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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 16.1890 (Teil 1)

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Leroi, Paul: Salon de 1890: introduction, I, [2]; quelqu'un
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https://doi.org/10.11588/diglit.25869#0197

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SALON DE 189 0'

I N TRODUCTION

quelqu'un

(suite)

a partie de l’art qui influe sur la production et sur la richesse est
surtout celle de l'art adapté aux objets usuels. Les monuments, les
tableaux, les statues, les médailles, les gravures font partie du capital;
mais le plus grand nombre de ces œuvres ont perdu leur puissance
reproductive ou de circulation. Les édifices publics et les Musées
constituent des biens de main-morte, qui iront sans cesse en s'accrois-
sant. Une partie seulement des capitaux de provenance artistique est
mise en circulation et constitue un commerce important. Mais l’art
beaucoup plus modeste, l'art qui pénètre partout, c’est-à-dire celui
qui s’ajoute aux objets de consommation, est celui qui, par sa puissance universelle de pénétra-
tion, augmente le plus la valeur de la production et aide à son écoulement. »

Ainsi s’exprime M. Ed. Aynard et son raisonnement est à l'abri de toute critique, car si
l’immobilisation des œuvres d’art dans les Musées anéantit leur puissance de circulation, l’auteur
ne méconnaît nullement qu’elles demeurent une source constante d’accroissement de richesse. Il
n'est pas de la race de ces économistes qui ne croyaient qu’au pouvoir rémunérateur de l’industrie,
de ces économistes contre lesquels fulminait, il y a vingt ans, le savant conservateur en chef de
la Bibliothèque royale de Bruxelles, dans un livre d’un extrême intérêt et qui n'est malheureuse-
ment pas assez connu : l’Art dans la Société et dans l’État M. Édouard Fétis, après avoir
indiqué les sommes énormes que représentent les créations de Rubens, tableaux, esquisses et
dessins, ajoute : « 11 ne faut pas oublier les gravures exécutées d'après ses tableaux, soit de son
vivant et sous sa direction, soit après lui : ce sont d’autres millions3. » Et plus loin : « Jamais
industriel n’a occupé autant de bras que Rubens, n’a contribué directement ou indirectement au
bien-être matériel d'un aussi grand nombre de ses semblables. La ville d’Anvers est visitée chaque
année par une foule d’étrangers qui ne croient pas pouvoir traverser la Belgique sans faire cette
excursion. Quel est l'objet qui les y attire? Serait-ce le port? Nous ne le pensons pas : il est
très beau assurément; mais on voit de beaux ports et même de plus remarquables en d’autres
pays. Ce qu'on ne voit pas ailleurs, ce qui attire les étrangers à Anvers, ce sont les Rubens de
la cathédrale, de Saint-Jacques et du Musée. C’est'aussi l’ensemble de cette dernière collection;
mais avant tout, on pense à Rubens. Qui se chargera de calculer ce que, depuis deux siècles,
ces voyages ont rapporté à la ville d’Anvers, aux hôteliers, aux voitures publiques, etc. ? Nous
serions curieux de savoir aussi quelle a été la somme produite par la taxe prélevée sur la
curiosité ou sur le véritable amour de l'art qui conduit tant de touristes devant la Descente de
croix, car on n’ignore pas que ce chef-d’œuvre se cache sous un rideau jaloux qui ne se lève
que moyennant finance. Ce que Rubens a fait pour Anvers, Van Eyck l'a fait pour Gand,
Memling l’a fait pour Bruges. L’Agneau mystique et la Châsse de sainte Ursule ont été, pour
ces deux villes, d’abondantes sources de revenu. Nous parlons au passé ; mais elles existent
encore ces sources bienfaisantes ; elles existeront tant que Bruges et Gand conserveront les pré-
cieux monuments de l'art flamand signalés à l’admiration du monde entier b »

bout cela, M. Aynard le ratifie, sans le moindre doute, des deux mains, ainsi que ce qui

1. Voir l’Art, i6° année, tome I", page 166.

2. In-8° de 156 pages; Bruxelles, F. Hayez, 1870.

3. Page 5y.

4. Page 58.

Tome XLVIII. 2t;>
 
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