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Revue archéologique — 10.1864

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Révellat, J. P.: Mémoire sur les ruines du Trophée de Q. Fabius-Maximus
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https://doi.org/10.11588/diglit.24252#0028

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24 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

fort de Faction n’eut pas lieu sur la rive droite, ce ne serait pas un
motif suffisant pour ne pas reconnaître dans la Sarrasinière le monu-
ment de la victoire de Fabius, par cela seul qu’il n’est pas sur la rive
gauche du Rhône, puisqu’il est certain que le proconsul romain battit
moins les peuples de la rive orientale que ceux de la rive opposée.
D’ailleurs, c’était la première fçis que les légions romaines mettaient
le pied sur le bord occidental du Rhône, et cette circonstance était un
motif de plus pour que Fabius tînt à honneur d’y ériger le monument
de sa Victoire.

La distance de la Sarrasinière au lieu où nous avons supposé le
camp romain est d’environ vingt kilomètres. Cette étendue assignée
pour ainsi dire au champ de bataille, loin d’être trop grande, donne,
au contraire, à l’action un air de vérité qu’elle n’a pas quand on la
restreint sur un seul point; car il nous répugne de croire que trente
mille Romains aient fait mordre la poussière à plus de cent vingt mille
Gaulois, dans un seul engagement, alors surtout que l’histoire nous
apprend que ceux-ci ne soutinrent que fort peu de temps le choc de
leurs ennemis.

Nous ne nous étendrons pas davantage sur ce sujet, et nous termi-
nerons en faisant remarquer que la découverte, dans la localité même
où le général romain Quinlus-Fabius-Maximus fit ériger une tour
de triomphe pour insulter à la défaite de ses ennemis, de ruines qu’on
ne peut attribuer qu’à un édifice de même nature, est un fait maté-
riel qui vaut bien tous les commentaires que l’on a faits sur une phrase
évidemment insuffisante, écrite par un géographe, en dehors, pour
ainsi dire, de son sujet, plus de cent ans après l’événement qu’il s’a-
git de localiser.

Ce feuillet de notre histoire nationale, que vingt siècles n’ont pas
entièrement effacé, nous a paru offrir assez d’intérêt pour mériter
d’être signalé; car, si le trophée de Fabius fut autrefois l’expression
d’un humiliant reproche, nous ne saurions oublier qu’il marque,
de nos jours, le premier pas qui fut fait pour fonder l’une des plus
importantes provinces romaines, la Gaule Narbonnaise, qui fut le
berceau de notre civilisation. Le culte des arts, que nous apporta
la conquête, en exerçant la plus heureuse influence sur les habi-
tudes des Gaulois nos pères, leur enleva cette rudesse de mœurs
qui les faisait qualifier de barbares, agrandit la sphère de leurs idées
et répandit ces habitudes de douceur qui les disposèrent à accueillir
avec empressement les premiers enseignements du christianisme.

J. P. Révellat.
 
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