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REVUE ARCHEOLOGIQUE.
pas toujours été transmis avec la correction désirable. Dans les ma-
nuscrits des historiens anciens, ils offrent souvent des variantes
considérables, et de nature à troubler l’investigation philologique.
Les inscriptions présentent plus de garanties d’authenticité; mais
ici les lectures fautives et dissidentes abondent encore beaucoup trop
dans les recueils épigraphiques, que l’on peut rarement contrôler.
Il en est de même des médailles, où l’on a cependant l’avantage de
pouvoir souvent comparer plusieurs échantillons pour arriver à des
résultats corrects. Les progrès que font chaque jour l’épigraphie et
la numismatique tendront heureusement à diminuer de plus en plus
cet ordre de difficultés.
Une troisième cause générale d’incertitudes, c’est le doute qui
s’élève parfois sur la nationalité des noms dans les inscriptions
gallo-romaines. Les éléments gaulois et romains s’y mêlent sans que
l’on puisse toujours les distinguer. Bien des noms gaulois ont passé
de la Cisalpine dans le reste de l’Italie, et se présentent comme
romains (1), et les Gaulois, de leur côté, ont adopté en partie ceux
de leurs conquérants. Un nom gallo-romain qui ne s’explique pas
par le latin n’est pas pour cela nécessairement gaulois, attendu que
l’étrusque, l’osque et les autres dialectes péninsulaires en ont fourni
un bon nombre à l’Italie romaine. On est donc exposé à se tromper
lorsque, sur de simples coïncidences de forme, et dans l’ignorance
des véritables significations, on met en œuvre les étymologies néo-
celtiques.
Il faut ajouter à tout cela que, même dans les langues bien
connues, les étymologies des noms propres sont souvent difficiles à
retrouver. Or, cette difficulté redouble quand il s’agit d’un idiome
que nous ne connaissons que très-imparfaitement', et que nous
ne pouvons élucider qu’à l’aide de dialectes plus ou moins diver-
gents.
Ces obstacles seraient de nature à décourager de prime-abord de
toute recherche, si l’on ne pouvait trouver, dans les ressources d’une
méthode convenable, des moyens de les atténuer, et même parfois
de les surmonter décidément . Du moment que l’on peut arriver pour
quelques classes de noms à des résultats certains, ces résultats, à
leur tour, augmentent la valeur de ceux qui, par eux-mêmes, ne
seraient que probables, et qui en acquièrent d’ailleurs par leur mul-
tiplicité.
(1) Par ex. : Virgilius, Vilnius, Livius, Drusus, etc. Cf. Zeuss, Gramm. cell.,
passim.
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pas toujours été transmis avec la correction désirable. Dans les ma-
nuscrits des historiens anciens, ils offrent souvent des variantes
considérables, et de nature à troubler l’investigation philologique.
Les inscriptions présentent plus de garanties d’authenticité; mais
ici les lectures fautives et dissidentes abondent encore beaucoup trop
dans les recueils épigraphiques, que l’on peut rarement contrôler.
Il en est de même des médailles, où l’on a cependant l’avantage de
pouvoir souvent comparer plusieurs échantillons pour arriver à des
résultats corrects. Les progrès que font chaque jour l’épigraphie et
la numismatique tendront heureusement à diminuer de plus en plus
cet ordre de difficultés.
Une troisième cause générale d’incertitudes, c’est le doute qui
s’élève parfois sur la nationalité des noms dans les inscriptions
gallo-romaines. Les éléments gaulois et romains s’y mêlent sans que
l’on puisse toujours les distinguer. Bien des noms gaulois ont passé
de la Cisalpine dans le reste de l’Italie, et se présentent comme
romains (1), et les Gaulois, de leur côté, ont adopté en partie ceux
de leurs conquérants. Un nom gallo-romain qui ne s’explique pas
par le latin n’est pas pour cela nécessairement gaulois, attendu que
l’étrusque, l’osque et les autres dialectes péninsulaires en ont fourni
un bon nombre à l’Italie romaine. On est donc exposé à se tromper
lorsque, sur de simples coïncidences de forme, et dans l’ignorance
des véritables significations, on met en œuvre les étymologies néo-
celtiques.
Il faut ajouter à tout cela que, même dans les langues bien
connues, les étymologies des noms propres sont souvent difficiles à
retrouver. Or, cette difficulté redouble quand il s’agit d’un idiome
que nous ne connaissons que très-imparfaitement', et que nous
ne pouvons élucider qu’à l’aide de dialectes plus ou moins diver-
gents.
Ces obstacles seraient de nature à décourager de prime-abord de
toute recherche, si l’on ne pouvait trouver, dans les ressources d’une
méthode convenable, des moyens de les atténuer, et même parfois
de les surmonter décidément . Du moment que l’on peut arriver pour
quelques classes de noms à des résultats certains, ces résultats, à
leur tour, augmentent la valeur de ceux qui, par eux-mêmes, ne
seraient que probables, et qui en acquièrent d’ailleurs par leur mul-
tiplicité.
(1) Par ex. : Virgilius, Vilnius, Livius, Drusus, etc. Cf. Zeuss, Gramm. cell.,
passim.