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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 12.1886 (Teil 1)

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Champfleury: La caricature au Japon, [1]
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I IO

L'ART.

Maigreur, c'est manque de tout, misère et froidure.
Si John Bull, ballonné de viandes rouges et de porter
épais, prête à la raillerie, on n'a jamais fait une caricature
plaisante avec l'Irlandais affamé.

laires japonaises, une tête de jeune fille qui offre par la
simplicité magistrale de l'exécution une analogie avec les
figures de petites infantes de cour dont le pinceau de
Velazquez a été prodigue. Dans certains autres caprices

Les danses macabres du Moyen-Age, avec leur mise en d'Hokou-Saï, il semble qu'une influence de Goya ait préoc-
scène de squelettes, sont satiriquement morales telles que | cupé l'artiste ; cependant l'histoire du Japon fournit des ren-
ie comportait l'ensei- seignements positifs
gnement du christia- ^T^^A sur la fermeture du
nisme, c'est-à-dire $rv Jj pays du Nippon aux
dépouillant l'homme ^~—»>_ Européens, sauf aux
de sa fortune, de ses <dr h Y\ 1 Hollandais, et il est
dignités, montrant la f&^ySjX "\^_J /^P^^TN difficile d'admettre
carcasse d'un roi J\_7A / JmJ( L 'k/SO^/Vv\ que les marins d'Am-
égale à celle du der- X^j M ^^^V \ W sterdam et de Rotter-

nier de ses sujets. / \\V Jj \ \ JzMfcï>^JÈï\ ~\ ^^^^^^=t=^^J^-3T^ \ A-àm aient introduit

Symbole égalitaire \ ffoiffh \( y^W^^^^^^^^^^^^^^^r^^^Ws. \Ml à Yeddo comme

qui fait que le riche /&mjêi ( jf ^>^^^^^^^/W~^^~~~^^^^^^^^^^^^^^^m\ objets d'échange ou

avec ses trésors ne ^flciY ) fcf| CjÉfs^"^^^^^Â^n ^ commerce c^es

vaut pas plus que ' (Jv\ jl ëlc^' ^~^^^^§5^|i^\î) —^^^^^^^-^W^» gravures hollan-

le mendiant. Les ^^i^^ST daises et des pein-

mêmes peintres de 1 xcfl*^' tures espagnoles,

fresques qui fourni- Les Joueurs, d'après Hokou-Saï. On en serait ré-

rent à Holbein les duità se direquel'art

principauxmotifsdesesgravesetsarcastiquescompositions, crée à des distances considérables des parentés singu-

en employant le squelette comme l'acteur en vue de leurs lières, semblables à ces graines portées par le vent au delà

drames, introduisaient dans l'art un élément tout à fait fan- des mers qui déposent leur germe et font pousser tout à

tastique. Le squelette mis en branle prend des proportions coup une fleur exotique; mais certains documents inédits

surhumaines qui font défaut à l'homme maigre, car un relatifs à l'histoire d'Espagne, publiés dans ces dernières

reste de vie ne laisse-t-il pas prévoir encore mille souf- années, mentionnent qu'en i58o quatre ambassadeurs de

frances avant que • la cour d'Yeddo

le souffle ne s'é- I vinrent à Madrid

chappe de ses pau- ~~ ' et visitèrent dans

vres chairs ? Mort vfim> tous ^eurs détails

ne doit pas être j^^^® ^HlSÉr^ï) ' ^es richesses de

confondu avec mo- \" f^AÇ>^/^ ^I§ix5s9 l'Escurial; le

ribond. ^^&^ÊMÊmt TOp^ rédacteur du ma-

L'image ci-con- ^*&Ê3sÈ\ ' nuscrit espagnol

tre, tirée d'un al- rxJ^P?» ' ^x) constate que ces

bum japonais de mJ^Ès^l jÙïk^ yyXi ambassadeurs,

plantesetd'oiseaux, s^ÊÊÈsSPïk^W^^ fïï)V émerveillés des ma-

est assez rare au ^^^^^^^^ (r) gnificences du pa-

Japon. Ce peuple M lais de Philippe II,

ne s'est guère plus r*l #=^0 parlaient souvent

préoccupé du sque- d'en faire mention

lette que les Grecs dans des récits

anciens ; aussiétait- spéciaux à leur re-

il d'autant plus im- ■ -À tour au Japon,

portant de noter D'après un album japonais de .820 (?) Ces digressions

cette représentation dans un chapitre
exceptionnelle qu'elle forme base et point d'appui à de cer-
tains points de vue.

Plus d'une fois je me suis demandé, en feuilletant ces
albums japonais, si les peintres d'Yeddo n'avaient pas eu con-
naissance des arts occidentaux, si les gras et les maigres de
Breughel n'étaient pas tombés entre les mains d'Hokou-Saï.
Les relations entre la Hollande et le Japon sont anciennes;
un échange de produits a pu amener au Japon des images
qui, au xvne siècle, étaient très répandues et n'avaient
pas alors la valeur que la rareté leur a attribuée depuis.

On voit parfois, en tête des petits cahiers d'images popu-

sur les gras et les maigres ne sembleront peut-être pas
inutiles à ceux qui se préoccupent des courants mystérieux
d'art international. L'analogie du naïf et du comique est
fréquente entre les peuples primitifs et les peuples civi-
lisés. Le Japonais ne saurait être regardé comme un
peuple primitif; porté à l'imitation, il a fait montre
plus d'une fois de nature simiesque vis-à-vis de laquelle
les esprits réfléchis doivent se tenir en garde, tout en recon-
naissant à ce peuple d'autres qualités plus primesautières.

C H A M P F L E U R Y .

(La suite prochainement.)
 
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