Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 1)

DOI Artikel:
Kjui, Cezarʹ Antonovič: Cours de littérature musicale des oeuvres pour le piano au conservatoire de Saint-Pétersbourgh
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.25869#0157

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
COURS

DE

LITTÉRATURE MUSICALE DES OEUVRES POUR LE PIANO

AU CONSERVATOIRE DE SAINT-PÉTERSBOURG1

(suite)

IX

Schumann (181o— 1856). — Schumann, la personnalité
musicale la plus remarquable de l’époque moderne, se dis-
tingue par une supériorité réelle sur tous ses contempo-
rains, à l’exception de Chopin. Sa carrière musicale suivit
de près celle de Mendelssohn. Il introduisit dans la
musique le romantisme, alors en grande vogue dans la
littérature (Hoffmann, Byron,

Walter Scott, Moore, Gau-
tier, Delavigne, Lamartine,

Hugo, etc.) ; il y introduisit
aussi le sentiment intime,
c’est-à-dire la subjectivité, qui,
dans ses œuvres représente
encore une qualité. Cette sub-
jectivité existait encore chez
Beethoven, mais elle avait
alors pour objet l’humanité
tout entière, tandis que chez
Schumann, c’est lui-même,
c’est sa propre personnalité qui
est en jeu. Dans ses premières
œuvres, Schumann se laissait
entraîner vers la virtuosité du
piano, mais c’était une virtuo-
sité originale se rapprochant
plutôt de celle de Chopin et de
Liszt que de celle de Mendels-
sohn. Il la subordonnait tou-
jours à l’idée musicale et n’en
faisait usage que dans la mesure
qu’il considérait comme néces-
saire. L’héroïne de l’unique
roman de sa vie, Clara Wieck,
sa femme, dont il n’obtint la main qu’avec difficulté, était
une excellente pianiste et fut jusqu’à un certain point la
cause de son penchant pour la technique virtuosesque.
Il rêvait à elle sous une forme musicale, s’inspirait des
thèmes qu’elle lui donnait, et écrivait pour elle de bril-
lantes pièces de concert. Malheureusement elle ne les exé-

cutait pas ; elle n’aurait pas demandé mieux ; mais là-dessus
son père n’était pas d’accord avec elle.

L’Op. i appartient à cette catégorie d’œuvres bril-
lantes : Thème varié sur le nom Abegg (a, b, e, g, lu, si
bémol, mi, sol; on sait qu’en allemand le nom des notes
est figuré par des lettres); ces Variations sont dédiées à la
comtesse Abegg. Mais dans toute cette virtuosité et ces
effets brillants tout extérieurs l’individualité de l’auteur se

dessine déjà par endroits, et la
seconde Variation est même
remarquable par la beauté de
ses harmonies et la perfection
de son double contrepoint.
Ainsi débuta l’homme qui seul,
sans contredit, égala ensuite
Beethoven dans les genres de
Variations. — Op. 2. Papil-
lons. Schumann, qui s’inspirait
volontiers des scènes de car-
naval, du mouvement des
foules masquées et costumées
qui circulaient dans les rues,
leur consacra trois œuvres en-
tières : Papillons, Carnaval,
et Faschingsclnvank aus Wien.
Papillons, œuvre pleine de
charme et d’humour, est une
sorte de farandole dans laquelle
les masques défilent vivement
l’un après l’autre ; on y trouve
le Grossvater, danse ancienne
encore usitée actuellement en
Allemagne aux noces d’or,
Schumann. commençant dans un mouve-

ment lent et finissant par des
gambades. Vers la fin des Papillons, Schumann dépeint
les parents qui au coup de six heures (la même note frap-
pée six fois) emmènent du bal leurs enfants, bon gré mal
gré (réunion du thème du Grossvater aux autres thèmes).
C’est un tableau de genre incomparable et tout à fait char-
mant. Schumann est à la fois un poète romantique et un

i. Voir l’Art, i5* année, tome I", pages 46 et 131, et tome II,
pages 37 et 63.

peintre de genre. L’œuvre 3, Six Études d’après Paganini,
est de nouveau une œuvre de virtuosité ; à cette époque le
 
Annotationen