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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 1)

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Jullien, Adolphe: Eugène Renduel: l'éditeur de l'école romantique
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https://doi.org/10.11588/diglit.25869#0102

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EUGÈNE RENDUEL

I. ÉDITEUR DE L’ÉCOLE ROMANTIQUE

C’était tout à la fin de mars 1871. La Commune était victo-
rieuse à Paris et faisait la chasse aux jeunes gens en état de
porter les armes contre l’armée de Versailles; il fallait décidé-
ment quitter la place. Un de mes grands amis et moi, nous
parvînmes à filer par le dernier train qui partit librement de la
gare de l’Est, et nous trouvâmes abri dans une ferme de la Brie
où nous fûmes choyés, nourris, engraissés comme animaux destinés
à la foire. A peu près chaque jour, nous faisions cinq lieues,
aller et retour, pour lire un journal qui nous renseignât sur les
opérations militaires ; si grande que fût notre impatience de
rentrer à Paris, nous menions là grasse vie, marchant beaucoup,
mangeant beaucoup, dormant beaucoup, abrégeant la soirée par
une folle partie de dominos avec les braves paysans qui nous
donnaient asile. Un beau matin, trois semaines environ après
notre fuite, mon ami, que tourmentait le désir d’administrer une partie de la France, apprit
qu’il était nommé conseiller de préfecture. Il courut occuper son poste, et je me vis, quant à
moi, dans la nécessité de demeurer seul en pleine campagne, au milieu des paysans, des bêtes
et des Prussiens, ou bien de commencer mon tour de France et de chercher un nouvel abri.

« Va chez nos amis Renduel », m’écrivaient mes parents demeurés obstinément dans la
capitale. Eh mon Dieu ! je savais bien que j’avais là-bas, dans la Nièvre, aux environs de
Clamecy, de vieux amis qui m’avaient vu naître et qu’on me menait poliment voir quand ils
venaient, par hasard, à Paris; mais, que voulez-vous? ils ne me semblaient pas très amusants,
mes vieux amis Renduel, et le séjour que j'avais fait avec mes parents à Beuvron, vers ma
quatorzième année, avait laissé dans mon esprit un souvenir peu récréatif. Au fond d’un village
écarté, sans camarade avec qui jouer, entre ma mère et Mrae Renduel qui parlaient de leurs

jeunes années, entre mon père et Renduel qui terminaient régulièrement chaque repas par une
Tome XLVIII. i3

Mlu G. Laurens (Mmo Renduel).
D'après une miniature de Chaponnicr ( 1823),
appartenant à M. Adolphe Jullien.
 
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