L' art: revue hebdomadaire illustrée (16.1890 (Teil 1))

12

L’ART.

dont la science vient de révéler les lois fondamentales. Mais elle oublie trop volontiers le caractère;
elle reste trop indifférente aux charmes du récit; elle déserte les grandes surfaces pour noter, en
de petits cadres, ses fugitives impressions ; elle se plie aux modesties de nos demeures ; elle
balbutie une langue encore incertaine dont la syntaxe reste à fixer.

Cette incertitude sur les moyens, sur la portée, sur le but de ce mouvement, ne saurait
cependant entamer notre foi dans les destinées ascendantes de l’art français. L’enseignement qui
se multiplie sur tous les points, les Expositions qui se succèdent sans trêve ni merci, les publica-
tions de tout genre qui éclosent chaque jour, éveillent, excitent partout le sens esthétique. Ce
sont des facteurs nouveaux dont l’action commence. Ils auront sur l’éducation artistique, sur
l’épuration du goût, des influences incontestables. Ces influences ne peuvent qu’être salutaires.
Du creuset où se fondront les théories nouvelles qui ébranlent bien des convictions anciennes,
sortira, sans doute, une manifestation généreuse qui sera toute à la gloire de notre art national.

A. Hustin.

NOTRE BIBLIOTHÈQUE

DXIX

La Revue Universelle illustrée* 1,
Paris, Librairie de l’Art, 29, cité d’Antin.

W KJ Ü'U U O U

?Q^-Q-Q-Q^O'£) Q Q>

')£m

.r\ r~\ r^r~\r\

Voici dix-huit
mois qu’a été en-
treprise cette pu-
blication intéres-
sante, qui, dès
l’origine, a été fort
remarquée et ac-
cueillie avec une
véritable faveur. Il
faut le dire, on avait
tout d’abord, dans
les milieux lettrés,
compris l’impor-
tance de cette ten-
tative et combien
était élevée et géné-
reuse l’idée qui
avait présidé à sa
conception. Que
l’on nous permette,
à cet égard, quel-
ques réflexions pré-
liminaires.

Par suite de la
diffusion de l’ins-
truction, surtout au
degré primaire,
dans notre société

Fragment d’un carrelage en faïence
provenant de l’église de Sainte-Catherine,
de Sienne.

(Gravure extraite de la Revue Universelle illustrée.) contemporaine, On

a vu s’accroître,

dans une proportion colossale, le nombre des lecteurs.
Pour fournir un aliment à ces légions nouvellement appe-

1. Cette Revue, qui forme chaque anne'e quatre volumes, paraît
le i" de chaque mois par livraison in-40 écu de 128 pages; le prix
de l’abonnement est de 12 fr. par an et de 6 fr. par semestre ; le port
en sus pour l’e'tranger. Les volumes se vendent se'pare'ment brochés,
au prix de 3 fr., et reliés, au prix de 5 fr. On s’abonne à la Librairie
de l’Art, chez tous les libraires et correspondants et dans tous les
bureaux de poste.

lées à la vie intellectuelle, la production littéraire a dû
s’accroître considérablement. Par malheur, dans ce que
l’on offrait ainsi au public chaque jour plus nombreux, il
s’est trouvé beaucoup de choses d’une qualité médiocre,
ou même franchement mauvaises. La spéculation s’en
mêlant, on a eu parfois recours aux procédés les plus
condamnables en vue d’attirer l’attention et d’accaparer

M,ne Christine Nilsson.

(Gravure extraite de la Revue Universelle illustrée.)

les acheteurs. L’historien littéraire sera un jour, en traçant
la chronique de ce dernier quart de notre siècle, obligé
de constater une recrudescence très fâcheuse des œuvres
pornographiques, dont la diffusion a pour résultat certain
non seulement la corruption du goût et des mœurs, mais
encore l’abaissement de l’intelligence proprement dite.
Une race et un pays ne peuvent résister indéfiniment à
l’ingestion de cette sorte de virus. Il doit s’ensuivre, dans