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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 2)

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Lenormant, François: Le céramique des anciens et ses caractères généraux au point de vue technique
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https://doi.org/10.11588/diglit.19459#0041

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26

L'ART.

glaçure s'altère très facilement ; dans les deux autres elle est inattaquable aux acides les plus
puissants.

Le vernis proprement dit est un émail plombique, épais, transparent et coloré, qui s'applique
sur l'excipient de terre. On le compose de minium ou de litharge, d'argile plastique et de silice.
L'antiquité ne paraît pas avoir connu, du moins dans son application à la poterie, l'émail opaque
stannifère, bien supérieur à l'émail purement plombique, plus résistant, moins altérable, et dont
l'emploi constitue la faïence proprement dite. L'innovation qui l'a produit a consisté à y combiner
l'oxyde d'étain avec l'oxyde de plomb. C'est en Perse, à l'époque des Sassanides, que l'on
constate les premiers exemples du vernis céramique stannifère, qui parait avoir été inventé alors
et dans cette contrée. Les Arabes l'empruntèrent à la Perse et en propagèrent ensuite le secret
en Occident.

Des trois procédés — l'un mécanique et les deux autres chimiques — que je viens d'indiquer,
le plus imparfait, le plus rudimentaire, mais aussi celui qui nécessairement dut être inventé le
premier, de très bonne heure même et presque aux débuts de l'art du potier, fut celui du
lustrage au polissoir. Nous le trouvons connu et presque universellement employé dans la
céramique la plus ancienne des peuples qui habitaient tout autour du bassin de la Méditerranée,
et cela dès- l'état encore rudimentaire de civilisation que l'on désigne par le nom d' « âge du
bronze », état qui clans certaines contrées, par exemple dans tout le nord de l'Italie, s'est
prolongé bien autrement tard que ne le voudraient certaines théories fantaisistes, jusqu'à un petit
nombre de siècles avant l'ère chrétienne.

Les Etrusques se sont spécialement approprié ce procédé des premiers âges ; ils l'ont
gardé jusque pendant l'époque la plus florissante de leur civilisation. Ils l'ont porté à un degré
de perfection plus grand qu'aucun autre peuple, et tant qu'ils sont restés pleinement indépen-
dants, leur poterie proprement nationale a été la terre noire, ou bucchero nero comme disent
les Italiens, simplement lustrée par polissage.

Le vernis plombique, qui paraît être resté absolument inconnu des Égyptiens des siècles
pharaoniques, se montre à nous, dès une époque extrêmement ancienne, usité chez les Chaldéo-
Babyloniens et les Assyriens. C'est clans la Chaldée ou à Babylone même qu'il a dû être inventé,
et pendant très longtemps il est resté exclusivement propre à la civilisation euphratique. C'est
l'influence de cette civilisation qui l'a introduit dans la Perse, où il devait, au bout de quelques
siècles, recevoir son dernier perfectionnement, en devenant stannifère.

Les Grecs n'ont pas connu ce vernis, ou du moins, contents de la glaçure silico-alcaline si
parfaite qu'ils pratiquaient, ils n'ont aucunement éprouvé le besoin de l'adopter et de l'imiter. C'est
seulement à l'époque de l'empire romain que la pratique en pénétra d'Orient en Occident par le
canal de Tarse, d'Antioche et d'Alexandrie, et que la fabrication de poteries à vernis plombifère
se naturalisa progressivement en Italie, jusqu'en Gaule même, mais sans y prendre jamais un
très grand développement. Il semble pourtant probable que la confection de poteries à émail
purement plombique dans notre pays, en Italie et en Espagne doit procéder d'une tradition qui
remonte à l'époque romaine. Car ce qu'ont introduit ensuite en Europe l'exemple et l'influence
des Arabes, c'est la faïence à émail stannifère, qui représente un pas considérable en avant
dans l'histoire des progrès de la céramique.

Quant à la glaçure silico-alcaline des Grecs, qu'ils communiquèrent aux Étrusques et aux
Campaniens, et dont le secret passa ensuite aux potiers romains, nous en rechercherons dans un
autre travail l'origine et le point de départ. Et je crois pouvoir dire d'avance que c'est en Égypte
que nous en constaterons les premiers exemples. Les Hellènes n'en ont point été les inventeurs;
mais on ne saurait leur refuser la gloire de l'avoir portée à son suprême degré de perfection. Et
ce fut certes une grande chose que d'arriver à appliquer sur une poterie à pâte fine, mais tendre,
perméable et cuite à une très basse température, une glaçure aussi mince, aussi solide, aussi
imperméable, et, ce qui est mieux encore, inattaquable par des agents puissants auxquels ne
résistent pas les vernis des temps modernes, même les vernis cristallins, d'ailleurs si éclatants.

Cette glaçure a une composition tellement remarquable, tellement difficile à atteindre que,
 
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