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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 8.1882 (Teil 2)

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Tincker, Mary Agnes: La Madone de Santa Chiara
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https://doi.org/10.11588/diglit.19459#0187

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t

162 L'ART.

Il est douteux qu'aucun de ces écrivains ait jamais connu le tableau. Il est certain que
Passavant ne l'a jamais vu, car il décrit l'original comme ayant des rubans dans les cheveux et
parle d'zm arbre dans le fond du tableau là où il y en a deux. Ce qui est plus étonnant encore,
aucun d'eux ne semble avoir eu connaissance de l'illustre dame qui est nommée clans l'inscription,
bien qu'elle fût une personne de distinction à Urbino et à Rimini à l'époque de Raphaël, la sœur
d'un de ses premiers protecteurs et qui fut plus tard elle-même en relations directes avec lui.

Voici l'inscription telle que Pungileoni la donne et telle que Passavant l'a recopiée :

« Fu compro da Isabella dogobio matre di Raffaello Santé da Urbino 1S48. Fiorini 4S. »

L'erreur de Pungileoni est de supposer que « Isabella dogobio », ainsi qu'il écrit le nom, est
ici donnée pour la mère de Raphaël, tandis qu'il savait que la mère de Raphaël fut Maria Ciarla.
Isabella était le nom de sa grand'mère, mais elle était d'Urbino, non de Gubbio. Il aurait pu
ajouter que la mère de Raphaël, morte en 1491, ne pouvait acheter un tableau en 1548, quel
qu'eût été son nom.

Mais Pungileoni, il ne faut pas l'oublier, ne cherchait ni à découvrir l'auteur du tableau
ni à le critiquer : ce n'était alors pour lui qu'une considération secondaire. Il était occupé
surtout de la généalogie de la famille Santi, qu'il était en train d'écrire, et il condamna l'ins-
cription parce que, selon son hypothèse, elle était en contradiction avec les faits établis par lui.
Un examen plus attentif et la recherche de l'identité de la dame en question auraient complè-
tement détruit ses objections.

La véritable inscription est ainsi conçue : nous en donnons presque un fac-similé :

......................fu comperato da Isabetta da Gobio matre di......................

Raffele Santi
1S48.......per fiorini 2S

Cette inscription est susceptible d'une tout autre interprétation que celle de Pungileoni.

Le professeur Farabulini, auquel une étude approfondie de la vie et des œuvres de Raphaël
donne une grande autorité en tout ce qui les concerne, et qui a en outre fait un examen des
plus minutieux de tout ce qui se rapporte à la Madone de Santa Chiara, supplée très habilement
aux mots qui manquent dans l'inscription et la lit ainsi :

« Qucsto quadro fu comperato da isabetta da gobio matre di questo convento.

« In 1548 fu stimato per fiorini 25. »

Cette inscription fut probablement placée à l'occasion d'un inventaire des biens du couvent.
Il n'est pas absolument impossible que l'Isabetta mentionnée comme une des religieuses du
couvent puisse avoir été vivante à cette époque — en 1548 elle aurait eu quatre-vingt-sept ans ■—
et qu'elle ait pu acheter à cette époque seulement le tableau dont il s'agit, mais aucun de ces
faits n'est nécessaire à notre argumentation.

Isabetta de Gubbio était la fille de Frédéric de Montefeltro, duc d'Urbino, et de sa femme
Battista Sforza, nièce du duc Sforza de Milan. Elle était née à Gubbio en 1461, et dans l'ouvrage
de Riposati : Délia Zecca di Gubbio, e délie gesta de' Conti e Duchi di Urbino (Bologna, 1772),
au premier volume et à la page 243 elle est mentionnée sous le nom inscrit sur le tableau.
Il écrit : « Élisabeth de Gonzague, duchesse d'Urbino, femme de Guidobaldo, était la belle-sœur
d'Elisabeth de Gubbio », etc.

A dix ans la jeune princesse fut fiancée à Robert Malatesta, seigneur de Rimini ; mais le
mariage n'eut lieu qu'en 1475, quand l'épouse avait près de quinze ans.

Il existe encore à Rimini une chronique manuscrite du xvc siècle, écrite par un certain
Broglio, qui donne un compte rendu détaillé des fêtes vraiment royales par lesquelles Robert le
Magnifique célébra son union avec Elisabeth.

Mais malheureusement pour l'épouse, ce déploiement extraordinaire de luxe était plutôt dicté
par l'orgueil et l'ambition que par l'amour. Le petit nombre d'années qu'elle passa avec son
mari furent pleines d'amertumes. Dans sa vingtième ou vingt et unième année elle devint veuve
En même temps elle apprenait la mort de son père Frédéric, duc d'Urbino.
 
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