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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 2)

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D'Adda, Girolamo: Une famille d'artistes Lombards au XIVe et XVe siècle: les Besozzo
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https://doi.org/10.11588/diglit.19459#0107

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I

ço L'ART.

et se sont érigés depuis huit siècles en soutiens des talents méconnus. Leur famille existe
heureusement encore, divisée en plusieurs branches, et elle continue dans la mesure de ses forces
les traditions des ancêtres : exemple peu imité. Les représentants de notre patriciat, que l'on
dirait empressés de déchoir, se laissent gruger par les hommes d'affaires qui se mettent en
leur lieu et place, et se vautrent dans leurs palais et leurs équipages, tandis que les anciens
maîtres vendent en cachette les objets d'art hérités des ancêtres, et l'honneur de la famille à des
usuriers.

Mais nous n'avons pas fini encore avec les Michelino. Il y a aussi un peintre sur verre au
xve siècle, du nom de Michèle Molinari, qui a orné de beaux vitraux plusieurs grandes fenêtres
ogivales de notre Dôme, avec d'autres habiles peintres verriers, ces « magistri a vitreatis » comme
on les appelait alors, où il y avait San Fanino da Pandino, un Français de Normandie, Zanino
Agni, et plusieurs Allemands de mérite. Un Michelino Molinari de Besozzo eut en partage la
chapelle de Saint-Georges, en 1446, et colora une grande partie du vitrail au-dessus de l'autel de
cette chapelle '.

Ces verreries sont aujourd'hui bien dignes de pitié; elles ont eu à souffrir de toutes sortes
de destructions, restant quelquefois sans défense suffisante contre des orages terribles qui se
déchaînent sur la place qui entoure la cathédrale, trop large devant la façade, trop étroite des
trois autres côtés ; enfin flanquée d'une horreur architecturale par un pauvre architecte qui
a péri en tombant du haut de son arc de triomphe, monument n'ayant pas le sens commun,
qui a coûté des sommes fabuleuses et la vie à son auteur.

Mais il y a des éléments plus destructeurs ; ce sont les commissions composées d'une
majorité d'amateurs de bonne volonté peut-être, mais sans aucune connaissance des nécessités de
cet art spécial, décidant de hâtives restaurations qui pèchent par l'absence complète du sentiment
archéologique, du goût, du tact et surtout du respect dû à nos ancêtres, et à l'histoire de cet art
spécial. Ces commissions n'ont nulle idée de la gravité des substitutions qu'elles proposent ; on
voit des verrières modernes criardes remplacer les sévères vitraux anciens, le chrysocale remplacer
les pierres précieuses. Les peintures sur verre du moyen âge sont un des plus précieux
trésors des églises gothiques. Tous les efforts d'une fabrique qui se respecte doivent tendre à
conserver intégralement ceux de ces brillants monuments qu'elle peut posséder; car ces épaves,
ces débris n'intéressent pas seulement les antiquaires, les artistes et les historiens, ils représentent
encore une grosse valeur vénale dont les fabriques, et encore moins les commissions, n'ont pas
le droit de priver le pays pour payer les prix fabuleux demandés par des restaurateurs sans
intelligence, qui, sans rime ni raison, ont échangé des perles et des pierres fines, des
diamants, des saphirs et des rubis balais d'une parure de reine, contre des pierres fausses.

Une polka de bal public chantée et accompagnée sur les grandes orgues d'une cathédrale,
pendant l'office, cela nous donnerait des sueurs froides, et nous nous sauverions à toutes jambes.
Ces maladroites réparations produisent sur nous le même effet, et nous sommes toujours de l'avis
de ce grand critique, du regretté Viollet-le-Duc : « Profitez de ce qui est fait, faites mieux si vous
pouvez; mais n'ignorez pas les chemins déjà parcourus, les résultats déjà obtenus dans le domaine
des arts. Or ce que vous nous donnez souvent comme une inspiration pleine d'avenir n'est qu'un
oubli de longs et utiles travaux, ou un assemblage incohérent de formes mal composées ou de
procédés faussement appliqués~. »

Nous connaissons de braves gens qui ont consacré toute leur vie à faire des recherches, à
perte d'haleine, sur l'histoire de l'art, sur la biographie des artistes pendant le moyen âge et la

1. Voir Zoanne Antonio de 11i Benedicti : Vita di Ambrosino da Soncino, etc., in-8", i5oi. Cet Ambrosino da Soncino avait appris de
Saint Jacques d'Ulm l'art de peindre sur verre.

2. On doit aller bien lentement dans ces restaurations : soutenir et non détruire. On s'habitue insensiblement aux plus grands excès et
aux moyens les plus violents, qui finissent par paraître les seuls naturels. Pas tant de zèle, restaurateurs maladroits ! La convenance est la
loi suprême de toute espèce d'art : « caput artis decus. » (Cicéron, De Oratore.)

« Reverere gloriam veterem et hanc ipsam senectutem quoe, in homine venerabilis, in urbibus et monumentis sacra est. » (Pline le
Jeune. )

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