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REVUE ARCHÉOLOGIQUE.
Le croquis ci-joint fera comprendre la disposition générale du
terrain : une muraille de rochers C D forme le fond d’un cirque
naturel, origine d’une petite vallée qui se jette dans le Wadi-es-Svr ;
une portion de cette muraille, comprise entre le ravin naturel D et
la tranchée artificielle C, est percée de deux étages de chambres
mises en communication par un chemin couvert qui serpente dans
la pierre, et par un couloir horizontal taillé dans le rocher (1). Les
Arabes nomment cet ensemble Araq-el-Émir (rocher du prince). Les
chambres ne sont pas sépulcrales comme la plupart des caveaux
creusés dans le flanc des montagnes de la Judée; les unes, disposées
avec soin, éclairées par de larges fenêtres, sont des salles d’habi-
tation; les autres, avec leurs mangeoires et leurs anneaux taillés
dans la pierre, sont des écuries; d’autres, plus grossières, ont servi
de magasins; enfin un bloc réservé sur le bord du chemin couvert
et percé de petites niches, est évidemment un colombier. Tout cet
établissement a donc les caractères d’un lieu de refuge, mis à l’abri
d’une surprise par les larges tranchées qui l’isolent et par le chemin
étroit qui y mène, capable de contenir une nombreuse maison avec
une suite de cinquante chevaux au moins et des provisions pour un
long siège. A une certaine distance, en descendant la vallée, on
trouve un grand barrage B qui la traverse de bord à bord et forme
un bassin artificiel, alimenté probablement autrefois par une prise
d’eau faite au Wadi-es-Syr. Au milieu de cet étang, aujourd’hui
desséché, s’élèvent les ruines d’un édifice rectangulaire A, construit
en blocs énormes (2); les Arabes le nomment Qasr-el-Abd (château
de l’esclave); le trait principal de cet édifice est une frise de grands
animaux qui décore la partie supérieure.
L’aspect de la construction prouve qu’elle a été bâtie d’un seul
jet, puis abandonnée avant d’être finie. Tout est homogène, mais
inachevé : le parement extérieur, les chapiteaux des colonnes, les
animaux de la frise, ne sont qu’ébauchés; il n’v a de terminé qu’une
partie des petits détails : il semble que cette habitation isolée n’ait
eu qu’un jour; qu’entreprise par un caprice, elle ait été brusque-
ment délaissée par un autre caprice ou à cause de la mort prématurée
de son premier fondateur.
Un mur d’enceinte reliait ce palais aux grottes décrites plus haut :
la porte d’entrée est au point E. 1 2
(1) Voy. le Temple de Jérusalem, pl. XXXV, vue prise sur le bord de la tran-
chée C.
(2) Id., pl. XXXIV.
REVUE ARCHÉOLOGIQUE.
Le croquis ci-joint fera comprendre la disposition générale du
terrain : une muraille de rochers C D forme le fond d’un cirque
naturel, origine d’une petite vallée qui se jette dans le Wadi-es-Svr ;
une portion de cette muraille, comprise entre le ravin naturel D et
la tranchée artificielle C, est percée de deux étages de chambres
mises en communication par un chemin couvert qui serpente dans
la pierre, et par un couloir horizontal taillé dans le rocher (1). Les
Arabes nomment cet ensemble Araq-el-Émir (rocher du prince). Les
chambres ne sont pas sépulcrales comme la plupart des caveaux
creusés dans le flanc des montagnes de la Judée; les unes, disposées
avec soin, éclairées par de larges fenêtres, sont des salles d’habi-
tation; les autres, avec leurs mangeoires et leurs anneaux taillés
dans la pierre, sont des écuries; d’autres, plus grossières, ont servi
de magasins; enfin un bloc réservé sur le bord du chemin couvert
et percé de petites niches, est évidemment un colombier. Tout cet
établissement a donc les caractères d’un lieu de refuge, mis à l’abri
d’une surprise par les larges tranchées qui l’isolent et par le chemin
étroit qui y mène, capable de contenir une nombreuse maison avec
une suite de cinquante chevaux au moins et des provisions pour un
long siège. A une certaine distance, en descendant la vallée, on
trouve un grand barrage B qui la traverse de bord à bord et forme
un bassin artificiel, alimenté probablement autrefois par une prise
d’eau faite au Wadi-es-Syr. Au milieu de cet étang, aujourd’hui
desséché, s’élèvent les ruines d’un édifice rectangulaire A, construit
en blocs énormes (2); les Arabes le nomment Qasr-el-Abd (château
de l’esclave); le trait principal de cet édifice est une frise de grands
animaux qui décore la partie supérieure.
L’aspect de la construction prouve qu’elle a été bâtie d’un seul
jet, puis abandonnée avant d’être finie. Tout est homogène, mais
inachevé : le parement extérieur, les chapiteaux des colonnes, les
animaux de la frise, ne sont qu’ébauchés; il n’v a de terminé qu’une
partie des petits détails : il semble que cette habitation isolée n’ait
eu qu’un jour; qu’entreprise par un caprice, elle ait été brusque-
ment délaissée par un autre caprice ou à cause de la mort prématurée
de son premier fondateur.
Un mur d’enceinte reliait ce palais aux grottes décrites plus haut :
la porte d’entrée est au point E. 1 2
(1) Voy. le Temple de Jérusalem, pl. XXXV, vue prise sur le bord de la tran-
chée C.
(2) Id., pl. XXXIV.