Antoine Canal, dit Canaletto
Cet artiste forme, avec Guardi et Bellotto, la brillante triade des perspectivistes véni-
tiens qui ont reproduit avec un charme incomparable l’aspect de leur féérique patrie pendant
le dernier siècle de son indépendance.
Dans YAbecedcirio de Mariette, ou trouve, sur Antoine Canal, une notice très courte,
mais d’autant plus précieuse que les renseignements qu’elle contient ont été communiqués à
Mariette par l’artiste lui-même. C’est de cette notice qu’on apprend qu’Antoine naquit le
18 octobre 1697, date qui était inconnue avant la publication de YAbecedario. Pour distinguer
notre artiste de son père, Bernard Canal, qui était peintre de décorations théâtrales, on lui
donna le surnom de Canaletto (l), sous lequel il est plus connu. On l’appelait aussi familiè-
rement Tonino, forme diminutive du nom Antonio.
Nous ignorons si Bernard et Antoine descendaient de l’illustre famille Canal qui donna
à la république quatre procureurs de Saint Marc, mais il semble qu’Antoine ait eu des pré-
tentions nobiliaires. Sous son portrait, gravé par Visentini d’après un dessin de Piazzetta (2),
on voit la légende: «Antonio Canale origine Civis Venetus », accompagnée d’un blason:
d’azur au chevron d’or. Les armes des Canal nobles étaient: d’argent au chevron d’azur.
Des armes identiques, ou du moins très semblables, à celles dont nous venons de parler, ont
été souvent introduites par Canaletto dans ses tableaux, et dans ses gravures on ne les ren-
contre pas moins de trois fois (voir nos n.os 10, 20 et 14).
Après s’être formé sous la direction de Luc Carlevaris, bon peintre de perspectives mort
en 1718, Canaletto exerça pendant quelque temps avec son père la peinture scénique, mais,
en 1719, il la quitta tout à coup pour n’y plus revenir. Dans sa jeunesse il fit le voyage de
Rome, afin d’y étudier d’après l’antique, et l’on peut supposer que les succès qu’obtenait Pan-
nini avec ses tableaux de vues delà ville éternelle lui ait suggéré l’idée d’appliquer le même
genre de peinture à Venise et aux localités environnantes.
Revenu dans sa ville natale, il y fit un grand nombre de tableaux qui le rendirent
bientôt célèbre. Il travailla beaucoup pour les Anglais, surtout pour Joseph Smith, consul de
S. M. Britannique auprès de la république de Saint Marc. Ce fut vraisemblablement Smith
qui le décida à visiter l’Angleterre. Le peintre y alla deux fois (3) et, dit Mariette, y rem-
(>) O11 n’aura garde de confondre Antoine Canal avec Bernardin Bellotto, qui lui aussi
portait le surnom de Canaletto.
(2) Nous remarquerons ici qu’un autre portrait, de forme ovale et avec la légende :
« Antonio Canal Nob. Ven. Accad. degli Argonauti, d'età d’an....», ne représente pas le
peintre Canaletto, mais un patricien homonyme.
(3) Un critique anglais a mis en doute les deux voyages de Canaletto en Angleterre ;
il paraît pourtant qu’ils ont réellement eu lieu.
Cet artiste forme, avec Guardi et Bellotto, la brillante triade des perspectivistes véni-
tiens qui ont reproduit avec un charme incomparable l’aspect de leur féérique patrie pendant
le dernier siècle de son indépendance.
Dans YAbecedcirio de Mariette, ou trouve, sur Antoine Canal, une notice très courte,
mais d’autant plus précieuse que les renseignements qu’elle contient ont été communiqués à
Mariette par l’artiste lui-même. C’est de cette notice qu’on apprend qu’Antoine naquit le
18 octobre 1697, date qui était inconnue avant la publication de YAbecedario. Pour distinguer
notre artiste de son père, Bernard Canal, qui était peintre de décorations théâtrales, on lui
donna le surnom de Canaletto (l), sous lequel il est plus connu. On l’appelait aussi familiè-
rement Tonino, forme diminutive du nom Antonio.
Nous ignorons si Bernard et Antoine descendaient de l’illustre famille Canal qui donna
à la république quatre procureurs de Saint Marc, mais il semble qu’Antoine ait eu des pré-
tentions nobiliaires. Sous son portrait, gravé par Visentini d’après un dessin de Piazzetta (2),
on voit la légende: «Antonio Canale origine Civis Venetus », accompagnée d’un blason:
d’azur au chevron d’or. Les armes des Canal nobles étaient: d’argent au chevron d’azur.
Des armes identiques, ou du moins très semblables, à celles dont nous venons de parler, ont
été souvent introduites par Canaletto dans ses tableaux, et dans ses gravures on ne les ren-
contre pas moins de trois fois (voir nos n.os 10, 20 et 14).
Après s’être formé sous la direction de Luc Carlevaris, bon peintre de perspectives mort
en 1718, Canaletto exerça pendant quelque temps avec son père la peinture scénique, mais,
en 1719, il la quitta tout à coup pour n’y plus revenir. Dans sa jeunesse il fit le voyage de
Rome, afin d’y étudier d’après l’antique, et l’on peut supposer que les succès qu’obtenait Pan-
nini avec ses tableaux de vues delà ville éternelle lui ait suggéré l’idée d’appliquer le même
genre de peinture à Venise et aux localités environnantes.
Revenu dans sa ville natale, il y fit un grand nombre de tableaux qui le rendirent
bientôt célèbre. Il travailla beaucoup pour les Anglais, surtout pour Joseph Smith, consul de
S. M. Britannique auprès de la république de Saint Marc. Ce fut vraisemblablement Smith
qui le décida à visiter l’Angleterre. Le peintre y alla deux fois (3) et, dit Mariette, y rem-
(>) O11 n’aura garde de confondre Antoine Canal avec Bernardin Bellotto, qui lui aussi
portait le surnom de Canaletto.
(2) Nous remarquerons ici qu’un autre portrait, de forme ovale et avec la légende :
« Antonio Canal Nob. Ven. Accad. degli Argonauti, d'età d’an....», ne représente pas le
peintre Canaletto, mais un patricien homonyme.
(3) Un critique anglais a mis en doute les deux voyages de Canaletto en Angleterre ;
il paraît pourtant qu’ils ont réellement eu lieu.