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ÉTUDES SUR LES NOMS D’HOMMES GAULOIS, ETC.
pour atteindre ce but est une étude attentive des noms propres. Il y
a là une mine d’une extrême richesse à exploiter, car nous possédons
une quantité considérable de termes de ce genre fournisjpar les histo-
riens, les inscriptions et les médailles. Il s’agit de voir comment il
faut procéder pour faire sortir de cette mine tout ce qu'elle con-
tient, ou à peu près. Je ne veux parler maintenant que des noms
d’hommes.
Dans nos sociétés modernes, on distingue sur-le-champ deux
classes générales de noms propres : ceux qui ont une signification
précise, et ceux qui n’offrent aucun sens connu. Les premiers sont
des produits récents de langues encore vivantes, les seconds sont un
mélange de termes anciens plus ou moins altérés et incompris, et
d’emprunts faits à des langues étrangères, mortes ou vivantes, mé-
lange qui provient de causes très-variées. Ainsi, le vieux français
d’une part, et de l’autre le latin, le grec, l’hébreu, puis les langues
germaniques et néo-celtiques, ont contribué, dans des proportions
diverses, à former cette multitude de noms usités en France, les-
quels n’ont plus que l’apparence de signes phoniques arbitraires.
Il n’en est point ainsi, cependant, chez les peuples dont la race et
la langue sont encore homogènes. Ici tous les noms propres sont
clairement significatifs, ou l’ont été du moins au moment de leur
formation. Les Gaulois n’ont sûrement pas fait exception à cette
règle générale, bien qu’à dater de la conquête beaucoup d’éléments
romains soient venus se mêler aux noms purement nationaux. Il en
résulte que ces derniers doivent contenir tout un vocabulaire gau-
lois, d’autant plus riche et varié que les appellatifs de ce genre tirent
leurs origines des circonstances les plus diverses.
Leur interprétation, toutefois, présente des difficultés qu’il ne faut
pas se dissimuler si l’on veut arriver à les amoindrir. Nous n’avons
ici, dans la plupart des cas, d’autre moyen de recherche que la com-
paraison des langues néo-celtiques, et celles-ci, bien qu’alliées au
gaulois, ne sont pas, et n’ont jamais été du gaulois pur. Le fonds
celtique primitif s’est distribué inégalement entre les branches de la
famille, et les unes ont perdu ce que les autres ont conservé. Le
temps aussi a exercé son influence sur les dialectes modernes par
toute sorte d’altérations, et ils sont encore incomplètement étudiés
dans leurs sources les plus anciennes, que plusieurs siècles séparent
elles-mêmes de l’époque gauloise. On doit comprendre, d’après cela,
qu’il faut renoncer de prime-abord à vouloir tout expliquer par leur
moyen.
D’autres difficultés proviennent de ce que les noms gaulois n’ont
21
x.
ÉTUDES SUR LES NOMS D’HOMMES GAULOIS, ETC.
pour atteindre ce but est une étude attentive des noms propres. Il y
a là une mine d’une extrême richesse à exploiter, car nous possédons
une quantité considérable de termes de ce genre fournisjpar les histo-
riens, les inscriptions et les médailles. Il s’agit de voir comment il
faut procéder pour faire sortir de cette mine tout ce qu'elle con-
tient, ou à peu près. Je ne veux parler maintenant que des noms
d’hommes.
Dans nos sociétés modernes, on distingue sur-le-champ deux
classes générales de noms propres : ceux qui ont une signification
précise, et ceux qui n’offrent aucun sens connu. Les premiers sont
des produits récents de langues encore vivantes, les seconds sont un
mélange de termes anciens plus ou moins altérés et incompris, et
d’emprunts faits à des langues étrangères, mortes ou vivantes, mé-
lange qui provient de causes très-variées. Ainsi, le vieux français
d’une part, et de l’autre le latin, le grec, l’hébreu, puis les langues
germaniques et néo-celtiques, ont contribué, dans des proportions
diverses, à former cette multitude de noms usités en France, les-
quels n’ont plus que l’apparence de signes phoniques arbitraires.
Il n’en est point ainsi, cependant, chez les peuples dont la race et
la langue sont encore homogènes. Ici tous les noms propres sont
clairement significatifs, ou l’ont été du moins au moment de leur
formation. Les Gaulois n’ont sûrement pas fait exception à cette
règle générale, bien qu’à dater de la conquête beaucoup d’éléments
romains soient venus se mêler aux noms purement nationaux. Il en
résulte que ces derniers doivent contenir tout un vocabulaire gau-
lois, d’autant plus riche et varié que les appellatifs de ce genre tirent
leurs origines des circonstances les plus diverses.
Leur interprétation, toutefois, présente des difficultés qu’il ne faut
pas se dissimuler si l’on veut arriver à les amoindrir. Nous n’avons
ici, dans la plupart des cas, d’autre moyen de recherche que la com-
paraison des langues néo-celtiques, et celles-ci, bien qu’alliées au
gaulois, ne sont pas, et n’ont jamais été du gaulois pur. Le fonds
celtique primitif s’est distribué inégalement entre les branches de la
famille, et les unes ont perdu ce que les autres ont conservé. Le
temps aussi a exercé son influence sur les dialectes modernes par
toute sorte d’altérations, et ils sont encore incomplètement étudiés
dans leurs sources les plus anciennes, que plusieurs siècles séparent
elles-mêmes de l’époque gauloise. On doit comprendre, d’après cela,
qu’il faut renoncer de prime-abord à vouloir tout expliquer par leur
moyen.
D’autres difficultés proviennent de ce que les noms gaulois n’ont
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