Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Perrot, Georges; Chipiez, Charles
Histoire de l'art dans l'antiquité: Egypte, Assyrie, Perse, Asie Mineure, Grèce, Étrurie, Rome (Band 2): Chaldée et Assyrie — Paris, 1884

DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.11734#0670

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
660

LA GHALDÉE ET L'ASSYRIE.

M. Layard avait vu des bras, des jambes, des torses en bois. Calcinés
par l'incendie, ils n'auraient pu supporter le déplacement; au moindre
contact, ils se réduisaient eu cendre. Avec ces bois, ces émaux et ces
terres bleues, avec l'ivoire, avec des pierres plus ou moins dures,
avec les métaux communs ou précieux, on composait des statues et
des statuettes où le sculpteur cherchait surtout le genre de mérite
et d'effet que pouvait donner le rapprochement de ces substances hété-
rogènes. Avec moins de goût et des formes moins pures, c'était le
principe de celle statuaire chryséléphantine qui donnera à la Grèce,
dans le siècle de Périclès, FAthéné du Parthénon et le Jupiter
d'Olympie.

C'est une idée toute moderne que la sculpture est, par définition,
l'art qui sépare la forme de la couleur, pour ne reproduire que les
lignes et les contours des corps qu'il représente1. Pas plus que le
sculpteur égyptien, le sculpteur assyrien ne s'est donc pas fait scrupule
de mêler le relief et la couleur; mais il a été bien plus sobre et plus
réservé dans l'emploi du pinceau que le statuaire de Memphis et de
Thèbes. Comment expliquerons-nous cette différence? Il est plus facile
de la constater que d'en découvrir la raison. Peut-être peut-on allé-
guer que la lumière est moins constante et moins éblouissante h Ninive
que dans la vallée du Nil; elle n'exigeait donc pas là de l'artiste un
effort aussi marqué pour lutter, par la vivacité et la profusion de la
couleur, contre cet amaigrissement des profils et contre cet aplatisse-
ment des saillies qui résultent d'un éclairage trop violent. Peut-être
aussi faut-il tenir compte des habitudes qu'avaient prises les sculpteurs
de la Mésopotamie en commençant par travailler des roches telles que
le basalte et la diorite. qui se prêtaient mal à une application durable
de couleurs claires.

Quoi qu'il en soit, le fait ne paraît pas contestable : on ne saurait

1. Tout récemment, M. Sully-Phudiiomme exprimait cette pensée en beaux vers, dans
la pièce qu'il a intitulée : Devant la Vénus de Mllo (Revue Politique, 6 janvier 1883) :

Dans les lignes du marbre où plus rien ne subsiste
De l'éphémère éclat des modèles de chair,
Le ciseau du sculpteur, incorruptible artiste,
En isolant le Beau, nous le rend chaste et clair.

Si tendre à voir que soit la couleur d'un sein rose,
C'est dans le contour seul, presque immatériel,
Que le souffle divin se relève et dépose
La grâce qui l'exprime et ravit l'âme au ciel.

Saluons donc cet art qui, trop haut pour la foule,
Abandonne des corps les éléments charnels,
Kt, pur, du genre humain ne garde que le moule,
N'en daigne consacrer que les traits éternels!
 
Annotationen