LES ARMES.
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origine phénicienne à ces boucliers ; ils ont été trouvés en Arménie et
ils sont couverts d'inscriptions cunéiformes; ils ont bien été fabriqués,
soit en Assyrie, soit dans un pays voisin, qui avait tout emprunté à
l'Assyrie, son art et sou industrie comme les signes de son écriture.
L'Assyrie attachait trop d'importance à ses armes et en faisait une trop
forte consommation pour les demander à l'étranger.
Quand il s'agissait d'objets plus communs, tels que poignards et cou-
teaux, les manches étaient souvent aussi mo-
delés en forme de têtes d'animaux; nous en
avons déj'à cité plus d'un exemple (culs-de-
lampe des chapitres II et V) ; mais on se con-
tentait aussi parfois d'une décoration plus
simple, qui rentre dans ce qu'on appelle
l'ornement géométrique, avec lequel on com-
bine ce motif du créneau que nous avons
déjà vu l'émailleur emprunter à l'architecte
(fig. 118). On obtient ainsi une disposition très
simple, mais qui ne manque pas d'une cer-
taine élégance (fig. 392 et 416). Ce qui mérite
d'ailleurs ici d'attirer Y attention, c'est moins
le travail même de ces manches de couteau
que la tendance et le goût dont ils témoignent.1
Ces pièces étaient, comme on dit, de fabrica-
tion courante; faites d'ivoire ou d'os, elles se
vendaient par centaines dans les bazars ; il
n'en est pourtant pas où l'on ne sente le désir
qu'éprouve l'ouvrier de donner à son ouvrage /l16-- Manche de couteau. Os
une forme qui fasse plaisir à l'œil. C'est ce qui Dessin de saint-Elme Gautier,
déjà nous frappait en Egypte ; c'est ce qui ne
sera pas moins sensible en Grèce. Aujourd'hui, tout au contraire,
beaucoup des objets d'usage que nos machines produisent en si grandes
quantités n'onl plus rien de ce caractère. Ceux qui en fournissent le
type ne songent qu'à l'utile; ils craindraient de compliquer l'opé-
ration en prétendant varier l'aspect d'instruments qui doivent tous
rendre le même service ; ils renoncent donc ainsi d'avance à cet effort
d'invention personnelle et à ce souci de l'ornement qui font l'intérêt du
moindre débris de l'industrie antique et l'élèvent presque à la dignité
de l'œuvre d'art.
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origine phénicienne à ces boucliers ; ils ont été trouvés en Arménie et
ils sont couverts d'inscriptions cunéiformes; ils ont bien été fabriqués,
soit en Assyrie, soit dans un pays voisin, qui avait tout emprunté à
l'Assyrie, son art et sou industrie comme les signes de son écriture.
L'Assyrie attachait trop d'importance à ses armes et en faisait une trop
forte consommation pour les demander à l'étranger.
Quand il s'agissait d'objets plus communs, tels que poignards et cou-
teaux, les manches étaient souvent aussi mo-
delés en forme de têtes d'animaux; nous en
avons déj'à cité plus d'un exemple (culs-de-
lampe des chapitres II et V) ; mais on se con-
tentait aussi parfois d'une décoration plus
simple, qui rentre dans ce qu'on appelle
l'ornement géométrique, avec lequel on com-
bine ce motif du créneau que nous avons
déjà vu l'émailleur emprunter à l'architecte
(fig. 118). On obtient ainsi une disposition très
simple, mais qui ne manque pas d'une cer-
taine élégance (fig. 392 et 416). Ce qui mérite
d'ailleurs ici d'attirer Y attention, c'est moins
le travail même de ces manches de couteau
que la tendance et le goût dont ils témoignent.1
Ces pièces étaient, comme on dit, de fabrica-
tion courante; faites d'ivoire ou d'os, elles se
vendaient par centaines dans les bazars ; il
n'en est pourtant pas où l'on ne sente le désir
qu'éprouve l'ouvrier de donner à son ouvrage /l16-- Manche de couteau. Os
une forme qui fasse plaisir à l'œil. C'est ce qui Dessin de saint-Elme Gautier,
déjà nous frappait en Egypte ; c'est ce qui ne
sera pas moins sensible en Grèce. Aujourd'hui, tout au contraire,
beaucoup des objets d'usage que nos machines produisent en si grandes
quantités n'onl plus rien de ce caractère. Ceux qui en fournissent le
type ne songent qu'à l'utile; ils craindraient de compliquer l'opé-
ration en prétendant varier l'aspect d'instruments qui doivent tous
rendre le même service ; ils renoncent donc ainsi d'avance à cet effort
d'invention personnelle et à ce souci de l'ornement qui font l'intérêt du
moindre débris de l'industrie antique et l'élèvent presque à la dignité
de l'œuvre d'art.