Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 1)

DOI Artikel:
Leroi, Paul: Salon de 1890: introduction, II [3]; le centenaire de l'art
DOI Artikel:
Lefranc, F.: Le naturalisme contemporain: d'apres une conférence de M. Brunetière
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.25869#0222

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
LE NATURALISME CONTEMPORAIN. — CONFÉRENCE DE M. BRUNETIÈRE. 201

Un artiste de cette valeur et ses émules entraîneront rapidement leurs compatriotes vers la
terre promise, celle où le talent se révèle essentiellement personnel et engendre une école radi-
calement distincte de toutes les autres.

Je n'ai pas l'ombre d'un doute qu’ainsi se réaliseront dans l’ordre intellectuel les prévisions
assombries du ministre belge à Washington, et que l’Europe, — elle en est déjà à devoir compter
avec l’Amérique agricole et industrielle, — est destinée à compter avec l’Amérique artistique.

(A suivre.) PaUL LeROI.

Si le propre du vrai critique est de voir tout de suite
et de bien voir les qualités comme les défauts des auteurs,
personne n’y excelle, aujourd’hui, à l’égal de M. Brunetière.
Il est le premier qui, au milieu même de leur triomphe,
se soit élevé résolument contre les naturalistes, et il leur
a fait, d’abord, toutes les objections qu’on pouvait leur
faire. D’autres depuis ont repris ses arguments et on les
a retrouvés dans les revues et dans les journaux, mais il
n’a été apporté rien de nouveau. Le critique de la Revue
des Deux Mondes avait tout de suite signalé les défauts de
l’école naturaliste ; il en avait mis en relief, avec cette force
de logique qui lui est propre, la pauvreté littéraire que les
oripeaux du style déguisaient mal, et la misère morale et
intellectuelle. Il ne lui refusait pas, d’ailleurs, un certain
art et une certaine puissance de description qui est, en
effet, son mérite le moins contestable. Ce n’était pas pour-
tant que M. Brunetière fût l’ennemi du naturalisme, mais
il lui semblait, et à bon droit, que nos romanciers avaient
une façon de comprendre et de peindre la nature qui
sortait de la vérité, et aux procédés de MM. de Concourt
et Zola il opposait ceux des romanciers anglais et spé-
cialement de Georges Eliot. Ceux-ci sont vraiment des
naturalistes; ils ont montré la nature telle qu’elle est,
tantôt bonne et tantôt mauvaise ; ils en ont fait le portrait

et non pas la caricature ; les nôtres, au fond, ne sont que
des romantiques ; seulement, au lieu de se perdre dans les
nues comme leurs devanciers ils aiment surtout les maré-
cages. Ces idées, qui sont aujourd’hui celles de nombre
d’esprits raisonnables, M. Brunetière les a mises d’abord
en lumière et c’est à lui qu’en revient l’honneur. Il a vu
clair avant tout le monde, et il se trouve que ce critique, à
qui l’on reprochait de retarder sur son temps, était, au
contraire, en avance et de beaucoup. On s’en convaincra
facilement si l’on veut bien lire son excellent livre sur le
Roman naturaliste. Toutes les armes qu’on tourne aujour-
d’hui contre le naturalisme sont là et il ne faut qu’un peu
d’attention pour les y trouver.

M. Brunetière nous a, lui-même, épargné le soin,d’ail-
leurs très agréable, de les y chercher. Il les a réunies
comme en un faisceau, dans une conférence qu’il a faite
récemment au Théâtre d’Application. J’ai eu l’heureuse
fortune de l’entendre et je voudrais simplement rapporter
ce qu’il a dit. La doctrine naturaliste intéresse à la fois tous
les arts. Si elle a des adeptes parmi les écrivains elle en
compte tout autant parmi les peintres et parmi les sculp-
teurs ; tous tendent au même but par des voies différentes ;
Claude Lantierde l’Œuvre est un naturaliste comme San-
doz ou M. Zola lui-même ; mais, là aussi, il y a des degrés
 
Annotationen