LES BORDURES DES TAPISSERIES DE RAPHAËL.
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les attitudes et les expressions des trois figures.
IV. (Le Sacrifice de Lystra.J — Des grotesques
mouvementées et agitées, sans raison apparente et
comme pour empêcher la pensée de se recueillir.
L’agencement témoigne, d’ailleurs, d’une certaine
facilité. Peut-être Jean d’Udine y a-t-il mis la main.
Raphaël, à coup sûr, n’y a pas donné un coup de
crayon.
V. Dans les deux bordures de la Prédication
de saint Paul à Athènes, on sent de nouveau la
griffe du lion. La première montre Hercule portant
le monde à la place d’Atlas, qui se repose, assis à
côté du héros. On admire la fierté et la hardiesse
de ces deux figures, non moins que la beauté des
anges, qui soutiennent, en voltigeant, l’écusson des
Médicis. Par contre, il faut absolument rayer de
l’œuvre de Raphaël l’ange à mi-corps, tissé au bas
de la tapisserie. Comment Passavant, le diligent
biographe du maître, ne s’est-il pas aperçu que cet
ange n’avait rien de commun avec Raphaël, ni
même avec son école ? Non seulement il s’écarte
des autres figures de la bordure par son style,
mais encore par ses dimensions ; il est, pour le
moins, deux fois plus grand qu’ Hercule. Cette
anomalie se résout sans difficulté, grâce à l'inscrip-
tion que soutient cet ange ; nous y lisons que :
« Urbe capta partem aulæorum a prædonib. dis-
tractorum conquisitam Anna Mommorancius gallicæ
militiæ præf. resarciendam atq. Julio III. P. M.
restituendam curavit. 1553 » ; en d’autres termes,
que le connétable Anne de Montmorency a fait
restaurer et a rendu au pape Jules III une partie
des tapisseries enlevées par les pillards. Les armoi-
ries du connétable, tissées plus bas, achèvent de
prouver que toute cette partie de la bordure est une
addition, postérieure de quelque trente ans, à la
bordure primitive.
Mais, que contenait celle-ci ? Question qui ne
s’est présentée jusqu’ici à l’esprit de n’importe quel
historien de Raphaël, et que je me félicite d’être le
premier, non seulement à poser, mais encore à
résoudre d’une façon absolument définitive. L’exem-
plaire des Actes des apôtres, conservé au Palais du
Prado, à Madrid, exemplaire sur lequel je revien-
drai tout à l’heure, contient, dans la bordure gauche
du Sacrifice de Lystra, une répétition textuelle de
la bordure de la Prédication de saint Paul à Athènes ;
dans le haut, les deux anges soutenant l’écusson de
Léon X ; plus bas, la Renommée avec les deux b ordure de la Mort d’Ananie.
. tt i i Dessin de Mll,: Marie Weber.
trompettes, puis Hercule et Atlas ; dans le bas,
enfin, Hercule levant la massue pour assommer un centaure. Ce dernier motif, sans pouvoir
.0 W0
Bordure du Sacrifice de Lystra.
Dessin de Mlle Marie Weber.
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les attitudes et les expressions des trois figures.
IV. (Le Sacrifice de Lystra.J — Des grotesques
mouvementées et agitées, sans raison apparente et
comme pour empêcher la pensée de se recueillir.
L’agencement témoigne, d’ailleurs, d’une certaine
facilité. Peut-être Jean d’Udine y a-t-il mis la main.
Raphaël, à coup sûr, n’y a pas donné un coup de
crayon.
V. Dans les deux bordures de la Prédication
de saint Paul à Athènes, on sent de nouveau la
griffe du lion. La première montre Hercule portant
le monde à la place d’Atlas, qui se repose, assis à
côté du héros. On admire la fierté et la hardiesse
de ces deux figures, non moins que la beauté des
anges, qui soutiennent, en voltigeant, l’écusson des
Médicis. Par contre, il faut absolument rayer de
l’œuvre de Raphaël l’ange à mi-corps, tissé au bas
de la tapisserie. Comment Passavant, le diligent
biographe du maître, ne s’est-il pas aperçu que cet
ange n’avait rien de commun avec Raphaël, ni
même avec son école ? Non seulement il s’écarte
des autres figures de la bordure par son style,
mais encore par ses dimensions ; il est, pour le
moins, deux fois plus grand qu’ Hercule. Cette
anomalie se résout sans difficulté, grâce à l'inscrip-
tion que soutient cet ange ; nous y lisons que :
« Urbe capta partem aulæorum a prædonib. dis-
tractorum conquisitam Anna Mommorancius gallicæ
militiæ præf. resarciendam atq. Julio III. P. M.
restituendam curavit. 1553 » ; en d’autres termes,
que le connétable Anne de Montmorency a fait
restaurer et a rendu au pape Jules III une partie
des tapisseries enlevées par les pillards. Les armoi-
ries du connétable, tissées plus bas, achèvent de
prouver que toute cette partie de la bordure est une
addition, postérieure de quelque trente ans, à la
bordure primitive.
Mais, que contenait celle-ci ? Question qui ne
s’est présentée jusqu’ici à l’esprit de n’importe quel
historien de Raphaël, et que je me félicite d’être le
premier, non seulement à poser, mais encore à
résoudre d’une façon absolument définitive. L’exem-
plaire des Actes des apôtres, conservé au Palais du
Prado, à Madrid, exemplaire sur lequel je revien-
drai tout à l’heure, contient, dans la bordure gauche
du Sacrifice de Lystra, une répétition textuelle de
la bordure de la Prédication de saint Paul à Athènes ;
dans le haut, les deux anges soutenant l’écusson de
Léon X ; plus bas, la Renommée avec les deux b ordure de la Mort d’Ananie.
. tt i i Dessin de Mll,: Marie Weber.
trompettes, puis Hercule et Atlas ; dans le bas,
enfin, Hercule levant la massue pour assommer un centaure. Ce dernier motif, sans pouvoir
.0 W0
Bordure du Sacrifice de Lystra.
Dessin de Mlle Marie Weber.