RUINES d’araq-el-émir. 55
Il suffit de comparer cette description et ces dessins avec le texte
de Josèphe pour voir que les ruines d’Araq-el-Émir sont celles du
palais d’Hyrcan : on en jugera par la traduction suivante :
« 11 (Hyrcan) bâtit un château fort (pdpiv Irryypdv) construit du haut
« en bas en pierres blanches, et y sculpta des animaux de grande
« taille (Çwa TraaasysôsffxaTa). Il l’entoura d’un étang large et profond.
« Puis, attaquant le flanc de la montagne située en face, il creusa
« des grottes longues de plusieurs stades; il disposa dans le château
K des salles pour le repas, le sommeil ou l’habitation : des eaux
« courantes et abondantes amenées au milieu de la cour en faisaient
« le charme et l’ornement. L’entrée des grottes était étroite, afin
« qu’un homme seul pût passer de front : cette précaution avait pour
« but de mettre Hyrcan à l’abri d’une attaque de ses frères. Devant,
« il bâtit de vastes cours ornées de grands jardins. Ayant ainsi dis-
« posé ce lieu, il le nomma Tyr (1). Ce lieu est situé entre la Judée
» et l’Arabie, au delà du Jourdain, non loin d’Hesbon. Hyrcan
« commanda sept ans dans ces contrées, pendant tout le règne de
« Séleucus. »
Ainsi, situation géographique, noms propres, détails d’architec-
ture, tout est d’accord : la disposition des grottes, la frise d’animaux,
le bassin qui entoure le château, les jardins clos de murs, tout se
retrouve sur le terrain et ne laisse aucun doute quant à l’identifi-
cation des ruines. Yoici donc un monument dont la date est aussi
certaine que si elle était inscrite sur sa façade : il a été bâti dans les
sept années qui précèdent l’avénement d’Anliochus IV, c’est-à-dire
de 182 à 175. Il nous donne une base excellente pour l’étude de
l’art judaïque, un point de repère fixe pour la classification des
styles. Étudions-le donc avec soin.
Le plan du palais proprement dit, quoique mutilé, est facile à
déterminer : c’est un grand rectangle de trente-sept mètres cinquante
centimètres sur dix-neuf mètres soixante centimètres, avec un vesti-
bule ouvert à chaque extrémité, et une cour intérieure entourée
d’une ceinture de chambres voûtées : les dimensions de ces chambres
sont données par la courbure des voûtes, dont quelques sommiers
sont encore en place : un ou deux fragments de colonnes gisent à
l’intérieur et indiquent qu’un portique régnait autour de la cour :
un escalier situé dans l’angle nord-est conduisait aux terrasses ou
à un étage supérieur. Les chambres s’éclairaient par des fenêtres
(1) Tupoç : le nom sémitique était probablement, comme pour la capitale phéni-
cienne, Sour, rocher : Araq en est la traduction et Syr le souvenir.
Il suffit de comparer cette description et ces dessins avec le texte
de Josèphe pour voir que les ruines d’Araq-el-Émir sont celles du
palais d’Hyrcan : on en jugera par la traduction suivante :
« 11 (Hyrcan) bâtit un château fort (pdpiv Irryypdv) construit du haut
« en bas en pierres blanches, et y sculpta des animaux de grande
« taille (Çwa TraaasysôsffxaTa). Il l’entoura d’un étang large et profond.
« Puis, attaquant le flanc de la montagne située en face, il creusa
« des grottes longues de plusieurs stades; il disposa dans le château
K des salles pour le repas, le sommeil ou l’habitation : des eaux
« courantes et abondantes amenées au milieu de la cour en faisaient
« le charme et l’ornement. L’entrée des grottes était étroite, afin
« qu’un homme seul pût passer de front : cette précaution avait pour
« but de mettre Hyrcan à l’abri d’une attaque de ses frères. Devant,
« il bâtit de vastes cours ornées de grands jardins. Ayant ainsi dis-
« posé ce lieu, il le nomma Tyr (1). Ce lieu est situé entre la Judée
» et l’Arabie, au delà du Jourdain, non loin d’Hesbon. Hyrcan
« commanda sept ans dans ces contrées, pendant tout le règne de
« Séleucus. »
Ainsi, situation géographique, noms propres, détails d’architec-
ture, tout est d’accord : la disposition des grottes, la frise d’animaux,
le bassin qui entoure le château, les jardins clos de murs, tout se
retrouve sur le terrain et ne laisse aucun doute quant à l’identifi-
cation des ruines. Yoici donc un monument dont la date est aussi
certaine que si elle était inscrite sur sa façade : il a été bâti dans les
sept années qui précèdent l’avénement d’Anliochus IV, c’est-à-dire
de 182 à 175. Il nous donne une base excellente pour l’étude de
l’art judaïque, un point de repère fixe pour la classification des
styles. Étudions-le donc avec soin.
Le plan du palais proprement dit, quoique mutilé, est facile à
déterminer : c’est un grand rectangle de trente-sept mètres cinquante
centimètres sur dix-neuf mètres soixante centimètres, avec un vesti-
bule ouvert à chaque extrémité, et une cour intérieure entourée
d’une ceinture de chambres voûtées : les dimensions de ces chambres
sont données par la courbure des voûtes, dont quelques sommiers
sont encore en place : un ou deux fragments de colonnes gisent à
l’intérieur et indiquent qu’un portique régnait autour de la cour :
un escalier situé dans l’angle nord-est conduisait aux terrasses ou
à un étage supérieur. Les chambres s’éclairaient par des fenêtres
(1) Tupoç : le nom sémitique était probablement, comme pour la capitale phéni-
cienne, Sour, rocher : Araq en est la traduction et Syr le souvenir.