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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 2)

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Lenormant, François: Le céramique des anciens et ses caractères généraux au point de vue technique
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https://doi.org/10.11588/diglit.19459#0040

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LA CÉRAMIQUE DES ANCIENS. 25

de vin, ce qui en avait été absorbé par la terre devait rapidement aigrir, risquant de faire tourner
en vinaigre le nouveau vin qu'on y versait, s'il devait y rester quelque temps.

11 n'y avait pas moyen d'éviter cet inconvénient autrement qu'en imprégnant intérieurement
la terre du vase d'un corps gras versé dedans à l'état chaud et liquide, comme font encore aujour-
d'hui les potiers péruviens, de manière à ce que le corps gras, en bouchant les pores de la pâte,
lui enlevât sa propriété absorbante. Mais à son tour l'emploi de ce procédé devait presque
inévitablement donner au vase un goût particulier et désagréable.

On voit combien la nature même de la seule poterie que les anciens aient connue la rendait
imparfaite et grossière comme poterie d'usage. A ce point de vue, la céramique de l'antiquité
est toujours restée dans un état de véritable enfance, tandis que son façonnage et sa décoration
d'art atteignaient une perfection qui n'a pas été surpassée.

Imprégner d'une matière grasse la pâte de la poterie pour en obturer les pores, l'enduire de
cire ou de résine, c'étaient de bien pauvres moyens de pallier l'inconvénient de la perméabilité,
grâce à laquelle elle laissait fuir en partie les liquides qu'on y enfermait. C'étaient surtout des
moyens dont l'emploi avait des inconvénients d'une autre nature, mais non moins graves que
celui auquel ils étaient destinés à parer. De très bonne heure on dut chercher, à défaut d'une
modification de la nature et de la composition des pâtes céramiques, dont on n'avait pas môme
l'idée, des procédés qui permissent de donner aux vases l'imperméabilité qui leur faisait défaut,
et qui était cependant si nécessaire, en revêtant la surface de la poterie d'une couche extérieure
de matière plus dense, de texture plus serrée, qui retînt les liquides.

Trois méthodes pouvaient être mises en œuvre à cet effet et le furent successivement, l'une
ou l'autre prédominant différemment dans la pratique, suivant les époques et suivant les pays :

Le lustrage,

La glaçure,

Le vernissage.

Par ces trois termes je distingue trois opérations de natures tout à fait diverses, destinées
au même résultat et le réalisant à des degrés différents.

Le lustrage est purement mécanique. Il consiste à frotter fortement au polissoir la surface
du vase avant sa cuisson, de manière à la rendre lisse et luisante. Le brillant ainsi obtenu est
souvent assez complet pour qu'au premier abord on puisse croire qu'il résulte de l'application d'une
glaçure. Le polissage de la surface des vases, en même temps qu'il les lustre, change la texture
superficielle de la pâte. En l'écrasant, il la resserre, la rend plus dense, en ferme les pores. La
surface ainsi lustrée cesse d'être absorbante, ou du moins ne l'est plus que très peu. Et l'on
obtient de cette manière un degré déjà considérable d'imperméabilité. C'est un procédé qui est
encore fort en usage chez les potiers de l'Orient et chez ceux des parties de l'Europe où se sont
introduites de nombreuses pratiques orientales, comme l'Espagne.

La glaçure et le vernissage sont, au contraire, deux opérations chimiques de même genre ;
elles diffèrent seulement par la nature des matières employées. Leur effet est de recouvrir la
poterie d'argile d'une couche vitreuse mince, solide, imperméable, composée d'éléments qui
se fondent et se vitrifient au feu du four, et sous son action adhèrent intimement à la superficie
de la pâte céramique.

La distinction que nous établissons entre la glaçure et le vernis tient à leur composition et à
leur nature chimique.

La glaçure est un verre translucide, essentiellement composé de silice rendue fusible par
l'introduction d'un alcali, potasse ou soude. Certains oxydes métalliques, ceux du fer, du manga-
nèse et du cuivre, n'y sont quelquefois introduits qu'à titre de matières colorantes.

La glaçure silico-alcaline peut être assez épaisse et mal adhérente à l'excipient céramique qui
la reçoit; c'est le cas de la prétendue porcelaine égyptienne, dont je parlais tout à l'heure. Elle
peut, au contraire, être appliquée en couche très mince et faire tellement corps avec la pièce
qu on ne peut l'en détacher ; telle est la glaçure des vases peints helléniques bien réussis
et celle des poteries rouges romaines. Dans la première de ces trois espèces de céramique, la
 
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