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275
ce Tragaldabas dont M. Chamerot vient si intelligemment
de publier une édition de grand luxe illustrée à souhait
par M. Edouard Zier, dont les cinquante-quatre dessins
ont été remarquablement gravés par M. Méaulle. L'accueil
empressé que reçoit ce superbe volume est la plus légitime
réparation de la sottise d'antan ; il est devenu évident qu'on
siffla alors une des créations théâtrales les plus personnelles
qui aient été produites sur la scène française, et qu'on
méconnut les plus précieux mérites de poétique et gauloise
fantaisie et de perfection littéraire.
Puisque l'inévitable réaction qui finit toujours par se
produire en faveur de toute œuvre forte et vivante s'est
affirmée par l'éclatant succès du livre, nous espérons que
Tragaldabas ne tardera plus à rencontrer un directeur qui
veuille en enrichir son répertoire. Ce jour-là, le drama-
turge et le poète goûteront le dernier mot des joies de la
revanche.
En attendant, lisez l'édition Chamerot; vous y trou-
verez un plaisir extrême, et, en véritable raffiné, vous en
éprouverez un plus grand encore à la relire. Est-il plaisir
plus exquis que d'entendre chanter dans sa mémoire cet
adorable couplet d'amour et bien d'autres vers non moins
délicieusement inspirés?
...Tu veux des preuves, je t'en donne,
Mais pourquoi t'en faut-il ? Comment, chère madone,
On te dit qu'on t'adore, et cela te surprend?
C'est si l'on te disait qu'on est indifférent
Que la parole aurait besoin d'être prouvée!
Tu doutes, toi que tout aime ! A ton arrivée,
Il s'est fait dans le bois comme un frémissement,
Les oiseaux ont soudain chanté plus doucement,
Et, frissonnant de joie, ô déesse mortelle,
Les branches se disaient à voix basse : C'est elle! 1
L. Gauchez.
1. Don Eliseo. Acte II, scène 11 de Tragaldabas.
275
ce Tragaldabas dont M. Chamerot vient si intelligemment
de publier une édition de grand luxe illustrée à souhait
par M. Edouard Zier, dont les cinquante-quatre dessins
ont été remarquablement gravés par M. Méaulle. L'accueil
empressé que reçoit ce superbe volume est la plus légitime
réparation de la sottise d'antan ; il est devenu évident qu'on
siffla alors une des créations théâtrales les plus personnelles
qui aient été produites sur la scène française, et qu'on
méconnut les plus précieux mérites de poétique et gauloise
fantaisie et de perfection littéraire.
Puisque l'inévitable réaction qui finit toujours par se
produire en faveur de toute œuvre forte et vivante s'est
affirmée par l'éclatant succès du livre, nous espérons que
Tragaldabas ne tardera plus à rencontrer un directeur qui
veuille en enrichir son répertoire. Ce jour-là, le drama-
turge et le poète goûteront le dernier mot des joies de la
revanche.
En attendant, lisez l'édition Chamerot; vous y trou-
verez un plaisir extrême, et, en véritable raffiné, vous en
éprouverez un plus grand encore à la relire. Est-il plaisir
plus exquis que d'entendre chanter dans sa mémoire cet
adorable couplet d'amour et bien d'autres vers non moins
délicieusement inspirés?
...Tu veux des preuves, je t'en donne,
Mais pourquoi t'en faut-il ? Comment, chère madone,
On te dit qu'on t'adore, et cela te surprend?
C'est si l'on te disait qu'on est indifférent
Que la parole aurait besoin d'être prouvée!
Tu doutes, toi que tout aime ! A ton arrivée,
Il s'est fait dans le bois comme un frémissement,
Les oiseaux ont soudain chanté plus doucement,
Et, frissonnant de joie, ô déesse mortelle,
Les branches se disaient à voix basse : C'est elle! 1
L. Gauchez.
1. Don Eliseo. Acte II, scène 11 de Tragaldabas.