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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 1)

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Brès, Louis: Exposition universelle de 1889: l'art dans nos colonies et pays de protectorat, [4]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25869#0097

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EXPOSITION UNIVEPvSELLE DE 1889

L’ART DANS NOS COLONIES ET PAYS DE PROTECTORAT'

(suite)

VI

On avait édifié,
pour loger l’Exposi-
tion de l’Annam et du
Tonkin, un pavillon
dont l’architecture ne
rappelait que d’une
façon très approxima-
tive les habitations de
ces pays. C’était à vrai
dire une construction
de caractère un peu
fantaisiste, formée de
quatre galeries enca-
drant une cour. Tou-
tefois la décoration,
tant extérieure qu’in-
térieure, en avait été
confiée à des artistes
annamites, et certaines
parties ne manquaient
pas d’intérêt. Nous
citerons à cet égard
les panneaux exté-
rieurs formés d’in-
crustations de faïence
combinées avec des peintures à la détrempe. C’étaient des
tessons de poterie bleue enchâssés dans le mortier de façon
à figurer des troncs d’arbres et des branchages auxquels le
pinceau des décorateurs avait ajouté des rinceaux de feuil-
lage, des pivoines et des oiseaux. Cette décoration origi-
nale était, à vrai dire, d’un assez agréable effet. Une

i. Voir l Art, i5° année, tome II, pages 143 et 200, et i6‘année,
tome I", page Go.

Tome XLVIII.

mention spéciale est due aussi à la décoration du plafond
des galeries : une corniche sculptée à jour entourant des
caissons et supportée par des colonnettes sur lesquelles se
détachait un semis de caractères annamites. On nous a
expliqué que ces ornements agréables à l’œil avaient en
outre l’inappréciable avantage de rappeler à l’esprit des
sentences religieuses et des maximes philosophiques. Cette
décoration était complétée par des parasols, de grandes
lanternes de papier, des tissus de soie suspendus au pla-
fond.

L’Exposition de l’Annam et du Tonkin offrait par elle-
même un haut intérêt d’actualité. Elle venait faire la
lumière sur ces régions trop peu connues et dont l’avenir,
au point de vue des intérêts français, a été si passionné-
ment discuté. Hâtons-nous de le dire, la démonstration a
été des plus concluantes et des plus victorieuses; et non
seulement les produits naturels et manufacturés de cette
terre glorieusement conquise par nos soldats nous ont
prouvé quel intérêt nous avons à la conserver, mais la
population indigène, représentée par les intelligents et
alertes petits tirailleurs annamites, a su s’attirer toutes nos
sympathies.

Au point de vue spécial de cette étude, les collections
réunies dans le pavillon de l’Annam-Tonkin présentaient,
on peut le dire, un intérêt exceptionnel. Très différentes
de ce que nous connaissions jusqu’ici des productions
artistiques de l’Extrême-Orient, elles nous apparaissaient
comme la manifestation d’un art absolument personnel.
Les œuvres que nous avions sous les yeux n’étaient plus,
comme dans l’Exposition cochinchinoise, une simple
contrefaçon des industries artistiques de la Chine. L’An-
nam-Tonkin est en effet un foyer d’art très actif, alimenté
par des traditions locales fort anciennes et dont l’origina-
lité repose autant sur les goûts de la race annamite que
sur ses croyances religieuses et ses superstitions. Nous

12

Bonze en prière.
(Exposition Universelle de 1889.)
Dessin de L. Le Riverend.
 
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