11, g 10.